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HISTOIRE
DU
GÉNÉJàAL MOREAU.
1
Cn trouve chez le même libraire :
Histoire de Bonaparte, 3 vol. dn-12 , aver
porlraftf. ftîx , 3 fi\
sous PRESSE.
Histoire de Pichogrui , tm vol. lu- 1-2 ^
avec portrait. Prix , a Ir.
i.
HISTOIRE
D U
GÉNÉRAL MOREAU^
JUSQIPALAPAIX DE LUNÉVILLE,
Contenant une notice sur la vie de ce général ^
ses campagnes sur le Rhin et en Italie , les
anecdotes et les traits de grandeur , de
génie et de bravoure qui le caractérisent»
Et cunclando restituit rem.
ENNWS.
A PARIS,
Ches BAHBA , libraire , palais du TribuDat ,
galtrîe derrière le Théâtre Français , a^. Si.
A M X. — 1801»
c?7
-J- ir? ^ "l v^"--' f I "^
PREFACE.
IL. est honteux y dit un auteuir
chinois , de tromper ceux avec
qui nous vivons : iji estun crime
plus odieux encore ; c^est de
mentir à la postérité. Fidèles à
cette maxime ^ nous avons ,
dans riustoire que nous don-
nons ^u puHic V ilaissé . parler
les faits. Dédaignant Téclat du
,style dans un sujet qui n'a pas
besoin j d'ornemens étrangers ,
nous avons narré avec sim-
plicité: les actions brillantes ,
les combinaisons^ profondes ,
■vj
et cette longue suite de succès
du Xénophôn français , dont
le génie sut maîtriser les évè-
•|peoûW9ni& , îpenverser les plus
^«JiâB €i)sta^les , et 'tromper
^oïl^eiî* îes Caprices de la fbir-
La postérîtë aura de la peine
è ajouter Ibî aux ^vènemens
qui se ^oiit passés sous nos
y«ux , piHree f qn**fls sortent de
îa ligne ordmàiré des proba-
bilités ; elle prendra pour de
«ufelîmes ^Betîons ce ' quî est là
mérité même V raaîë «n^ réfiéM-
çltissant siir le génie dû icfeef
qiH contltiisit iT;Qs phalàtiges h
la '. victoire , en ii«Adi»at"'îiett
Caractère ^ «Oir esprit' y ééi
doutes s'évaûoiiiroat , et Tad-
miration sera le seul sentiment
qui en prendra la placée
Quelques écrivaînis , peu prcr-
fonds à la vérité , ont comparé
Morean à Turenhè. Sanîs vou-
loir établir un parallèle entrô
ces deux hotaiBes , on peut
dîre que la comparaison est
fausse. Turenne porta les ar-
mes contre son pajl-s : on ne
peut faire le mêrtié reproche
à Morëàû. Ce dernier , dis-
gracié par le gouvernement ,
vécut dâiis robscurîté* pendant
q^êlqiies mois , et n'hésita pa$
^e reprendre le commande-*
jnent lorsque la pfitrie exigea
"ÇjBs services.
Si Ton eût voulu établir une
comparaison plus juste , on
{a.urait comparé Moreau à Ca-
tinat , et la comparaison ,
jsans être parfaitement exacte ,
on aurait eu un certain air de
vérité. Mais sans vouloir nous
arrêter à toutes ces compa-
raisons , en montrapt ITiomme
tel qu'il est ,, Qx\ sera à même
de porter uji jpgeme^t plus
sain. ; .
,,Pans s^^pçenii^f^ p^p^p^^ne.
u
An Rhîii , :oïi le H^édt è^écutet
Iç passage de (fâ?fîeuVe -après
aVoîr , pour âinsî dîi'e^ , tbiit
prévil. Rîeii ne fut donbé àû
hasard de ce q[uî put lui être
arraché par rhàbileté et là
prudence. Il majche ensuite
de victoîréis en victoires ; mais
les armées qui devaient lé sou-*-
tenir ayant été battues ^ il fut
réduit à ses pi^opres 'forcés
contre une ariûéé trois fôià
plus formidable que la sienne.
Enfermé dans des gorgés éttoi-»»
tes , et ^qui ^ite pi^^eritaiètit
âticuw débouch!eEÈiént-ftv(»&-^
Me 5 il en sort éit battafit l'en-»-
nejooi^ sur <0}i& les. points , et
ei;i faisant cette belle retraite,
qui; fera une des époquei les
plus célèbres dans Thistoite ,
et arrive à Kell sans avoir pu
être entamé dans sa marche,
A rarjnée d'Italie , on le
voit lutter contre tous les obs-
tacles et contre des forces su-
pérîe^ires ; on, I9 voit exécuter
ces retraites, savantes, qui sati-
yèïcnt, Tarm^^ :
Bapp^lé à Varmée du Hhin ,
il passe une seconde fcHs ce
fleuve à Diersheim , et culbute
Tennemi sur tous les points.
U allait pouMuivre ses triom-
4
plaj&9 s Iprsq^ei sa .B^arehe' fut
suspfiAdufi pgjT ifarwvée dW
parlementaire qui apportait lesi
préliminaires de^ poix signés à
Léoben.
Il passe etHDore deux fois let
Rhin avec autant de succès y
s'enfonce dans le cœur de TAl-
lemagne. N'ayant pour appuis^
ni forteresses , ni villes , ni
camp retranché , il disperse
partout les ennemis , et les
met en fuite- dans tous les
sens. A vingt-neuf lieues de
Vienne , il force Tempereur
à la paix , et termine ainsi
ses glorieuses campagnes.
xi)'
Génie , prudence , habileté
sont les qualités qui carac-
térisent Moreau. On peut y
ajouter cette modestie , véri-
table apanage du talent, qui
doute de ses propres forces ,
et qui met sur le compte des
évènemens ce qui n'est dû qu'àF
elle-même; . '
)
)■'
NOTICE
''SUR
LE GÉNÉRAL MOREAU.
Victor MORE AU naquit â
Morlaix vers 1768 : il étudia
et fit son droit à Rennes , dé-
partagent dlUe-et-Vilaine , (i)
où il fut reçu avocat,
(]) ,NouS; Ile nous arrêterons point sur
les particularités de. Fenfajace' , et même
de PadpIesGeace .de Mpreau., parce que tes
pai^^cularitfs i^'^tant pointd'ua intérêt ma--
jjBur , eil}es.ne peuvent rehausser son mérite^
et donner un nouvel éclat à son histoire*^
An Gomrneiicement de la ré-
volution il signala son patrio-
tisme et son courage dans les
troubles suscités à Rennes par
raristocrai:ie.
Lorsqu'on forma le bataillon
du département de llUe-et-
yilaibe , le G^ Petiet , alors
procureur- général- Syndic de
ce déparMcient ^ depuis mi-
nistre? de? la pierre' , éf a à jour-''
d'hari conseiller d^'étrit, fîtcïioî4
sir Moreai!* pouàv 'CJommànderp
ce b ataillon y eix. .rappelant la
zMe qu'il avait wioiijtré ppur
la chose publique; i
Il passa sticcessivisment par»
lés divers graxfés imlttiaii*es» ^.
jusqu'à celui de général ^eiA
chef- Ce fut sous ses auspices
que , peqdantla conquête de la
Belgique > les français entrè-
rent en vainqueurs dans les
villes de Menin , d'Y près ^
d'Ostende et de \Nieuport :
malgré la loi barbare qui or-
donnait de massacrer tous lei
sujets de Georges III , Moreap
fît grâce à la garnison de Nieu-
port ,;presque entièrement con i-
poséç, d'hanovrieiîs y et si &
9 tbermîdorn'avait, sur ce.§ e.n^
trefaites ^ renversé la tyrannie
déceravirale ,, cette marque
d^buraai^itéluiaura}t infaillible-^
ment coûté la vie* Les décem-:
vîrs furent renversés ; maïs le ré-^
gime révolutionnaire leur sur-
vécût, et le père de Moreau fut
sa victime ; le jour même où^
pour cerner le fort de TÉcluse >
Moreau guidait ses soldats ^
sans autres moyens que leur
audace , son courage et son
habileté , dans Tîle de Cazand ,
sous des batteries foudroyantes ,
èf coiif re des ennemis nom-^
Bf eux qu'ils mirent en déroute^^
Moreau , désespéré, voulut
fuir sa terre natale. Les conseils
de ses amis^ , Tascendant du pa-
triotisme le retinrent; il essuya:
ses larmes , et rentra dans 1*
carrière des héros : exemple
sublime de, dévouement où Fa-
mour de la. patrie l'emporta sur
une des plus douces aflfectîons
de Tame ! , • ^
Nommé ; en l'an IV , général
de l'armée de Rhin-et-Moselle,
on le vit effectuer plusieurs pas-
sages du Rhin avec cette audace
qui -doit couronner le résultat
des combinaisons les plus sa-
vantes , et opérer , à travers
les montagnes Noires , cette cé-
lèbre retraite qui sera mise par,
la postérité au nombre des plus
belles opérations militaires qui
aient jamais été exécutées ei^
!i^^
scviij
âtlicun ]^ys. Il ténni istrr les
bords du Rhin iron-seakrmetit
^sans s'être laissé entamer , mais
en battant Fenneitii en' cbaqtré
occasion , et en forçant partout
les passages. Son armée, enfin ,
déboucha par deux colonnes
dirigées , Tune par Fribourg ,
et rautre par Huntrigue , après
avoir encore remporté une vic-
toire signalée , demeurant maî-
tresse du Brîsga^ , de tous les
ponts du Rhin et de tous les
défilés qui ouvrent le territoire
de l'Empire.
Après une campagne aussi
glorieuse , Moreau , pour ré-
XIX
côTapènse des • senfviôes qu'il
«vaiêTenda^ h «à^ ^^atrie ^ fut
fappeîé par le directoire , (i)
«et €iit'pw4u pour son' ^^E'mée.
' ' 'Cette ' ''Aîsgracé ' ' côiivHt tfe
honte le directoire , et de gloire
"^cêluî qui en fut la vîctiine.
Oii préjugea alors , avec rai-
vernemeat inepte du directoire de Fcance ,
de ce directoire qui possédait le grand art
d'Aoigner de lui tous les lioinmes de mé*
Vite , et qui i/étaît entouré qufe d'Kommés
Vils ^ oorroht^usv On pdurait V^dfjèr <à
sag«sse Aes dkaz < J« te «rois iTès^sofoode ;
HùA à qnoU pUt« tyrwif as«tu lirré et monde 9
son , qu^uttgouvetonement au*sî
i odieux^seraît'J^îentôt. ajié^^itî ^ ^
;€t que. sa destruction serait le
. passage, là un, état plus^ calçae ,
,et à pn ordj^e de chosejs plus
^xégijliei:, f
L'estime des âmes honnêtes
suivit Moreau jusque dans sa
retraite. On sentit bientôt le
vidé que son absence opérait
^dans nos armées : il fut rap-
pelé. '
Dans un cœur moins no-
ble , un ressentiment juste-
r-ment fondé aurait pu éclater ;
mais dans une ame grande \
forte et brûlante de Tamour
XXJ
^é sôtf pays tous les senti-
inehs de la vengeance s-étfei-*
gttent , et là glbîre de sa patrie
est le seul qui' y survit.
Nos aïmées en' Italie , dé-^
j)0Urvu(3s de tout et ÏDattués sui?
touà lès pioints piar rinéptiè d%ïn
général chéri du directoire ^ ,
étaient dians tint délabrement
àflreux: Moiteiàu y fut erivoyé
pour éilsâutéi' les débrîis. Mal^
gré toute soii habileté et tbûS
ses efforts , il ne put parvenir
à leur faire repi'endrè Toffen*^
«ive : alofs il exécuta ces retrai-
tes savantes ^qui sauvèi^ent ùhé
grande partie de cette *arméëî
b
xooij
0« envoya upi autre général
à. ce^tte 'armée , <jui donna la
femeuse bataille de Novi. Mo-
reau y gt ,des prodiges de va-;
Ifîtir. , Malgré lea pli*s grands
efjforts ,i. yairmée,; fifanç^ise y-
perdit 'aoa gésnéraLet la bataille.
L'armée $ans général enr clief,
le coHua^ndement en fut dé-^*
f)é^é à Mçreau , qm fit exécuter
tiftp re^i'aite sav«ap4e àcette ar-
fnée r, demi ; le coiximandenient
fht donné par la suite au gé-^
néral.Masséna. .;
^.;j^fc«pw revint ensuite à
Pai?^ , où il vit. pour ia pre-
mière ^ois Bonaparte. Ces deux
■^.-
xxiij
bomîïBé» çureht ^ apprécier ,
et se lièrejBt ii'ufte amitié dont
un^ estime j?é€ip]x>que fut la
basç.
Auj: journées des^iô et 19
btum^ire.i Mq^j^u fut liti de
ceux; . iqïii secondèrent. Bôna-^
jyartê; dans cette iinmoirt'ôlli»
Noromé générai em chef de
Tarmée du Bthin 4 it fit dcu»
câi»|)ûgties célèbres ifniioitmé^
Bont deux graiiideisi époques dans
rhîstottéj JDôias hc rdçimièr^ j il
B';ét»i!t: plusi îqpu^à ^in^^iilèiïf
lieues ' dri Vienne ^ lorsijfir'utt
armistice y ^ui'i&t bieotôt suivi
(CXW
de la p^ix , vint arrêter seF
armes triomphantes. ^^ ^
' Nous termîiiôrôns^^eittè ôo^^
tice par lès réflexions sui-
vantes r^ ' '-' '■ ■'' -^' { ••" ^
' <c Avant la révolution , Fhé-
<i roïsmèt ei fësf lalefls '^iflilitAires
fi s^évaporaient dans Toi^iveté
« des garnisons ; et Tabsurde
« o]èddnnflnde: qui ne permettait
« qu'aux nobleis de jfranchâr le
« grade' de lieutenant dimi-
« niiait encore dans une pro-
i pontîbn ,;au[puîird*hui> facile à
« étabMr , le nombre des hom-
4c mes appelés à se distinguer
« dans cette carrière.
xxv
<t m^s^ les premiers' instani^
«c dé b révolution , la célébrité
« n'eut point asisez d'échos pour
« là multitude de noms qu^eUe
«f fui? chargée de proclamer ;
« leur* foulé s'accrut de jour
« en jour : bientôt tlne guerre f
4c où le peuple français , seul
« contre vingt potentats, triom-
« phade leur coalition , grossit
« h rinfini cette longue nomen-
« clàtûre. »' • '
Parmi les personnages qui
ont figuré dans la carrière ré-
volutionnaire , Moreau est un
de ceux dont la conduite est
absolument irréprochable ; on
StX9J
ne le;ivii. kihk tétei cKaociuie
fectii^il^ Uàmen» de ia patrie
fart kr sentîmeiart i^i rania^» y
et I le but gloneurx; d^ ses ttar
vaux. IL sut rifiêjBâie sacrifier à
ce seiaifciment tes fi^kiâ dpuces
ajBR&ciiona de j Yzm/^ i e^ tcAifS les
ressentimens - de la. i vengeance^
Disgracié et ra?ppelé pR» >des
homiBtes îqùi n'étaient pas ea-
pablee d'apprécier son toéitite ^
il s'éloigna pour quelcfitie téms
d'un théârtre oè Fin^igue et la
corriDptiani étaient leè setffis ;1fî-^
tresipoKHr avenir dïôitiauife fe^
veursi. llfc emporta , dan«' saipe-*
traite , Festime et Tamoair de
V
tous ceux qui faisaient encore
des vœux pour le rétablisse-
ment 4© Tordre , et la fin d'une
révolution , dont la longue du-
rée avait tout bouleversé , sans
avoir rien remplacé* Ses vœux
se sont enfin réalisés : Tordre a
succédé au désordre , et un gou-
vernement sage , qui sait tout
apprécier avec une sagacité ra-
re , à rendu justice à son mérite ,
et a récompensé ses vertus»
-1^
HISTOIRE
DU GÉNÉRAL
M O R E A U.
-■' • ■ . Il I I m
CHAPITRE PREMIER.
More au nommé général de V armée
de Rhin et Moselle. — Passage
du Rhin e^'ectué à force ouverte
par cette armée.
Jl iCHEGRu, disgracié par le di*
rectoire , fut remplacé par le général
Moreau. Ce général , dont lés opéra-
tions étaient concertées avec les ar-
mées d'Italie , du Nord , de Sambre
et Meuse , battit l'ennemi , le 2 mes-
dor an 4> deyant le pont de Manheîmj
A
CM
il se mit ensuite en marche pour pas-
ser lé Rhin , près Strasbourg. Le 5 ,
après midi , il s'occupa dans cette
ville , après en avoir fait fermer les
portes des derniers préparatifs que la
nécôssîté du secret ayait fait différer
jusques-là. Le 6, ce passage s'effectua
avec la plus grande célérité et avec
une audace inouie. Le succès en fut
dû à une ruse dont le général se ser-
vit avec succès.
Un. grand nombre de voitures
avaient été par lui mises en rèquisi-
sition , sous prétexte de conduire en
grande hâte des troupes à l'armée d'I-
talie. Des ordres avaient été donnés
pour qu'on leur préparât des vivres ,
depuis Landau jusqu'à Huningue,
Un pure d'artillerie , à trais lieues de
Landau , sembla être laissé pour in-
quiéter l'ennemi. Axrivé près de Stxas-
l^ourg , le général fît faire h;ilte à la
(3)
troupe , la fit bivouaquer , fit fermer
les portes de la ville , tint un conseil
secret , et ordonna le passage du Rhin .
En trois heures de tems tout fut dis-
posé pour le passage des troupes. Les
ha bilans de Strasbourg secondèrent
avec empressement les intentions du
général. Les troupes apprirent alors
que leur route pour l'Italie était ter-
minée , et qu'elles étaient destinées à
une autre opération • A neuf heures
du soir , toutes . les embarcations
avaient filé hors de la ville par le ca-
nal de navigation , et à dix heures
elles étaient toutes arrivées à Técluse
du péage. Après avoir embarqué qua-
tre pièces de canon ^ on se mit en
marche. Il étoit plus de minuit lors-
que l'on commença à entrer dans les
nacelles. Le tems était très-serein et
très • calme } le clair de lune , qui
était défavorable , fit qu'on prit beau-
(4)
coup de pf écautions et qu'on observa
le plus grand silence.
L*ordre admirable avec lequel se
fit cet embarquement , la bonne v6-
lôinté des soldats , et l'ardeur des
chei's , tout présagea des succès.
Enfin, à une heure et demie, après
minuit , les bateaux légers des quatre
divisions étant chargés , le général
donna le signal du départ.
Les troupes débarquèrent avec
' beaucoup d'audace , sans tirer un
seul coup de fusil , et emportèrent
à la bayonnetté tous les postes en-
nemis , qui n'eurent que le tems de
faire leur première décharge çt de
s'enfuir. La surprise et Teffroi dont
ils furent saisis ne letir permirent
même pas de songer à couper lés pe-
tits ponts de coqiraunication (i) qui
( i ) Tous ces ponts composés seulement de deux
•flt.jn8 flctt.ms à fleur d'eati^ étaient si Tôles qu'ils
(5)
se trouvaient sur les bras du Rhin ,
et qui 'nous séparaiept encore de la
terre ferf»e.
Le succès couronna le débarque-
ment sur tous les points. On marcha
sur Kehl (i). L'ennemi fut chassé du
fort , de la ville , du village de Kehl
et d'une redoute. Il ne disputa même
pas le passage de la Kintzîg , comme
on aurait dû s'y attendre j et vers les
dix heures du matin , on était déjà
Qiiaître de tous ses postes , et on le
poursuivait sur la route d'Ofïem-
bourg.
Le reste du jour il ne S0 pass^
rien d'intéressant à la rive droite.
furent entièrement usés au bout de quelques heures f
ayant que la totalité de Ta vant- garde de l'armée y eût
liasse.
( a ) Le fort d^ Kehl n'i^toit point k cette époque
en état de défense ; il avait été rasé , après avoir été
cédé à l'Empire par le traité de Bade, et depuis il
n'ayai^ pas été rétabli.
^M^J^.
C6)
Le pont volant qu^on avait. établi et
les bateaux de transport furent em-
ployés sans relâche à passer d? Tinfan-
terie j on se tirailla de part et d'autre
jusqu'à la nuit , et on fit quelques pri-
sonniers.
Le résultat de cette journée fut de
cinq cents hommes faits prisoriiiiers ,'
la prise de deux mille fusils , treize
pièces de canon , un obusier et plu-
sieurs caissons. L'ennemi perdit , en
outre p six cents hommes tués ou
blessés.
Le 7 messidor , à midi, le pont
étant entièrement établi, et toutes
les communications assurées , le gé-
néral fil défiler sur la rive droite les
troupes à cheval et l'artillerie légère
de deux divisions , et le reste de l'in-
fanterie du général Beaupuy. Le
corps du général Saint-Cyr ne pas-
«a le Rhin que quelques jours après.
(7-)
Dans dififérentes marçî^e^;, on fit.
encore environ deux ce»t3.l3Lomm.es.
prisonnière. /; . i ,
Le lendemain , ' une paWie de Tar-.
mée se mit en marche pour attaquer
le camp de Wilstett , p^r la route d'Of-
fembourg , qui fut emporté de yivei
force j on y prit une pièce de canon^
et quelques caissons. Le 9 , l'ennemi
fit quelques tentatives pour rentrer
dans Wilstett j mais il fut repoussé
et poursuivi' jusqu'à Griessen.
Pendant ce mouvement , la brigade
du général Sainte-Suzanne se rendit
vers le Bas- Rhin , par la route de Ras-
tadt^ jusqu'à Lings.
Le reste de l'armée , aux ordres du
général Dessaix , marcha sur trois co*
lonnes.
Le succès qui couronna le passage
du Rhin , fut dû à la justesse des dis-
positions prises par le général en
(8)
chef 9 et aux combinaisons savantes
diaprés lesquelles il avait déterminé
les points d'abordages des différentes
divisions. 'Lefs exploits non moins
étonnans qui l'ont suivi , ont coix-
vaincu les plus incrédules que rien
B^est impossibe àlavaleuTi lorsqu'elle
est guidée par le génie et l'expérience^
(9)
CHAPITRE II.
Affaires qui suivirent le passage du
Rhin. — Bataille de Renchen.
' -^^Bataille de Kastadt^ •— ^a-
' iaille d^Etlingen.
Jljb passage du Rhin efTectué sur
plusieurs points différents par les dif-
férentes divisions de Tarmée , il fal-
lait se préparer à de nouveaux^cam-^
l^ts et à de nouYeau:!^ triomphes*
L.'eQnemi avpit révini un corps coii'
aidérable dans une position avanta*
geuse , en avant.de la petite ville de
Rençhen , et de 1^ rivière de m^aip
nom (i). La brigade de Sainte-Su-
C 1 J h0 RiHchtn eftt ttne Tiyière qui prend sa
Bouxce dans leA aïontagnes 'Koire , verar le Knubis i
• ..«Ue posse à Renchen et vient se jetter dans le Eiiin ,
' wt|feii an-des^ot« de Freysleft. Cette position «st fa-
meuse danslUiistoire : Monlécvciilli t'oocupait , niai^
zanne qtii avait marché dès la veille
vers Urlafïen , pour le contenir, était
déjà aux prises avec lui', lorsque le
corps du général Dessaix arriva- L'af-
faire devint générale et cominença à
s'engager par une canonnade très-
vive. Les cuirassiers ennemis es-
sayèrent de déborder notre droite , et
la chargèrent vivement j mais , deux
de nos bataillons , soutenus par nos
carabiniers et de Tartillerie légère ,
résistèrent à cet effort. Ces bataillons
maneuvrèrent avec tant de sang^froid,'
quoîqu'enveloppés de toute part , et
sjareut si bien diriger leur feu vers
les différents points où ils étaient me»
nacès , qu'ils culbutèrent la cavalerie^
Tnrenne lé tourna , et lui déroba le. passage 4e la
Renchen. C'est à un mille du bourg de ce nom , èur
les hauteurs de Sasbach que ce grand homme fut tué
le lendemain, 97 Juin 1675, en Tenant reconnaitre la
position de renneiiii pour loi Urrer bataille.
(11 )
ennemie , qui laissa le champ de ba-
taille jonché d'hommes et de che-
vaux.
L'ennemi voulut faire de nouveaux
efforts sur la gauche ; mais il fut cul'-
buté. Là déroute devînt complette :
infanterie , artillerie , cavalerie ,
tout se sauva pêle-mêle et dans îe
plus grand désordre , et l'on se trou-
va maître de la rivière et de la ville
deRencben.
L'ennemi nous abandonna dix
pièces de canon , la plupart d'artille-
rie légère, avec un grand nombre de
caissons. Il perdit six cents chevaux ,
pris , tués ou blessés , et laissa une
très-grande quantité de morts sur le
champ de bataille. On fît douze cents
prisonniers , dont cinq cents bles-
sés.
Après cette affaire , le général ré-
organisa Tarraée , dont il avait été
t " )
obligé de rompre Tordre de bataille
pour le passage du Rhin.
Férino eut le commandement de
Taîle droite.
Saint-Cyrfut chargé du centre.
Et Dessaiz de Taile gauche.
Le général en chef voyant qu'on
ne pouvait avancer entre les mon-
tagnes Noires et le Rhin , sans s'assu-
rer des gorges de cette chaîne , qui au-
raient donné des débouchés sur nos
derrières , fit détacher quelques
troupes pour remonter la vallée de
la Renchen , et s'en rendre maître. On
la trouva défendue par des tirailleurs
et des paysans armés , qui furent sou-
dain dispersés. La montagne de Knu-
bis , une des plus hautes montagnes
Noires , était occupé par le contin-
gent de Wirtemberg. Malgré une
redoute très-forte, et un réduit caze-
maté , Tennemi fut chassé de la ;na^
(*3)
tagne • après une vive résistance i on
s'empara de la redoute. On prit dans
cette redoute deux pièces de canon et
deux drapaux j quatre cents hommes
furent faits prisonniers avec dix offi-
ciers.
Le centre de notre armée s'empara
du revers des montagnes , après une
affaire extrêmement vive , et malgré
la résistance la plus opiniâtre. Les
pluies continuelles avaient gâté les
armes de nos troupes j elles ne pou-
vaient plus faire feu. La bayonnette
devint la seule ressource de Tiufan-
terie j mais , accoutumée à s'en servir
avec son succès ordinaire , elle en-
fonça par- tout l'ennemi.- On lui tua
beaucoup de monde , et on lui fit
cent prisonniers.
Le q:iême jour , toute l'armée se
porta en avant pour aller attaquer
iMenneiui qui avait rassemblé toutes
(M)
SCS forces dans une excellente posi-
tion , entre Gcrsbach et RastaJt. Il
avait reçu ilcs renforts couôîJérables ,
tout ce qu'il avait vers Manheîm ,
lors ilu passage du Rhin , se trouva
réuni » et il lui était déjà arrivé une
jurtîe des iroupes que le prince
Charles avait amené en hâte de Tar-
niéo du Bas-Ilhin.
La position de Tenuemi présentant
do grandes dilïîcultés, pour être faci-
lonicnt attaquée de front, le général en
dicf résolut de déborder son aîle gau-
che pour le contraindre à la quitter.
Il t'iait alors indispensable que laprise
do Gersbach eût lieu auparavant. A
cinq heures du matin ce poste fut at-
taqué avec une extrême valeur et eiii-
porté après une vive résistance y ainsi
que la vallée de Murg. Le général Le-
t^^r^ noorsuivit Tennemi jusqu'à
prit dans cette pour-
( i5 )
suite une pièce de canon , deux offi-
ciers et cent prisonniers.
L'adjudant-général Decaen , atta-
qua le bourg'deKuppenheiuj. Après
trois heures d'un combat opiniâtre,
les grenadiers Hongrois et Autri-
chiens^ chargés de la défense de ce
poste, cédèrent à nos bayonnettcs ,
et furent forcés de l'abandonner. Ils
revinrent plusieurs fois à la cliarge
pour reprendre ce bourg j mais ils
furent constamment repoussés et con-
traints de répasser le Murg. On fit
sur ce point trois cents prisonniers.
Une demi-brigade , à la suite d'une
canonnade fort vive, força le passage
de la Olbach et emporta le village
de Nider-Bihel , après deux heures
d'une défense vigoureuse , et on s'é-
tait enfin rendu maître du bois de
Rastadt , qui avait été long * tems
et opiniâtrement disputé.
(i6)
Notre aîle gauche coramençalit à
acquérir de la supériorité sur la drqite
de rennemi qui se trouvait déjà en-
tièrement battu sur sa gauche , il fut
contraint de se retirer par le pont
de Rastadt et les gués de la Murg^
en arrière de cette rivière. Comme
ce mouvement était protégé par une
forte artillerie qu'il avait disposé
sur l'autre rive , et qu'il était soute*
nue par toute sa cavalerie , qui n'était
pas entamée y on ne put réussir à le
mettre en déroute , et il fit sa retraite
en bon ordre.
Un de nos régîmens de chasseurs
s'étant apperçu qu'il voulait couper
le pont de Rastadt , le charges^ et le
poursuivit dans les rues de la ville,
oti il fut contraint d'abandonner deux
pièces de canon, quoique sa cava-
lerie revitit plusieurs fois à la charge^
maisiçlle fût constamment irepouasée
(î7)
par le feu de notre artillerie lëgérô ,
qui atait suivi à la course nos clias-
sears à cheval. On fit à Tennemidans
ces différentes attacjues deux cents
prisonniers , et sa perte en hommes
et en chevaux fut considérable ; alors
se retira pendant la nuit sur Etlin-
gen, où il rassembla ses forces, et
y reçut tous les renforts que l'archi-
duc avait tiré du Bas-Rhin et des
environs de Mayence , que lui ame-
nèrent les généraux Hotze et Wer-
neck. Ses forces étaient infiniment
supérieures aux nôtres, et furent en-
core augmentées de sept bataillons
et douze escadrons.
Le gros de l'armée' ennemie mar-
chait dans la* vallée du Rhin, l'in-
fanterie suivant le pied des monta*
gnes, et la cavalerie tenant la plaine.
C'est ainsi que comptant faire débou-
cheî* sur nos derrièi^es des forces con-
B
Ç »8 )
sîdérables^ par les vallées Je Murg ,
de la Olbach et de Cappel , et poji-
vant nous opposer de front dans la
plaine une cavalerie infiniment supé-
rieure à la nôtre , TArchiduc espérait
que nous ne pourrions lui échapper ,
et se flattait déjà de nous faire re*
passer le Rhin j mais ses projets furent
entièrement déconcertés par la vigi-
lance et l'activité du général Moreau^
puissamment secondé par le zèle
infatigable de nos troupes, l'expé-
rience et la bravoure des autres
chefs de l'armée .
Les trois jours qui s'étaient écoulés
depuis la bataille de Rastadt , furent
employés aux remplacement des che-
vaux et des munitions , aux répa-
rations de l'artillerie , et aux recon-
naissances qui dévoient précéder une
attaque générale. Ces préparatifi
indispensables furent faits avec tant
( 19 )
de rapidité ^ que y menacée par TAr*
chiduc d*être attaquée le 22 Messidor
sur tous les points , Tannée inarcha
à lui le 21, et qu'elle le rencontra
qui se portait en avant, pour re-
prendre la position de la Murg , dans
l'intention de nous livrer bataille le
lendemain.
L'intention du général en chef
était de réviser son aSle gauche , et de
faire faire l'effort principal par notre
droite contre la gauche de l'ennemi j
après avoir pris toutes les mesures
nécessaires et fait toutes les disposi-
tions convenables, le général donna
des ordres pour forcer quelques posi-
tions qui étaient défendues par l'élite
des troupes ennemies , et ce ne fut
qu'après un combat sanglatit et un
acharnement inconcevable , qu'on
parvint à s'en emparer.
L'avant-garde ennemi rencontrée
à Hemalb fut facilement repoùésëe
malgré la plus vive résistance ; maïs
le plateau de Rotensolhe^ Tune des
plus hautes et dés plus rapides mon-
tagnes Noires ^ et dont le penchant
est couvert de bois touffus , était d'xin
abord si difficile , qull nie pouvait
être emporté qu'avec une peine infi*
nie. Lé général Saint -Gyr, chargé
de cette attaque p ayant ses troupes
fatigués par une marche pénible »
prit le sage parti de harceler l'ennemi
par des attaques successives sur di-
vers points , et de laisser reposer une
partie de sa colonne , afin de l'avoir
toute fraîche lors dé l'instant favo-
rable pour emporter la position ^ et
lorsque l'ennemi serait devenu moins
défiant, par le manque de succès de
nos premiers efforts.
On fut d'abord repoussé vigoureu-
«émeut à quatre attaques wccessives ;
( 21 )
ce qtii détermina à une cinquième
charge , pour laquelle on avait ré-
servé deux demi - brigades. Elles se
formèrent en colonne , marchèrent
avec autant d^ordre que la nature du
terrein le permit. Cette dernière ten-
tative réussit complettement ; on par-
vint sur le plateau } Tennemi fut
enfoncé et mis en déroute j on le
aiiivit la bayonnette dans les reins.
Deux cents hommes furent faits pri-
sonniers y dont douze officiers et un
officier supérieur.
A Taîle gauche, le général Dessaix
engagea le combat par T^attaque du
village de Malsch , au moment même
cù l'action commençait dans les mon-
tagnes. Ce village fut successivement
pris et repris trois fois^ chaque armée
y ayant employé son infanterie dis-
}K>nible. Le combat dura sur ce point
jusqu'à jiÙL hewes 4u soir ; ou y
. f ^4 )
perdît beaucoup dé monde de part et
d'autre ; nous y fîmes prisonniers
huit officiers et près de cinq cents
hommes.
L'ennemi déploya dans la plaine
une cavalerie très-nombreuse soute-
nue d'artillerie ; mais par les savantes
dispositions du général Dessaix, cette
cavalerie futpresqu'inutile. Quoique
sa grande supériorité dût lui pro*
mettre un succès presque certain ,
le reste du jour se passa sans que le
prince Charles osât rien entreprendre
avec cettemasse immense de cavalerie»
Cette journée décisive, qui nous
conserva Tofifensive , contribua infi-
niment à décourager l'ennemi , qui ,
la veille, se flattait encore de détruire
toute notre armée et de nous contrain-
dre à repasser le Rhin. Il se vit au con-
traire forcé de nous céder le champ
de bataille^ après tine perte conei-
C^3)
dërable d'hommes tués ou blessés ,
de quinze cents prisonniers et d'une
pièce de canon j il prit alors la réso-
lution de se retirer vers le Danube
pour s^y rallier et y concentrer toutes
ses forces j craignant qu'on ne lui
coupât la retraite sur le Necker, il
se détermina à abandonner précipi-
tamment Etlingen , Durlach et Cak-
ruhe, et à se retirer à Pfortzhein.
Le passage du Rhin effectué à la
vue d'une armée forte et nombreuse ,
trois batailles données à la suite et
successivement gagnées», beaucoup
de tués , un grand nombre de blessés ,
de prisonniers , la prise de plusieurs
canons ^ drapeaux et de quelques
bagages , furent le résultat de quel-
ques jours , et le témoignage le plus
éclatant de la bravoure du s&ldat,
du génie de son général, etdel'expé*
rience et de la valeur des che&.
CHAPITRE III.
Marche de V armée jusqu'au Necker.
— Entrée des Français à Stutt*
gard. — Combat d^Etlingen et de
Canstatt. .
Xj*je n k £ m I , en se retirant , détaclia
un corps de troupes considérable ,
pourformer les garnisons de Mayence,
Manheim et Philisbourg.
Le général Moreau fit passer le
Rhin à Benheim , à la moitié de la
garnison de Landau , dont il forma
un corps d'observation , pour conte-
nir les garnisons de Manheim et de
Philisbourg j ensuite il fit suivre l'en-
nemi y marche par marche.
Le 3o messidor , le centre de l'ar-
mée française se porta sur Stuttgard ,
pendant que l'aile gauche s'avançait
vers
(25)
rers rembouchuré de TEnz. Le géné-
ral Saint-Cyr rencontra Tavant-garde
autrichienne en avant de Stuttgard ;
il la fit attaquer avec vigueur , la re-
poussa jusques dans la ville ^ et l'en
chassa malgré la. plus vive résistance.
L'ennemi ayant besoin de s'arrêter
sur le Necker, s'était rassemblé sur les
hauteurs deConstadt et de Feldbach,
dans une excellente position. Le pro-
jet du général Moreau était d'attaquer
l'ennemi dans sa position, entre Cons-
tadt et Ëslingen j mais comme elle
était très-difficile à emporter de front,
il résolut de faire un mouvement par
notre droite, pour déborder son aile
gauche , et d'abord il voulut forcer
ses avant* gardes à nous abandonner
la rive gauche du Necker j c'est dans
ce dessein que, le 3 thermidor, il les
fit attaquer à Ëslingen et à Constadt.
li'ennemi nous opposa la plus vive ré-
C
M
sistance vers Eslingen ; il s'y défendit
avec la plus grande opiniâtreté j mais
notre attaque fut si bien soutenue et
si bien dirrîgée , que, malgré la supé-
riorité du nombre , il finit pax plier.
Il y perdit huit cents hommes , tant •
tués que blessés.
Le général Taponîer attaquale fau-
bourg de Constadt et le village de
Berg : il repoussa l'ennemi avec tant
de vivacité , qu'il n'eut pas le tems de
couper le pont de ce village. Le même
jour, le corps du général Dessaix vint
prendre position à Ludwisbourg , et
acheva de balayer entièrement la rive
gauche du Necker dans cette partie.
L'armée ennemie se retira en deux
corps à travers les montagnes d'Alb ,
et se dirigea dans sa retraite par les
routes de Gmiind et Gœppingen , où
elle fut suivie dans Tordre qu'elle
avait prise, pour effectuer sa retraite.
1
(^7)
. Il 'cst luécessaire oie rappeler ici
qu'immédiatement après le passage
^u Rhin 9 notre- aile droite prit.iine
«^direction Jibntraire aux deux autres
corps de ^rmée; que pendant que
. ceux-ci descendaient le Rhin ^ elle: le
remontait^ et que^ depuis le lo mes-
sidor , jour où elle s'empara d'Ofem»
bourg , elle ces3a . d'agir conjointe^
ment avec l'armée.
Le corps d'armée devait gagner la
f ive droite du Danube , et traverser
les montagnes Noires par les vallées
de la Kintzîg et de 5aint-Pierre. Il
devait aussi forcer le passage des viUes
frontières , pour appuyer son flanc
.droit au lac de Constance ,. pendant
.que le gros de l'armée arriverait sur
'le Danube 9 par la rive gauche de ce
'fleuve î c'était à peu près vers Ulm f
qu'après avoir suivi des directions
apposées ^ ces deux corps devaient
(a8)
opérer leur jonction , pour entrer de
.concert en Bavière.
Du lo au 16 messidor^ il y eut
quelques affaires d'ayan#i^ostes dont
nous eûmes tout Tavantige. Malgré
Texcellente position que rennemi oc-
cupait dans la vallée de Kîntzig', il
fut obligé de l'abandonner.
Le 19, on poussa quelques recon-
naissances.
Le 2a , un corps de troupes qui de-
vait faire une réserve , passa le Rhin
à Nonenwhir.
Le 23 9 on fit une reconnaissance
dans la vallée de Kintzîg.
Le général Ferino , sous les ordres
duquel était cette aîle droite , à Taide
d'une division du centre, chassa le
corps autrichien , commandé par le
. général Staray , qui occupait cette
vallée.
Le 28 I on fit passer le Rhin à deuic
( 29 )
corps de troupes , le premier à Brî-
sacb ; le second passa à Huningue y.
sans éprouver de résistance. Il s'em-
para des villes forestières, de deux
pièces de canon et de magasins assez
importans.
Les passages de la vallée de laKint-
zig , et ceux des villes forestières , se
trouvant ouverts , le corps du gé-
néral Staray , forcé dans cette val-
lée , s'étant ensuite rejeté sur le gros
de l'armée de r Archiduc, Taîie droite
s'avança , sa droite au lac de Cons*
tance > sa gauche au Danube, sans
ëf>rouver une grande résistance de la
paTt de l'ennemi , pendant que l'ar-
mée le suivit dans les gorges d'Alb (i).
( 1 ) A Test des montagnes de la forêt Noire 8*d^
lère la chaîne des montagnes d'Alb, ou Alpes de
Soaabe , qui suit une direction à peu près paralèlle
an ours du Danube. Elles occupent une espace de
douze mille d^Alleinagne enTÎroo^ sur trois ou quatre
(3a)
et largeur. Elles sont couvertes de bois et pjrésentent
deaT paysages très-agrestes, et des coxnmnnicaâons
trè8*di£ficiles. Elles tiennent, pardÎTeffses branche»! •
aux montagnes Noires-, et à celle du paysdeDannSr
tadt et de la Ffanconie.
(3i )
C H A PI T R E IV.
Opérations et marches de V armée
en suivant Pennemi à travers les
montagnes d^Alb. — Bataille de
Néresheim.
JLà marche de rarmëe dans les
gorges des montagnes d'AIb, que
l'on connaissait très-peu , fut très-
• difiBj^Ue et très-dangereuse , attendu
qoeles difFérens corps, étant enga*
gés dans des vallées séparées par des
Qiontagncs impraticables , ils ne pou-
vaient se communiquer entre eux.
L'ennemi parut avoii» le dessein de
nous disputer les sommités , car il
ï^nit ses forces sur un vaste plateau ,
entre Weissenstein et Bœmenkirchj
d'où il aurait pu tomber sur un de
008 corps séparés qu'il eût facilement
battu 9 et revenir ensuite contre les
autres ; mais il n'osa nous attaquer.
Son dessein ëtait seulement de nous
contenir , afin de gagner du tems
pour faire filer ses équipages. Il quitta
cette position sans avoir rien entre-
pris , et continua sa retraite.
Le 1 6 termidor , le général Dessaix
joignit une division de Tarmée enne-
mie , qui , ayant voulu résister et rece-
voir le combat , fut culbutée avec
perte de trois cents prisonniers , %rès
d'Aalen. Le même, jour le centre de
notre armée s'empara d'Heydenheira,
après une assez vive résistance , et
vint prendre position sur laBrènz. (i).
Le i8 9 dans*une reconnaissance ,
il s'engagea un combat dans lequel
nous perdîmes deux cents prison-
niers. Néanmoins la retraite se fît
en bon ordre.
: ; g
(i) RiTÎère qui descend des reyers des monugno
d'Alb.
(33)
Le 21, Tenneini engaga un coni-
Dftt avec la première division de notre
[centre , qui dura jusqu'à la nuit , et
iont nous eûmes l'avantage.
La journée du 22 fut employée de
notre part aux reconnaissances, indis-
pensables dans un pays si difficile , et
qui nous était si peu connu , ainsi
c|u'à rectifier la position de l'armée.
Le 23 , l'ennemi , au lieu de conti-
nuer sa retraite , s'arrêta. Il sembla
Eaire des dispositions qui nous me-
Daçaient d'une attaque prochaine :
cependant la position de son avant-
garde en arrière d'Eglingen , parais-
sant mauvaise , le général en chef se
clëtermina à la faire attaquer. On
engagea une action dans laquelle
l'ennemi perdit quatre cents cin-
quante prisonnniers. On le poursuivit
vers les bois , jusques près d'Amer-
dingen ; mais un orage considérable
(H)
qui survint à l'entrée de la nuit , mit
jSn .à notre poursuite , et termina ie
con\bat»
Le 24 1 l'ennemi dirigea tous sesef*
fotts sur cinq points difFérens. Notre
sxmé^ était postée en avant de Néres -
beîm. L'attaque principale fut contré
notre centre. Deux de nos demi-
brjgadçs , qui étaient*restées dans les
bois où la nuit les avait surprises la
veille étant à la poursuite des Autri-
chiens , furent prises en flanc, cul-
butées et ramenées , avec perte de
quatre. cents prisonniers jusqu'à Dun-
selcliingen. Ce premier succès de l'en-
nemi occasionna une trouée entre
notre centre et l'aile gauche ; mais
la réserve , en s'y portant rapide-
ment » répara cet accident, et rétablit
le combat dans cette partie. Le corps
de bataille des Autrichiens se dé-
ploya. Nous commençâmes alorg la
(35)
grande attaque-, sur le poliit où. Ten-
nemi avait réuni la plus grân^^ partie
de ses forces. Ses tirailleurs furent
repoussés^à plusieurs reprises* On^se^
bauit pendant toute 1^^ journ^e-ayec
TOI acharneoient incroyable. Le len^*
demain le combat se rengagea de <
nouveau avec autant de furie ; et les
deux- partis fi\rent> successivement,
vainqueurs. Mais enfin > quoique
nous n'ayons pu nous flatter d'une
victoire complette , puisque les Au-
trichiens gardèrent le cbamp-de-ba-
taille I elle n'en fut pas moins une
des plus glorieuses de la campagne
pour l'armée de Rhin et Moselle.
Cette armée prouva à l'ennemi par
sa constance inébranlable ^ et par la
fermeté avec laquelle notre centre,
quoiqu'entièrement débordé , résista
aux chocs les plus violens, que si nos
troupes étaient douées de cette va-
(36)
leur impétueuse ^ à laquelle rien ne
peut s'opposer lorsquelles attaquent ,
elles étaient également susceptibles de .
cette tranquillité, et de ce calme in-
trépide, indispensables pour soute-
nir avec opiniâtreté les attaques leS:
plus vigoureuses et les mieux com-
binées , et pour se tirer avantageuse-
ment des dangers les plus menacans.
(37)
C H A P I T R E V.
Combat de Kamlach.
Jl END A NT que le gros de Tarmée
gagnait le revers des montagnes
d'Alb, Taîle droite s'était avancée
sur deux colonnes; la première, qui
avait pris le chemin des villes fores-
tières , vint prendre position sur
TArgen (i); elle s'empara de Luidan
et de* Bregenz , fit quelques prises
assez importantes , trois mortiers ,
un obusier , quatre couleuvrines ^
vingt-deux pièces de canon et qua-
rante bateaux chargés de grains.
L'avant- garde de la seconde divi*
( 1 ) L'argea est la réunion de deux petites riyié-
^es 9 le haut et bas Argen , qui se mêlent au-dessQiis
de Wangen , et delà se jettent dans le lac de Cons-
t0Bce.
( 38 )
sîon rencontra le corps de Condé,
avec lequel elle engagea un combat
qui fut tout à notre avantage j l'en*
nemi y perdit quelques prisonniers ,
et fut poursuivi vivement jusqu'au
delà de-Kamlach.
' Les émigrés , animés par les'tftâf-
qûes' dé iti épris que Ifeur prôdigùaîeht
^Sâns'cè'ôse les Autrîciiîens, réàôîntèfnt
de se distinguer' par ùii coup d^écîat.
Ils ptépârètènt à cet'éfîetùne'attaqtie
Vî^ôurétise contre l'avant -^gà'tde' -de
'la' siecb'ride division * de- nbtre^ ^le
■ droite. Pout y réuiisîr^ plus sûteiaîêht,
ils joignirent la Wise à la fotceV^t
s'iiitrdduistrent'danisi <nfos ràriga à la
faveur dé la nuit,' ds(ns Fintêntîon
d'y' j)6rter le^éisordre.
Le 26 thermîdor, à deus heures
* du matin , ils ^attaquèrent vigd^ireu-
semént notre avànt-garde j nos avaiit-
(39)
postes furent repousses par leur in-
fanterie jusques vers les bois en
arrière de Kamlach , où était la
nôtre. Le combat s'engagea très-
vivement dans ce bois entre l'infan-
terie légère ; l'affaire y fut très*
chaude , et le succès long-tems in-
certain. Les émigrés, qui s'étaient
mêlés parmi nos troupes, avaient
beau crier : Nous sommes tournés ,
il faut nous retirer, sauve qui peut ^
nos soldats ne se laissèrent point
prendre à ce piège : ces émigrés ,
bientôt reconnus , furent assommés
à coup de crosse j la troisième demi-
brigade d'infanterie légère, accablée
par des forces supérieures , se défen-
dit avec acharnement } néanmoins ,
elle eut pu finir par céder au nom-
bre, si la quatre-vingt-neuvième ,
placée en échelons , ne se fut avan-
cée : alors les ennemis furent re-
(4o)
poussés par - tout et complettement
battus.
Leur perte fut immense ; le corps
des chasseurs nobles fut presqu'en*-
tièrement détruit ; cinq cents soi-
xante-douze émigrés, dont cinquante
chevaliers de Saint-Louis et dix-huit
officiers supérieurs, furent enterrés
sur le champ de bataille : trois gé^
néraux moururent de leurs blessure^
à Mendelheim , et le nombre de^
blessés se monta à douze ou treize
cents.
(4i )
CHAPITRE VI.
^^^susage du Danube par V armée de
' Rhin et Moselle.
xV.F&às la. bataille de Neresheim ,
. l'ajrmée de Tarchiduc se retira tota-
lement sur la rive droite du Danube^
et prit position derrière le Lech.
Xj'armée française vint passer le
I^anube'à Hœchstett (i), DîUengen
^t Lanmgen. Le passage de ce fleuve
^ 1 ) Cette ^ille a donné son nom à deux fameuses
"^^illcia ; Time gag^née par les ii*an^^ais y commandes
P^i* le maréchal de Viliars, contre les impériaux ,1e
^ Septembre 1703 ; Pautre fut perdue l'année sui-
^^te par les mauvaises dispositions des généraux
•^^llard et Marsin ; c'est un des plus grands revers
^^'ayent )amai8 éprouvés les armées irançaises.
XJne singularité remarquable c'est que notre armée
^ , •'H'va à Hœchstett le i3 Août , jour aniversaire de
^tte bauille , et qu'on y retrouva quelques-uns des
^apeaux qui y «voient été perdust
D
/
(4a)
8'exécutâ le 2 fructidor ^ et le même ^
jour Tarmée prit position derrière la -^
petite rivière de Zusam.
li'archiduc ^ après avoir rassemble -^^
ses forces derrière le Lech, repassa -^^
aussitôt le Danube à Inglostadt , jt -^
la tête d*un gros corps d*armée , dans ^^
le dessein de tenter un effort contre ^s
l'armée de Sambre et Meuse , de -^^
concert avec Tannée de Wartenslc
ben. Ce mouvement , qu*il noua
déroba assez adroitement , augmenta -^^^
considérablement les forces qu*il di— :
rigea contre cette armée.
Jugeant la position du Zneck (2)J^^>
'(2) Ee ZiecA -pTénA sa «otnrce flans les montffgves è^^""^^
Tyrol » *i coule du sud au nord dans une dûrection pcr^ ^ ^^
|le»ndicidaîte à celle du Danube, où il se jette, à u^^^" '^
mille aU'desiBous de "DonaTrert. tî'est une rivière tou^^^*^
tueuse , dMit le lit est fort large , et qui ne présent^ ^^
pas de gués 'fixes. Par les difficultés qu'elles présent^' -"^
au passage H'tine armée, et a l^tablissement des ponti^^^^'^
elle foxme une très-bonne -ligne de défense.
( 43 )
inattaquable , rArchiduc y laissa ,
quoîqu'inférieur , le reste de son
armée sous les ordres du général
Latour , avec une garnison de trois
bataillons dans Ingolstadt.
Si Ton eut été averti du mouve-
inent de rArchiduc , on aurait dé-
taché un gros <îorps de troupes à
sa poursuite , pour dégager rarmée
de Sambre et Meuse j ce parti aurait
pu néanmoins avoir ses dangers j
cependant le général en chef se dé-
termina à passer le Lech , et à atta-
quer vivement, le général Latour ,
afin de pénétrer en Bavière par une
marche rapide , espérant forcer. ainsi
l'archiduc à revenir au secours de
cette province , et sans doute au
ïDoment où il fut informé de sa
ïûarche , ce parti était le seul k
Iptendre.
i
' (44)
CHAPITRE VII.
Fassage du Lech. — Bataille de
Friedberg.
JLi* A R M i £ s'avança vers Augsboiirg
le 5 fructidor , et rejeta derrière le
Lech les avant- postes que l'ennemi
avait encore à la rive gauche. Ce
dernier , en se retirant ^ brûla les
ponts de Rain et ceux d'Augsbourg.
La journée du 6 fut employée à
la reconnaissance des gués^ et aux
préparatifs nécessaires pour la re-"
construction de ces ponts.
Le lendemain ^ à la pointe du jour ^
toutes les troupes se trouvèrent ras-
semblées près de la rivière pour^en
tenter le passage j Taîle droite passa
la première à un gué près de Hans-
tétten f que les ennemis ne connais*
salent pas y et qu'ils avaient négligé
de garder. L'infanterie traversa avec
assez de peine, à cause de la rapidité
du courant j mais qui peut arrêter
Tintrépidité française ? les soldats
avaient de Teau jusqu'aux aisselles,
et portaient sur leurs têtes leur gi-
bernes et leurs fusils. Les généraux
Abattucci et Montrichard , le chef
de brigade Cassagne , et l'aide- de-
camp Savary mirent pied à terre ,
et se jetèrent dans l'eau à la. tête
c3es troupes pour leur donner l'exem-
ple. Le premier peloton fut en-
t:raîné par la rapidité du courant j
xsais au moyen des prompts secours
qui lui furent donnés , très - peu
d'hommes furent noyés (i).
( I ) Cet accident, loin d'altérer le courage de
ceux qui devaient ^uiyre^ ne fut pour eux qu^un mo-
tif de plaisanterie , et le sujet de qtuelqtues jeux dt
moti.
(46)
Lorsque deux deini - brigades , un
régiment de dragons, une partie de
celui du huitième de laussards, deux
pièces d'artillerie légèrç, furent for-
més, on se porta aussitôt sur Kus*
$ing et les hauteurs de Maringen ,
dont on s'empara facilement. L'en^
nemi ht aussitôt avancer par la
plaine^ huit escadrons soutenus d'une
compagnie d'artillerie légère , et par
la hauteur deux bataillons d'infan*
terie. On résista au premier effort
de ces troupes , et on se tînt sur la
défensive jusqu'à l'arrivée de quel*
ques renforts : alors on reprit l'of-
fensive et on parvint à Téloignen
Pendant que l'infanterie combattait
sur les hauteurs de Kussing , la ca-
valerie qui venait de passer , renfor-
cée de deux régimens de la réserva ,
p'ayança à travers la plaine qui s'é-
tend entre le Lech et le Paar , pour
joindre la gauche de notre aîle
droite avec les trovipes du centre ^
afin de faciliter le déploiement de
celle-ei , mouvement nécessaire pour
faire une attaque vigoureuse sur le
flanc gauche de V^i^nomi , campé
sur les hauteurs dp Friedberg, aus-
sitôt que Taile droite eut passé le
torrent et gagné les hauteurs de
Kussing p le général Saint-Cyr com-
meiiça son attaque par un grand feu
d'artillerie et de mousqueterie ^ et
parvint à éloigner les Autrichiens
des bordfi du Lech et des dieux ponts
de cette rivière, ce qui lui donna
le moy^n de feire passer un corps
de troupes assez considérable : ces
troupes «'eurent pas plutôt passé ,
qu'elles chassèrent lés ennemis des
h(yh qui hordent le Lech , et qu'elles
s'emparèrent du village de Lechau-
(48)
Ben, où les Autrichiens leur aban-
donnèrent cinq pièces de canon.
Aussitôt que le surplus des troupes
du centre et Tartillerie , ainsi que
la cavalerie de la réserve , furent
passées , on prépara l'attaque du
camp de Friedberg.
L'aîle droite et le centre de notre
armée engagèrent le combat, et re-
poussèrent les Autrichiens : ceux-ci
commencèrent alors leur retraite par
les routes de Munich et de Ratis-
bonnej mais l'avant-^garde de notre
aîle droite avait déjà gagné la pre-,
mière de ces routes pour leur couper
la retraite , tandis que le général
Saint-Cyr les pressait de front. Une
partie de leur colonne fut rompue ,
mise en déroute , et rejetée dans les
bois avec perte de toute son artil-
lerie.
Le
(49)
La première division du centre
s'empara de Friedberg et des hau-
teurs 2 au moment où l'ennemi les
abandonna , et Ton se mit à sa pour*
suite. Sa retraite se fît alors dans le
plus grand désordre, et devint une
déroute complette. Nos troupes s'a-
vancèrent ensuite , sans éprouver de
résistance, jusques sur la route de
Neubourg à Friedberg, et ramassè-
rent les débris du corps de Latour^
cent prisonniers 9 trente chevaux et
six caissons.
Le général Vandame , à la tête de
la cavalerie légère , poursuivit Ten-
nemi dans la vallée de la Paar , et ne
s'arrêta que lorsque la fatigue des
hommes et des chevaux ne, lui permit
plus d'avancer davantage.
On prit en tout, dans cette journée,
dix-sept pièces de canon , deux dra-
peaux et près de deux mille prison*
nierg. £
(5o)
CHAPITRE Vil.
Marche de V armée en Bavière. —
Combat de Geisenf'eld.
Xj e Lech passé ^ l'armée $*avança en
Bavière , sans éprouver beaucoup de
résistance ; le corps de Latour ayaitt
beaucoup de peine à se rallier. L'en-
nemi s'était retiré derrière Tlsèi^p t
nous cédant toujours le terrain ^ sâiis
nous le disputer.
Le i5 fructidor^ au matin 9 a« mo-
ment où toutes nos troupes étfident'
en mouvement pour exécuter les dif-
férentes attaques projetées par le gé-
néral en chef , nos avant-pcirstes .de
l'aile gauche furent vivement atta«
quée vers Geisenield ^ notre ftvaHt-
garde fot repo<as8ée. Cet échec fot
bientôt reparé au moyen des secours
(Sx)
qui Aftiyj^çi^t mçGe^aiiiùment et qui
rétablirent le combat. La cavalerie
die rennemiy deux fois plus ^om-
bseuse que la nôtre ^ fut jetée en dé-
sordre dans les endroits les plus pia-
réoiigeux des prairies, ce qui détermi«
na rennemi à se retirer jusques dans
les bois de Geisenfeld. On envoya da
IHnffkntetrie à $a poursuite d^ns ce
bols; mais la Auit empêcha qu'on
oe le po^wd^ bien loin.
T^ trois oorp^ de NeuendorfF, de
Lutour et de Maxicantin , s'étaient
lénpia contre une seule division de
Tfdtle gauche, jointe à la cavalerie de
téserve 9 cette supériorité n'empêcha
Ifts rimnjspii d'échouer dans son en*
JirRpnse ; et il finit par être repoussé
Arec per^ie de douze ce^ts hommes
tnés ou blessés, trois cents prison*
tàien, cent chevaux iet un obusier.
(5a)
Ce revers jeta un grand décourage*
ment dans l'armée autrichienne , et
mortifia sur-tout sa cavalerie amenée
de devant Sambre et Meuse, qui , sur
les prcPmessesdeses offîciers^qui dépré-
ciaient sans cesse nos troupes , s'était
flattée qu^elle les battrait avec la plus
grande facilité.
L'ennemi repoussé à Geisenfeld i
et battu sur presque tous les pôiiiti 9
n'entreprit aucune nouvelle attaque,
n paraissait décidé à nous céder tbn-
jours le terrain , sans résistance. Peui'
être son dessein f ut41 de nous engager
à nous avancer témérairement entit
l'Isère et le Danube , afin de pouvoir
tomber avec avàntagesur l'un on Tau*
tre de nos flancs , soit par les déboU*
chés du Tyrol, soit par la tête ^
pont d'Ingolstadt.
Le 17 , Tavant-garde de notr0
centre attaqua un corps de trois ba-
(53)
taillons et de neuf cents clievaux qui
couvraitFreysing. L'ennemi fut pous*
se si vivement, qu'il n'eut pasletema
de couper le pont de l'Isère , dont on
s'empara : ce qui nous rendit maîtres
du passage de cette rivière.
Le 18, le général en chef fît faire
les mouvemens et les reconnaissances
nécessaires pour préparer ce pas-
sage.
Le 19 j Le corps de bataille fit un
mouvement en avant ; le même jour ,
l'ailie droite essuya un revers , un fort
parti ennemi la tourna et se porta
sur nos derrières , à Dachau , où il
nous enleva un parc d'artillerie.
Pendant qu'gn faisait des disposi-
tions pour attaquer en règle la tête
4u pont d'Ingolstadt , l'aile droite et
le centra firent un mouvement en
■ ayant ,*le a i fructidor. L'avant^garde
de l'aile droite se porta sur Mosbourg,
(54)
en chassa rejinemi , s'empara da pont
de llsèreet fit centprisomiien. Celle
du centre attaq-ua Mainbourg , en dé^
logea l'ennemi , et lui prit quafï*
cent cinquante hommes avec vam
pièce de canon ; celle de la gaocbe
se dirigea sur Neustadt ^ d'où ele
chassa également les Autrichiens.
Cependant^ au milieu de tant de
succès , la position de notre année
commença à devenir inquiétante j on
ne recevait plus de nouvelles de rsar^ :
mée de Sambre et Meuse que par les
gazettes allemandes j ks convoie àfi
munitions et les courriers couralkiÇ
risque d'être interceptés par les pay-
sans insurgés sur les derrière» àel*ap*
méci II pouvait arriver d'ailleuré qtt^
les corps rétmis des géfté^à«c Wolfl^
et Saint- Julîeil ^ bSén supériettrs à Ut^
division qui leur était opposée \ s'em-
paràflietit de Brégenz et de Lindau p
(55>
et nous ô tassent ]:*af pui du IsifCàeCotts^
tance. L'enneini paraissait ne cher-»
cher qu'à temporiser » 9011$ éçàksh
pant toujours , et nous cédant le ter*
rain , chaque fois que nous voulions
le combattre. Il y avait lieu de présu-
mer qu'après avoir réussi à éloigner
Tarmée de Sambre et Meuse , TArclii-
duc reviendrait contre nous avec
toutes ses forces , et chercherait à dé-
boucher sur nos derrières. Ces consi-
dérations puissantes déterminèrent
le général Moreau à faire faire un
mouvement rétrograde à Tarmée ,
pour qu'elle prit une position plus
resserrée , en attendant que celle de
, Sambre et Meuse reprit l'offensive ; et
pour aider à la dégager ^ il résolut de
porter un corps sur la rive gauche du
Danube , pour inquiéter les derrières
in prince Charles , pendant que le
festederarmée se resserrerait sur Neu-
(56)
htiuTg , pour contenir le corps de La*
tour, et mens^cer de le prendre en
flanc , en cas qu*il voulut se porter
sur Ausbourg.
■ I ■ I ■ I ■ <« . ,1... ... Il .mm
CHAPITRE VII i.
Commencement de la glorieuse rc"
traite de V armée de Rhin et Mo-
selle. — Combat de Neubourg.
JN ous ayons suivi rarmée de Rhîa
et Moselle dans sa marche triom-
phante 9 des bords du Rhin à ceux
du Danube et de Tlsère ; nous lui
ayons vu parcourir dans un înter-
"valle de huit décades tout l'espace
€^\ s'étend de Manheim à Munich ;
3Q0US ayons esquissé le récit de cinq
grandes, batailles et .d'une multitude
de cotn))ats , dont elle sortit toujours
victorieuse. On y a la yoir ayec inté-
'fit fournir une carrière plus difficile
et plus périlleits#^ lentîèrement enyî-
ronrié d^ennemis , livrée aux plus
gr'ânids dangers^ elle y a commencer
(68) .0,
sa fameuse retraite ^ ( i ) qui n'est
pas moins admirable par la constance
et le courage tranquille du Mldàty
que par le génie du chef qui Ta di*
riga y et qui sera citée dans tous les
siècles comme un véritable prodige.
Avant d'en faire le récit, il est in»
dispensablc d'indiquer qu'elles étaient
les positions respectives qu'occur
( I ) On a voula cùmpatet^ je M 9fli» p^m^tt^ /
H retraita de Moreatt «t«C celle du 3ié«4|^io|i|
pour en rcleyer le mérite. On a fait une comparaison
fausse. Xénopbon effectua sa retraite au milieu d'une
atmée non aguerrie et de penpWa làdita^ mobs et «T»
fémînëe. Morean op^ra la «iéime au mitie^des fUi^
grands dangers ^ entouré d'ennemis forn^idables, et
trois fois plus nombreux , ayant à combattre en même
tems ràpr^é d*un sol aride | liérisé de' rMàeWy d*
bais y dcr gorges et de défilés^ naé masse ifoseMedé:
paysans insurgés qui le harceUient. continaelleinent
éûr ses derrières. La retraite de Jtënbplibn est celfe
d'an espitaîne ezpérlmcftld, ééXYé ai IHtotctaiA eit.À-
fridt du génie et des cômbinaisens les plus savante».
Tout fut calculé dans cette célèbre retraite juiqu^inx
évènemens , qui n'entrent point dans Votait ordfcMsxe
dos probabilités bumainca*
( % )
paient les deux armées y à l'époque
où elle commença à s'effectuer.
La première division de l'aile droite
étaiit partagée en deux brigades ; l'une
en ftvaint de Bregeuz ; l'autre , à
Kempten^ avait en opposition les
corps des généraux Wolff et Saint-
Julien : celui du général Frœlich était
au pied des montagnes du Tyrol vers
les sources de l'Isère.
L'avant-gardé de la seconde divi-
sion de l'aile droite , était à Munich,
opposée au corps de Condé , qui était
de l'autre côté dé l'Isère.
Le reste de l'àîlè droite était à Frey-
Bingeii et à Ktosbourg.
Le corps de bataille j composé du
cettfi-ëy dé l^dh ga^dke et de la
rétetve*,- oc^^pâh-te pMîrioW dé Gti^^
senfeld et celle devant la têce de pont
<l'IngoIstadt ^ arec des avant-gardes
^ Maitibourg et à Keustadt,
( <îo )
Le corps Je bataille Autricliieny
du £;êi!enil Latonr, était partagé
entre lui, les giénéranx Mercantin et
Deway , et campaient anx enTironi
de Londâhut , partie derrière llsère.
La division de Neaendorf , yenne
de devant Sambre et Mense , conyrait
RAtisbonne. Elle était postée à Abens-
berg.
Le 24 irnctidor^ le général Dessaîz
alla vers Nurembei^ ponr inquiéter
les derrières du prince Charles.
Dans la nuit du a4 au aS , il mar^,
cha à Neubonrg , où il passa le Da«
nube pour cette expédition ^ et se
la route d*Aichstett. .
nuit rânnée quitta
IpourneTenir
quitta en même
*-* "ttTÎntpnndrs
..( 6i )
)n'i en avant de Frîedberg,
couvrir les ponts du Lech.
26 , le Corps du général Des-
saix dépassa Aichstett , et envoya
* des partis fort loin. Cette journée
et celle du 27 furent employées à
faire prendre à l'armée une nouvelle
position derrière Uhterstadt ; on laissa
un corps en avant de Neubourg , et
des postes avancés à Pœttmès.
Le 28^ les ennemis^ qui marchaient
à la faveur d'un brouillard très-
épais , attaquèrent^ à Timproviste,
les troupes qu*on avait laissé pour
couvrir Neubourg , avant qu'elles
eussent eu le tems de rectifier leur po«
sition. Malgré la vive résistance dé
nos troupes , elle se virent à la fin
Forcées de céder au nombre ; mais à
l'arrivée de l'infanterie delà division
Ouhesme^ elles commencèrent à re-
prendre l'avantage du combat. Après
quelques succès nous f&mes obligés
de rétrograder. On fit la retraite sans
aucune perte.
La cavalerie autrichienne y en se
retirant , le long du bois de Wes«
heringi qui est bordé de marais , fut
culbutée et mise en désordre j elle y
perdit quatre-vingt chevaux et autant
de prisonniers.
Un demi-bataiUon d'infanjerie lé-
gère et deux escadrons incomplets
de hussards , placés à Pœtmès ^
avant garde , furent attaqués, jp^v le
corps de Çondé. Forcés de cé^cir ^
ce corps nombreux qui av^t reçiii}.dè
nouveaux rjenforjts , ils abandonne-
ront Pqettmès et $e retirèrent à Frnck.
Le général Dessaix , dont l'expé-
dition avait été trop tardive pour
intercepter les convois du prince
Charles y et qui d'aillemrs pouvait
(63)
étre^eoopé , «ut l'ordre de rétrograder
et de se rapprocher de rarmée.
Le 39 , le centre et vfve partie de
l'aiie gauche repassèrent le Danube ,
et prirent possesdon eiftre Rorafeld
et Kenbourg. On attaqua rewneœi
dans les bois de ZcU et de Fruck , et
Mlle raœena jusqu'à Weihering.
Les partis ennemis pénétrèrent sur
la route de Rain à Neubourg, et
nous enlevèrent un commissaire des
guerres et quelques charettes de
Tivandières.
Le 3o , le corps de Dessaix ayant
repassé le Danube ^ la totalité de
l'année se trouva sur la rive droite
de ce fleuve.
Le premier jour complémentaire ;
û#chassa l'ennemi de Pœttmès ^ et
on le força à^e retirer à Portenau ,
derrière * des marais .
Le deuxième ; Tarmée continua sa
(64)
marche de flanc , et porta sa dro
à la Paar ; no3 avant-gardes poi
sèrent celles des ennemis jusques y
Schrobenhausen , et leur firent v
centaine de prisonniers. L*aîle dro
fit un mouvement en avant sur
route de Munich , et parvint à ré
blir sa communication avec le gr
de Tannée. *
( 65 )
C H A P I T R E IX.
Sortie des garnisons de Manheint
et de Philisbourg. -^^ Attaque de-
Kehl^ de. vive Jbrce^yle a complet
rmentaire > par Vennéjni.,
A. V A N T de poursuivre les opéra-
tions de la retraite de l'armée de
Rhin et Moselle , il est nécessaire de
se rappeler qu'après la bataille d'Et-
lingen 9 l'armée^ eu s'avançant sur
le Necker , laissa en observation des
garnisons de Manheitn et de Philis-
bourg , "un corps de troupes composé
d'une demi* brigade et de deux esca-
drons de dragons y sous les ordres du
général Scherb. . r
Quoique ce corps fat très • infé-
rieur aux garnisons réunies de ces
d(mx places^ etconséquemment beau*
F'
(66)
ccmf^-^op .&ibU pour reiDjilir ton
objety et assurer la commiam cation de
l'armée à une aussi grande distance
q(ie<)eUe ok elle se trourah paryentte }
l'èmiemi n'dsa rien entreprendre to«t
l^tems qne nos troupès' furent éga«
lement yictorieusea dans les deux
années. Ce ne fut qu'après lee pre-
miers succès du prince Charles qœ *
ces garnisons se montrèrent hord de
leurs murs , et que des rassemble^
mérïs de paysans attaquèrent nos
convois, harcelèrent nos derrière^' y
et que dés partis de Philisbourg 8*«-
•vancèrent sur la grande route de
Stuttgardt jusqu'à Pfortihèîm. - '
Le 19 fructidor , le général ëchëA
prévenu qu'il serait àttitqtié dâiïs M
position de Bruschal , pâf là^gattiîSdil
de Philisbourg et urie èoloxiHé de
paysans , prévîfit l'enufemî et Fatfà^
quale 18 à Ôbstadt. L^enxtetaii ib«^
(«7)
repoufiaddans ses places , la bayonr
nette dans les reins , ayec une pertçi
considérable.
, -Le 9tO ^ les Autrichiens se montré^
rent de nouveau à la même position >
%t furent également repoussés. Us ne
oessjèrent dès -lors de harceler nos
arant-postes^ qu'afin de masquer les
mouvemens qu'ils se proposaient de
&ire y' pour nous tourner et nous
couper la retraite.
he aj , k l'entrée de la nuit , les
petits corps détachés sur nos flancs ^
furent attaqués yivement et forcés
cle se retirer sur le corps principal ;
ce qui détermina le général .Scherb
^ se retirer entièrement sur Kehl |
ayant reçu Tavis qu'un corps consi-
dérable d'infanterie et de cavalerie
marchait contre lui , et que ce corps
Seyait être renforcé par les garnisons
da^Manhcim et de Philisbourg , jpiour
(68)
reponssersa division^ s'emparer de
Kehl de vive force» et se porter dans
les vallées de la Renchen et de la
Kintzig , aiin de priver notre armée
de toute communication.
Du 27 an 28, le général Scherb
commença sa retraite , et força tous
les passages l'épée à la main.
Il arriva à Kehl , le 29 à onze heures'
du soir , après avoir été continuelle-
ment harcelé en flanc et en quene.
Cette retraite fut si bien conduite p
que cette division , presqu'investie ,
n'échappa à Tennemi qu'au moyen'
do iri^s-habiles manœuvres » qui lui
df^robètx^nt en partie sa marche » et la
miiivc^rcnt d'une perte presque cer-
tniito.
11 n'y avnît alors pour toute gami-
H(\\\ dans Kehl, qu'un bataill on d'une
dt^iul-brigade, avec quelques débris
d'une autre ^. qui y avaient été placés
(<î9)
pour les trayanx. Les ouvrages qu'on
y avait commencé^ après le passage
du Rhin , n'étaient qu'ébauchés , et
n'avaient pas reçu la perfection né-
cessaire pour les mettre à l'abri d'être
emportés de vive force.
Le général enchef^ qui avait sage-
ment prévu tous les évènemens , avait
détaché de l'armée une demie- bri-
gade d'infanterie avec un régiment
de troupes à cheval , pour marcher à
grandes journées au secours de ce
fortj mais ce corps, parti de l'armée
le 2,2. fructidor, n'était pas encore
arrivé.
Le général Scherb avec les troupes
à cheval, resta dans le camp qu'il
avait pris en arrivant sur la rive
droite de la Kintzig, en avant du
pont; et c'est uniquement au cou-
rage opiniâtre de nos soldats ,' et à
leur ëtoniiante bravoure , que la Ré-
I
(7o)
publique dût alors le salut de ce iprt ^
pour la conservation du quel on n'a*^
voit pris aucune mesure défensive.
Le 2 complémentaire y avaat. le.
point du jour, Kelil , fut vivement at-.
taqué par les troupes autrichiennes ,
partagées en trois colonnes. Leurs at-
taques eurent d'abord le plus heureux
succès. Us parvinrent en peu de tems
à se rendre maître de tous nos ouvra-
ges de la ville et du village.de KebU
et même du fort. Le corps du général
Sclierb fut entièrement neutralisé dans*,
ce premier instant , Tennemi étant ar^
rivé par ses derrières et l'ayant pré-
cédé dans KehI.
L<' général Sircé se mit à la tête de .
la 68®. dimi-brigade , et soutint le
combat dans la ville. Il fut repoussé
trois fois parla supériorité dunomhre^ .
et le feu à mitraille de quatre pièces
do canon qui enfilait la grande rue.
(70
Ce ne fol que vers sept heures , après
des efforts inouis et des prodiges de
Tolesr quie la fortune commença à
changer en notre faveur. On fit pri^-
sonnier dans le fort le lieutenant co«
lonel Ocskay ^ avec deux cents hom«
mes. Ce succès ranima la confiance
d'un bataillon qui avait plié , et qui
s'était jeté sur les ponts du |lhin. Le
gjéoérol Schawembourg accourut de
Sl^çbourg y parvint à le rallier et à
le<raniener à la charge. Cela mit à
m6a»e de mieux supporter l'attaque
impétoeuse de Tennemi , qui avait
djéjà perdu beaucoup de monde , et
qui s'épuiMit par un combat si opi*
niâtre.
- La ville de Strasbourg se trouvait
Une fgarnison ; mais on avait ras^-
fiemblé et armé à la hâte les ouvriers
des fttteliers des magasins militaires ,
et bn en avait formé un bataillon
qu'on envoya au secours ^de Kehl ^
avec les grenadiers , les chasseurs et
les canonniers de la garde nationale
Strasbourgeoisé. Ce renfort arriva à
propos , et le secours qu'il procura ^
devint décisif..
L'ennemi fut mis en désordre ^
rechassé de la ville, et par suite du
village de Kehl , où le combat dura
encore quelques tems , mais que nos
troupes lui firent enfin évacuer. A
dix heures il tenait encore dans une
redoute , et dans les dernières^ mai-
sons du village. A onze heures le
fort, la ville .^t le village de Kehl ,
eAhsi que tous, les ouvrages , furent
entièrement en notre pouvoir.
Tel fut le résultat de cette journée
sanglante et méinorable , qui pouvait
avoir pour l'armée les suites les plus
funestes. Ce né fut à- la vérité qu'au
prx d'un Êbmbat de sept heures des.
plus
(73)
plus terriEfes et des plus acharnés ;
contre des forces supérieures , qu*on
parvint à repousser rénnemi > qui
s'était déjà rendu maître de la plu-
part de nos ouvrages. Il perdit six
cents cinquante hommes tués. On lui
fit trois cents prisonniers; un obusier
et quelques caissons tombèrent aussi
en notre pouvoir. Notre perte, quoi-
que très - considérable , ne fut pas
aussi forte que la sienne.
Après le mauvais succès de cette
tentative , l'ennemi divisa ses forces
pour les porter à la fois dans les dif-
férens défilés par où nous pouvions
nous retirer j il envoya des postes très-
au loin en avant ^ et qui surprirent
et nous enlevèrent' beaucoup d'am-
bulances 9 des équipages et des admi«
nistrations.
Un Autre partie de la garnison de
IVIanheim ^ sous les ordres du général
G
(7i)
Hotae y. $a. porta sur la r9^ gaucbe
du Rhin. Il fut riçpâussé par quel*
que$ faibles détaohemens des places ^
soutenue par les colonnes-mobiles dii^
département du BasrRhin, et il se-
redxasans^avoic obtenu d'autre ayan*
tag^<que d'avoir dégradé^ les lignes^
de la Guiech^ et les fortificaticinfr de
Germesheîmré
(75)
CHAPITRE XI.
Suite de la retraité de Varmée du
Rhin et Moselle. — Bataille de
Bibérach.
Sh N interrompant un instant le ré-^
cit de la retraite de l'armée de Rhin
et Moselle , nous avons voulu pré-
senter, sous un même coup-d'œil l'en-
semble des opérations de cette armée,
dont les troupes détachées du corps ,
rivalisaient de bravoure et de gloire.
Nous allons reprendre le fil de notre
narration , et suivre de nouveau cette
armée invincible , surmontant tous les
obstacles , et se frayant un passage au
milieu des plus grands dangers , avec
uïie intrépidité réfléchie .
La situation où se trouvait cette ar-
mée était d'autant plus embarrassante.
(7<5)
que la première division de droite était
fortement menacée par des corps for*
midables d'ennemis qui , réunis , for-
maient une masse de force très-supé-
rieure à celles des généraux TVrreau
et Paillard. En effets ce dernier se
trouvait totalement cerné dans sa po-
sition , près de Kempten ; mais il se
dégagea et repoussa Tennemi , secon-
dé par le général Tarreau , et lui en*
leva une pièce de canon.
Sans aucun appui , toutes nos com-
munications interrompues ^ le géné-
ral Moreau se détermina à continuer
sa retraite ^ en prenant une position
plus resserrée et plus rapprochée ,
d'où il put détacher un corps de
troupes pour couvrir ses derrières , et
attendre des circonstances plus heu-
reuses pour marcher en avant. Il se
mit en mouvement pour prendre la
position de llller , la droite au lac de
Constance, et la gauche à Ulm. Dans
ce dessein , îl détacha quatre batail-
lons et deux régîmens de cavalerie ,
pour aller à Ulm , couvrir cette place
ainsi que les ponts du Danube , et re-
pousser les partis ennemis venus de
Manheim par Stuttgard , qui s'avan-
çaient jusqu'à Gcfeppingen.
Ce détachement, malgré sa marche
forcée pour se porter à Uhn , n'y
précéda que d'une heure la division
ennemie de Nauendoiff , qui avait
marché par la rive gauche du Da-
nube , et qui se fut trouvé sur les der-
rières de l'armée , si elle eut pu passer
ce fleuve.
Les dispositions deTarmée se trou-
vant faites pour repasser le Lecli ,
cette opération s'effectua le 3 com-
plémentaire. Toutes^ les précautions
forent prises pour qu'aucun corps ne
fut oublié , et pour que les avant-
(7B)
gardes ne pussent être attaquer avec
avantage. Quelques mouvemes feints
sur di£Pérentes positions , avaient
trompé le général Latour^qui^ croyagat
qu'on voulait l'attaquer , avait rétijo-
gradé , et nous fit gagner par-là plu-
sieurs marches sur lui j ce qui fissura
alors davantage la retraite qui s'opé-
rait.
Notre aîle droite et le centre repas*
sèrent le Lech sur les deux ponts près
d*Ausbourg. L*aîle gauche passa par
le Rain , et tous les avant-gardes r0$-
tèrent ce jour là en avant de la ri-
vière.
Le 4 complémentaire , l'armée se
retira derrière la Schmutter , et l'aîle
gauche derrière la Zusam , à Wer-
tingen j les avant-gardes prirent po-
sition en arrière du Lech. Le corps
du général Nauendorff la suivait par
la rive gfiuche du Danube; son avant-
( n)
gatde arriv'a k piême joilr à Nordlin-
gin et Donawert.
lie 5 , VaxÉùée prit position derrière
Ja Mimlel , la droite à Kemlat , la
gauche :à 3urgau^ les avant -gardes sur
la Ztisam.
lie premier vendémiaire an 5 , elle
prit position derrière la Guntz, la
droite à Watenweiller , et la gauche
à Bubesheim, en avant de Leipheim }
l^S:^vant-garde6 sur la Mindel. ^
X»e 3 , elle arriva sur Tlller.
Le co^psdu général Férino resta à
Memmingen.
Celui de Saint- Cyr pa«sa l'IUer sur
les ponts dlllerdissen et de Kerch-
berg.
I/aîle gauche , sous les ordres do
Dessaix , arriva à Ulin , y passa le Da-
nube , et prit position sur les hauteurs
en arrière de la Slau , la droite au
fleuve y et la gauche à Klingenstem.
(8ô)
Le général en chef qui avait d'a-
bord eu l'intention de s'arrêter quel-
que tems dans cette position , conti-
nuant à ne recevoir des nouvelles
m de France, ni de Tarmée de
Sambre et Meuse , sachant <jtie TÀr-
chiduc manœuvrait sur seâ* derrières,
que la division de Naueridorff s'avan-
çait rapidement pour se réunir à «n
corps , commandé par le général
Petrasch, crut n'avoir pas de temîlà-
perdre pour regagner le Rhin , ilré-
solut de continuer sa retraite.
Le 8 , l'armée arriva derrière le
Fédersée. Le général Férino , avec
son corps et deux brigades qu'il avait
rejoint vers Zeil, se porta sur des
hauteurs derrière la Schussen.
Le centre fut placé près de Steîn-
liausen.
L'aîîe gauche se retira par la rive
gauche du Danube jusqu'à Elingen,
(8i)
OÙ elle repassa ce fleuve ; elle aban-
donna Ulm , qui fut canonnëe vi-
vement par rennemî , et qui fut
évacué dans la nuit du 5 au 6 : cette
ûîle prit position entre le lac Féder-
sée et le Danube.
L'année était alors serrée de très-
près j elle avait en tête le général
Latour. Un corps ennemi très -con-
sidérable y joint à celui de Condé ^
menaçait notre aîle droite : Nauen-
àorlï, marchant sur la gauche du
Panube , faisait tous ses efibrts sur
notre flanc gauche ^ en essayant de
le tourner. Le général Petrasch , avec
dix mille hommes , occupait sur les
derrières les débouchés des montagnes
Noires, et l'Archiduc s'avançait avec
une forte colonne qu'il ramenait du
bas Rhin , pour s'emparer de Kehl et
de la tête du pont d'Hunîngue. Il
était à cette époque parvei^u au-delà
(»2)
du !l^ein ; une partie de sa c^ralerie ,
avait déj^ rejoint ]ie géjiéi^l ijet^^^çb^
Le 9 vendémiaire le général Lar
tour poussa son avant-garde par
Steinhausen jusqu'à Schussenried ,
où il s'engagea un combat fort vif*
Le général Saint - Cyr soutînt son
avant-garde avec son corps de ba*
taille y et cette affaire s'étendit sur
toute la ligne. Le général D^ssabs. fut
ausjsi attaqué à la gauche , /et le gé-
néral Férino à la droite , prjàs de
Rawensbourg -..par tout l'enHemi
fut repoussé aveq perte de trois cent»
prisonniers^ dont cinq of^ciers.
Au piiïieu des da.ngers sans nopi-,
bre qui menaçaient Tannée , elle ne.
pouvait continuer sa retraite ni for-
cer les passages des montagnes Noires.
S9.ns rejeter $issez loin le général La-
tour , pour s'en débara&ser au moins ■
pour quelques jours. L'unique avan-
( 83 )
tage que nous avions, fut d'avoir
nos forces concentrées , et de pouvoir
porter la niasse réunie contre les
diffërens corps qui nous cernaient
de toutes parts ^ et de pouvoir es-
pérer: de les battre successivement et
en détail. Le général en chef en sut
profiter avec son habileté ordinaire,
pour garantir son armée d'une perte
certaine.
Le premier corps ennemi que Mo*
reau résolut d'attaquer , fut celui de
Nanendorff , qui marchait pour nous
couper les passages des vallées de la
Kintzîg et de la Renchen , et qui
ayant trop d*avance , était trop éloi-
gné pour être secouru par le général
Latoun Une bataille était presque.
Tonique lessourx^e qui nous restât ;
la constance admirable et la fermeté
héroïque de nos troupes conviaient
à prendre ce parti audacieux : le
-^as- -xr-ir i^KiŒ- sot]
soarer^s. retraite. Le séx
jzxiTe X Bol
.è^sr5 ^«^suiis remues £
gg^*^* .zjâr ▼zDSv "* cxoQ nu
Z^Qcescsizxsien et Xeustac
lîmiKxtiRS étaient occn]
^tnipes aotrichiennes et
(85)
pièces de canon et deux drapeaux
tombèrent en notre pouvoir. Si notre
^île droite eut exécuté le mouve-
ment qui lui avait été prescrit, Ten-
^emi aurait éprouvé une perte beau-
coiip plus considérable , et notre
^ccès eut été plus important.
• fc
^ :^ A 7 : T 3. E XII.
"•^'''^^^^v • J;»l,iù. inricc 4BaiOSf^
c.
(87)
plus d'un combat pour se r'ouVrir
un chemin par les villes forestières
et pour forcer les gorges de la forêt
Noire.
Après la bataille de Biberach ,
Moreau ne laissa devant le général
Xatour que ce qui était indispensable
pour le contenir. Il fit passer le
Danube vers Riediingen à une partie
de ses forces qu'il destina à marcher
contre la division NauendôrfF, vers
Rotvreil et Villingen.
. Les 14 6^ 1^ vendémiaire y Tavanto
garde de cette portion de l'armée ren-
contra les postes avancés de Tennemi,
qu'elle repoussa vivement , et arriva
le 18 à Rothenmunster. 11 s'y enga-
gea un combat très-vif à la suite du-
quel les Autrichiens furent repoussés
au-delà de Rotweil , avec perte de
cent quarante cuirassiers , faits
Bonniers avec leurs cheyaux.
i
(88)
Pendant cette attaque , un autre
corps de nos troupes remonta la val-
lée de la Bregue, tourna le poste de
Villingen , après un second combat ,
dans lequel on prit à l'ennemi deux
pièces de canon et cent cinquante che«
Vaux légers.
L'armée ne pouvant plus regagner
Kehl par les vallées de la Renchen et
de la Kintzig , trop fortement occu-
pées par l'ennemi , n'eut plus d'autre
chemin pour se retirer que celui des
vallées étroites et difficiles qui abou-
tissent à Fribourg , et le passage des .
villes forestières. En conséquence ,
elle se porta , après sâ victoire , par
Moskirch et PfuUendorff , à hauteur
de Stockach et de Friedingen. Elle ar- .
riva le 16 dans cette position. Ce fut
d^là qu'on détacha une demi-brigade
pflfe ouvrir le chemin des villes fo- *
restières , et ramener à Huningue le
(89)
grand convoi des munitions et des
bagages. Elle parvint à remplir son
objet sans éprouver de grands obs-
tacles. Le reste de Tarmée continua
sa retraite en se dirigeant par Dones-
chingen. Alors, le général en ckef
ayant destiné le centre de l'armée à
forcer le passage du Val-d'Enfer (i) ,
( I ) Pour trayerscr les montagnes Noires de Neus-
tadf à Fribourg , il faut soiyre pendant deuxbear es
'mme Tallée extrêmement étroite et resserrée entre des
Tocfaers'à pic. Cette yallée ou plutôt cette crevasse ,
^u fond de laquelle coule |k torrent, et dôiit les pa-
3roîs ne sont éloignées que de quelques mètres , est ce
^n'on nomme le Val-d^enfer, c'est par oe défilé ef-
:tfrayant que la plus grande partie de l'armée a tra-
^^ersé les montagnes Noires , ayant l'ennemi en tête ,
il dos et sur les flancs. ^ \
C'est dans cette gorge que ràndacleux Villars
avoit refusé de s'engager en 1702 , lorsque l'électeur
deBayière^ le pressant de traverser les montagnes
Koîres, pour venir le joindre ce général ^ lui écrivit :
cette vallée de Neustadtj que vous me propcse{ j c'est ce
Chemin qu'on appelle le Val-d'enfer. JSé bien, que 1
altesse me pardonne l'expression, je ne suis pas 3
* fQurypasier,
H
c est ce
tev^ÊÊ
(90)
le fît sortir de la ligne , et réuplt TaSle
droite et l'aSle gaudie de rarmée en
un seul corp$ de bataille , qui devait
faire tête aux corps de Latour , Pe-
trasch et Nauendoriï'.
Les troupes chargées de forcer ce
passage , surmontèrent ayec une bra-
YOure incroyable tous les obstacles
que leur présenta la nature du pays.
Le no vendémiaire , elles attaqué^
rent, avec une extrême vigueur, tout
ce qui pccupajit^ette vallée s\ ejfr
frayante. L'ennemi fut culbuté. Une
centaine de prisonniers et une pièce
de canon tombèrent en notre p.o»yoir^
L'ennemi se retira dans le plus grand
désordre sur Emmendinjgen.
Le 21 , le centre de l'armée prit po'
sîtion êii avant de Fribourg.
.l|Xes journées du 22 , du 2,3 et du 24
nHfnt employées à faire défiler p^
cette vallée le reste de l'armée qui se
retrouva entière à la y^ du Rhin. Le
cojLYpi des munitiosis et dea bagages
passa fOf les villes ibrestières ^ pro-*
tégé dans sa marche par une partie
de Taîle droite , et il arriva égale-
jnent à Hunin^ue sans aucune perte.
Ainsi cette brave armée , dont la
situation à la fois périlleuse et inté-
ressante^ avait attiré sur son sort l'at-
tention de toute l'Europe , et que
l'ennemi s'était flatté de prendre
toute entière , parvînt à lui échapper
par les savantes combinaisons de son
chef ^ et par l'habilité avec laquelle il
sut mettre à profit la bonne disposition
des troupes ej leur inébranlable fer-
meté. Elle se retrouva sur ses frontières
après une marche de cent lieues , faite
à travers mille difficultés , et au mi-
lieu des plus grands dangers , appor-
tant avec elle les glorieux trophées
( 9» )
des victoires brillantes qui pla<
cette retraite au rang des plus be
opérations militaires , dont Vh
toire nous ait conseryé les détai
( 93 >
CHAPITRE XII I.
Ketrait^ de Varmée sur Huningue.
JLiB 24 y 25 et 26 vendémiaire se pas-
sèrent en combats d'ayant-gardes au-
delà de TEltz , dans Tun desquels on
fit prisonniers quatre compagnies
d'un régiment ennemi avec neuf of-
ficiers.
Le 27 , nos avant -postes de Taîle
gauche furent attaqués dans les val-
lées d'Enfer, de Saint-Pierre et de
Saint- Mîrgen , et forcés de se replier 5
ihaLÎs le corps de bataille de cette aîle
y conserva sa position , et tous les ef-
forts des ennemis pour déboucher par
Ces gorges furent inutiles.
Le lendemain , l'archiduc Charles
jui avait réuni toutes ses forces ,
parcha pour nous attaquer sur les
loixits.
( 94 )
L'action commença à notre gau
par Tattaque du village de Kœnd
gen } Tavant-garde de Faîle gàti
qui occupait ce village > cepojos
diverses reprises les attaques réité
de l'enneini , et l'Archiduc :fi^t ot
de marcbçr en personne k la têt
ses meilleurs corpa^ de grena.di<
pour 1^ forcer d'alpandonner çfi
lage. Sur priç^j*^ tOM It^ pc
nous opposâmes une égale résisjM^
mais comme l'ençf^mL ët^Jlt tpaîitiî
WaWkirch r et qj^e noi|S étipii^
minés p^r lés l\a,uteur$ qu'il
paif, More^iDi crut qu'il serait
pr\i4eBl; d^ rester dans nptre posît
il 4t rftir^r l'^ri^jée un peu en an
de }li^ngen:JPentzlirigen , et 1^, p
à Nymbourg , .jïi^§q«i;anî les déJ
chés de Waldkircb.
Le 29 , les ennemis nous atta
rent de nouveau dans cette poslti
(95)
ît, iùû\gté la supériorité de leurs
53rce9 el; les efforts les plus grands ,
réitérés depuis dix heures du matin
)fi$q^e$^ tr^avant dans la nuit , ils
^% pur^t réussir à npuç entamer et
4 no^â faire perdre du terrein i l'in-
fi(9terie de leur droite fut rnême très-
maltraitée dans cett^ affaire par celle
de Dessaîx.
Moreau , voyant que toutes les
forces de rArçhiduç étaient réunies ,
et qu*on aurait de la peine à se
maintenir dans le Brisgaw avec une
armée affaiblie et fatiguée par la
longueur des marches et par les
pluies continuelles , et dénuée de
' sotiliers et des vêtemens les plus in-
dispensables , prit le parti de se retirer
sur Huningue , et d'y repasser le
Bhîn.
Pour forcer Tennemi à une diver-
îîon qui put rétablir réquiiibre ,
(96)
Dessaix repassa le Bhin à Ërisacli
avec Taîle gauche > et se porta
promptement à Kehl pour menacer
les derrières de TArchiduc. Le reste
de rarniée se retira sur Huningue^
serré de si près par l'ennemi , que
notre arrière-garde fut continuelle-
ment aux prises avec lui.
CHAPITRE
(97)
. C H A.P I.T RE XIV.
'Bataille dtfensive de ScKliehgeti.
JLi'armée française n'avait qu*un seul
pont à Hunîngue pour repasser le
IRhîn , et l*enneini la suivant de très*
2>rès , il était difficile de passer ce dé-
dGlé «ans être entamé j mais on racheta
ôes désavantages par le choix (>une
tonne position, où Ton pouvait re-
cevoir la bataillei,
'On arriva le premier brumaire 'à
"Schliengen. C'est-là que Moreau, mal-
gré son infériorité ,L résolut de séjour-
^itr-pôur arrêter l'Archiduc j il avait
^ïsême quelque espoir de pouvoir s'y
^ïiâintfenîr^ dans le cas où ce général,
^tifomné-dè la marche de Dessaix vers
*Çehl , se serait affaibli d'une partiie
I
(98)
de ses forces pour les envoyer à sa
rencontre.
Le 3 brumaire , à sept heures da
matin , on fut attaqué àlir toute la
ligné f nos troupes firent une telle
contenance, que nulle part on ne
put les entamer et forcer la ligne de
bataille ; elles repoussèrent toutes les
attaques de l'ennemi avec une ex-
trême \igueur : la nuit, accompagnée
d'uj^ brouillard épais et d'un ouragan
affreux , mit fin au combat.
L'armée ennemie se trouvant au
moins double.de la nôtre, depuis
que le général Dessaix s'rn était sé-
paré , et dans l'impossibilité de se
maintenir au-delà du Rhin , Moreau
se décida définitivement à repasser
ce fleuve. L'ai:mée coi^mença cette
retraite dans la nuit qui suivit la
bataille.
V
(99)
Le 4 eU^ arriva dans la position
de Ràltingen.
Le 5 elle repassa entièrement le
Rhin à liuningue ^ sans que Tennemi
osât tenter d'entamer l'arrière-garde*
L'archiduc Charles JUissa devant
Huningne un corps assez considérable
de troupes y et se porta rapidement
avec tout le revste de ses forces de-
vant Keht.
Moreaù , de son côté , plaça près
. d*Huningue un corps suffisant pour
le contenir^ et vint avec le gros de
Tarmée dans les environs de Stra,s*
bourgs
<( ^l'OO )
,ÇH A P I T R E XV,
Siège du fort de Kekl. -^"HBuv^rture
' de la trandhée. — Sortie cotisidé^
rdble. — Evacuation de Kéhi-par
tes Français.
A.pr4« la infllheui«ei^6e feintâtî^e
-des Autrichiens contre le fort «âe
Kéhl, le a complémentaire , *Cto ne
^è 'serait ^ias imàgîiié qfu*îl Vdùiiis-
^lit l-att»qmêr inëtbbclif|ia«Hi0M , «fet ^^
1|u*ïl fot dîgtte^^es -lioiïneurs d^iin -^
siège en règle , les ouvrages alvamsës
et le camp retranché n'étant encore-
qu'ébauchés. On regardait comme
des travaux purement défensifs les
lignes 4^ contrevallation qu'ils
avaient commencées le 5 brumaire—^ •
Cependant, vers les derniers jours de
ce mois , on »e put s'y méprendre ^
( loi )^
5t l'on vit claiceipe^i^ qjM te $i^?,
éta^t résolu.
On avait commencé dans le cour
nant du. même mois à employer les
txonpes axLX travaux du fort f à les^
g.amir de grosse artillerie , et à k&
palissader.
Le général Des&aix , après avoir
passé le Rhin à Brisoch , était venu,
prendre le commandement en chefi
de ce fort, dont la garnison fut cou-
sidérablçment augmentée et l'onro-.
doubla d'ac4;iYité dans les. travaux
qui , faute de bras,; s'étaient jalenti^f
depuis le premier complémentaire*^
L'ennemi de son côté ne perdit pa^
un instant pour perfectionner ses li-
gnes de contre vallation^ Lorsque nos
Qu vrages p^rurenX asse^ avancés, pour
se permettre de l'attaquer aveej q^uel-
que avantage, le général Moreau se
lécida à faire un effort pour le fbçcc r
( i«>a )
à leyer le blocus , où du moins pour
lui en imposer par une tentative au-
dacieuse.
Le premier frimaire , pendant qull
ouvrait la tranchée sur la rive droite'
du Kintzig , on se disposa de notre.
côté pour une sortie considérable..
Le !2 y au point du jour nos troupes
marchèrent avec audace pour atta-
quer la gauche des lignes de contre*
vallation entre la Kintzig et le Rhin:
elles débouchèrent de Tisle d'Erlen-
rhîn et de la gauche du camp re-
tranché. Une de pos colonnes força
les] deux premières redoutes qui
appuyaient ces lignés aux bras du
Rhin j une autre y pénétra vers le
centre et s'empara de Suntheim et des
deux redoutés contigues à ce village j
mais trois autres redoutes intermé-
diaires entre ces deux trouées^ n'ayant
pu êlre enlev^ées , et le restçde nos
troupes, destinées à soutenir celles qvl
avaient fait ces premiers efforts ,
n*ayantpu arriver et se déployer assez
tôt, on fut obligé d'abandonner les li-
gnes de Tennemi , et de se retirer
dans le camp retranché , après un
combatdequatre heures. On fit aux Au-
trichiens sept cents prisonniers j sept
pièces de canon et deux obusiers tom-
bèrent en notre pouvoir , et on leur
encloua quinze bouches à feu , qu'on
ne put ramener faute de che.vaux.
' Cette sortie vigoureuse causa à
Tennemiles plus vives alFarmes. Tous
ses généràu:x et l'Archiduc en per-
sonne se portèrent à la trouée que
nous avions faite. Toutes les forces
autrichiennes se mirent en mouve-'
ûient. L'ennemi fit les plus grands
efforts pour nous faire abandonner
la partie des lignes , et favorisé par
ua brc^uillard épais qui nous empê-
ckait de nous, reconnaître i et par
rhumidité du terrain , qui ralentis-
sait la marche de nos colonies , il
réussit à rentrer dans ses ouyragips^ Noa
généraux et nos soldat3 y firent doSr
prodiges étonnons de valeur. Marefina^
qpi s'était porté au plus fort de l'ac-
tion, reçut une balle morte à la tét«>
le général Dessaix eut un cbeval tué
sous lui et une forte contusioii à^ là-
jambe : le général AutricHeh, Lar
tour, eut austsi un cheval tué.
Malgré Tinfériorilé du: nombre,, et .
les nombreux obstacles que Ton eût
à vaincre ,, nous nous retirâmes en
bon ordre dans nos ouvrages^. Le.
mauvais tems, la lenteur du déploie-
ment des tjqQupe^ , .qui.n'avaient qu'i^.
débQucJiQ poui^ déiiler , furent caitôe,
q.ue cette affaire n'eût, pas tout le
succèsqur'on s'en était promis ; elle fut
très^sanglaurtei,, 4?t il y eut de part et
< io5 )
Tantre un très -grand nombre de
blessés.^
L'issue de cette journée décida du
tprt de Kehl ;. en démontrant à
M^C^auet D^ssaioL que l'ennemi était,
trop biien retranché |t etnctu^rresser-
rait trop' par. ses ouvrages , pour
nous permetïtre de pouvoir déployer*
un corps de • troupes assez considé-.
rable pour le forcer à lever le bloeus,.
et ce fort (i) dut par conséquent sue-,
combe^r par la suite sous une attaque
régulière.
( I ) Ce siège est letjroisiôine qu*ait soutenu^cette
forteresse , qui fut d'abord construite et fortifiée sur
les dessins du maréchal de Vauban , auiant pour la dé-
fense de Strasbourg que pour le prissage du Rhin.
Eu 1703^ le maréchal de Villais f mit le siègâr en
bhrer , et le conduisit plus brusquement et avec moirs
de méthode que les ingénieurs ne le voulaient. La
tnmchée fut ouverte lé 2J février , et la place capin
la le xo. Mars,
En 1733 , le siège de Kebl j fut la première opérai
tîon de la guerre ; le maréchal de Berwick s'en em-
para le 28 octobre, le dixième Jour de l'oareiture da
la tranchée.
('io4 y
ckait de nous- reconnaitre i et par
rhumidité du terrain , qui ralentis-
sait la marche de nos colonies ^ il
réussit à rentrer dans ses ouvrages. Noa
généraux et nos soldats y firent da^
prodiges étonnons de valeur. MorejBua^,
qiii s'était porté au plus fort de l'ac-
tion, reçut une balle morte à la tête ;..
le général Dessaix eut un. cheval tué
sous lui et une forte contusion àla-
jambe : le général AutricWeh, La-
tour , eut aussi un cheval tué.
Mal^é rinfériorilé du- nombre,, et .
les nombreux obstacles que Ton eût
à vaincre , nous nous retirâmes en,
bon ordre dans nos ouvrages^. Le.,
mauvais tems , la lenteur du déploie-
ment des tjï{oupa§,iq^ui.n'avaient.qu*i^.
débQucJiQ poui^ dé£ier , furent cause,
q.ue cette affaire n'eût, pas tout le
succès qu'on a^en était promis ; elle fui:
très -San glaiite;,. €t il y eut de part et
< 1^5)
d'antre un très -grand nombre de
blessés.^
Llssue de cette journée décida du
fort de Kehl ; en démontrant à
MoTreauet Dessau que l'ennemi était,
trop bien retranché ,c et. noujçr resser-
rait trop par. ses ouvrages , pour,
nous permetître de pouvoir déployer*
un corps de • troupes assez considé-. '
Table pour le forcer à lever le blocus,.
et ce fort (i) dut par conséquent sue-,
combe^r par la suite sous une attaque
régulière.
( I ) Ce siège est le U'oisiàme qu*ait soutenu^cette
forteresse , qui fut d'abord construite et fortifiéç sur
les dessins du maréclial de Vauban , auiant pour la d(!-
fense de Strasbourg que pour lé pfissa^e du Rhin.
En 1^63^ le maréchal de Villars f mit le siègai en
hiveri et le conduisit plus brusquement et avec moirs
de méthode que les ingénieurs ne le voulaient. La
tnmchée fut ouverte le si5 février , et la place capir*.
la le 10 Mars,
En 1733 , le siège de Kebl , fut la première opérai
tîon de la guérra j Te maréchal de Berwick s'en em-
para le 28 octobre, le dixième Jour de roareiture da
la trancbée.
îi^V
(io6)
Après cinquante jours de tranchée
ouverte , et cent quinze jours d'inves-
tissement , ce fort ne fut plus en état
de soutenir une attaque de vive force
un peu vigoureuse j presque toutes les
palissades étaient renversées , les fos-
sés comblés en partie par des ébou-
lemens de parapets j Tarrivée des
renforts étant devenue très-difficile ;
vouloir s*y maintenir encore , c'était
s'exposer à perdre entièremeht les
troupes et l'artillerie qui servaient
à sa défense et dont la retraite était
impossible. Ne pouvant se promettre
de le conserver lopg-tems , on se dé-
cida à l'évacuer.
Le général Dessaix fut choisi par
Moreau pour négocier avec l'enne-
mi. Il résulta de cette négociation
que Kehl serait évacué par nos troupes
dans vingt-quatre heures , qu'elles
sortiraient avec armes et bagages ,
( 1^7 )
tembour battant , drapeau déployé ,
et qu'elles emporteraient tout ce qui
leur appartenait.
Au moment de cette capitulation ,
l'armée firaijçaise , horriblement fati-
guée d'une défense aussi longue que
périlleuse , continuellement au bi-
vouac au milieu des frimats , les
c^hevaux de transport périssant de
Paim , faute de fourage, tout pouvait
)ustifîer l'abandon de Kehl à Tenne-
mi , avec plus de cent bouches à feu
et des munitions d'artillerie , cais-
sons I ect* Dessaix ^ aussi brave mili-
taire que négociateur habile ^ sauva
le tout à la République; il persuada à
l'ennemi que son camp était .miné ,
Bt que le général en chef était dans
'intention de le faire sauter } que ce-
>endant , pour épargner la perte de
)lusieurs milliers de braves , les fran-
iai9 . préféraient de se retirer de
( io8 )
Kehl , et emporter tout leur àttiraril
d'artillerie.
Les envoyés de Tarchidlic Gheivks-
consentirent à ces propositions ; oh
apprît à la brave garnison de Rebl
la suspension d'armes de vingt'-quatré
heures , pour évacuer ràrtilîerie , eti
sa sortie honorable pourle leifdènîHaî».'
Aussitôt les canonnîers- enîtevèrènfeS^
bras les pièces de positîoin- , -et -les
traîmèrentsur la rivé gauchedu R4iif)|
chaque soldat de ligne emporta on*
traîna voiture , boulet ou paiissades;*
en un mot , on évacua en vingt-quatre
heures, cent dfeux boucha à feu, un-
grand nombre de voitures , toutes les'
palissades ; on ramassa même jos-t
qu'aux boulets ennemis- > éclats d'o-»
buses , bombes^ etc. Les Autriiohiens,
témoins de ce courage, enfuiieh&&ap-:
pés d'étonnement ; on entendit de&:
soldats français leur dire en allemand:
( 1^9 )
tous ne te laisserons pas un clou. En-
in y le ^1 nivôse , les français sous les
iFii3€S f et commandés par le brave
Dessaix , livrèrent aux autrichiens le
terrain de Kehl , couvert de redoute
qu'ils furent obligés de démolir , un
(brtraséet une ville brûlée. Ils repas-
B^reUtJe Rhin , avec armes et bagages,
tembpur battant^ mèche alumée ,
drapeaux déployQS > laissant à Tenue-
SE^i l'écifloir de trouver un fort et des
mines :qui n'-existËbient pas*
Leisi^e de Kehl est une des'plus
toiémor^les et des pkvs célèbres q;^e
puiôsse offrir lliistoire.
D'une part , on vit ^ne armée
•noinbrQuse , , fière d'avoir forcé son
ennemi à la retraite , commandée
ipax nom. prince à qlui 9a haute "nais-
sance donnait' un pouvoir magique
e«r4es sqldats déjà courbés sous le
fe^'d^ne discipline^ d^antlant plus
(no)
Stricte qu'elle approche de 4a servi-
•4nde j on la vk "déployer tout Tapa-
reil d'un grand siège contre des re-
tranchemens encore informes , mais
dont la conquête est d'une extrême
importance. Rendue circonspecte par
le mauvais succès de son attaque du
2 complémentaire an 4 f ^lie en
adopta une autre' qui dut la con-
duire à un succès assuré , mais tardif;
elle suppléa à l'audace qui lui man- i
quait par l'immensité de ses travaux;
fit le siège de quelques ouvrages d^
tachés , déploya une artillerie fonm-
dable contre des masures occupées
par des tirailleurs. Néanmoins , par
l'opiniâtreté constante de son àd?er«
saire, qui lui disputa le terrain pied
à pied , elle fut forcée de donner un
assaut à chaque partie d'ouvrage où
elle voulut se loger ^ et par- là elle
perdit en détail , dans une multitude
.
de petits combats , plus de soldats
qu'une attaquegénéralenelui en eut
coûté. Enfin , après cinquante jours
de fatigues et de travaux pénibles ,.
elle arriva à son but , mais après
avoir perdu six mille hommes (i), et
consommé l'artillerie et les muni-
. lions nécessaires au siège d'une place
de première ligne (2).
D'un autre côté, on dut admirer
la résistance prolongée d'un fort
construit à la hâte , dont quelques
.( X ) On ne comprend dans cette perte que les
hommes tués par le feu des assiégés et dans les as«
sauts , et non ceux qui ont péri dans les hôpitaux , par
l'eiTet des maladies occasionnées par l'extrême fati-
gue et la rigueur de la saison , non plus que les pri-
eonnicrs et les désertejirs dont le nombre fut très-
conûdérahle , ensorte qu'on peut dire que ce siègt
coûtât à l'Empereur i5ooo hommes.
. ( a ) L'ennemi consomma 9!k300 boulets de tout
calibre, 3ooo boites à mitraille, et 3oooo bombes,
' ou Obus. Ceci peut donner ub apper^u de ses autres
(112)
parties seulement sont revêtues; sans
bâtiinens , Sâns îuagasiijs , sans abri ;
lié à un camp retranché d-un grand
développement , mais dont les prin-
cipales défenses, consistant en fla^ey
et en marais , se trouvèrent réduits à
rien par la gelée ; dont le seul avan-
tage fut de ne -pouvoir être entière-
ment investi, et de communiquer &-
cîlement avec Strasbourg j on peut
s'étonner qu'une telle place en impo-
sât assez à renneitiî pdur Rengager à
Tie rien donner au hasard , et à nV
gîrqu-avec la plus timide prudence.
Quoique défendue par des troupes ha*
Tassées d'une longue retraite , aux-
quellefii on ne ptft fournir , aussi
promptement que leur position l'exi-
geait , les objets d'habillement , et les
sôulageïnôits les plus indispensables p»
le terme de sa défense passa de beau-
coup celui qu'on eut pulwipxmçrir^j
( "3 ï
et si elle subit enfin le sort inévitable
des places assiégées qu'on n'a pu se^
courir /elle emporta , en^uccombant,
la gloire d'avoir opéré une puissante
diversion y et concouru^ par sa longue
irésistance , à la concpête d'une des
|)ilus fameuses, forteresses de l'Eu-
rope (ij, .
( I ) On ne peut nier que Kelly par sfi longp^ et
opiniâtre résistancei n*ait puissamment contribué à la
pnse âfi Mantoue*
C iM )
CHAPITRE XVI.
Siège de la tête du pont de Hu'
ningue^par V armée autrichienne*
■-* Assaut donné à ce fort, r- Ou*
vérture de la tranchée.-— Evacua-
tion de la tête du pont , par cafjtr
tulation.
Ti A retraite savante de I-armëe du
Rhin et Moselle , la défense intrépide
du fort de Kjebl ,.sont des monumeus
historiques qui attesteront à jamais
le génie du chef qui dirigea Veù-
semble de toutes ces opérations , et
la bravoure calme et intrépide du
soldat français. La postérité , en li-
sant tous ces hauts faits , accusera de
partialité l'historien qui en tracera la
toite glorieuse , et refusera de croire
à des combinaisons qui lui paraîtront
(tiS)
p étendues , et à une exécution
L tient du prodige. Mais tous sea
ate^ s'évanouiront bientôt en ap-
)fondissant le caractère du chef
L conçut et du soldat qui exécutât
/admiration sera le seul sentiment^
elle conservera pour Tun et pour
itre.
\.près l'évacuation du fortdeKehlj
français ne possédaient plus sur ]Gt
e droite du Rhin que l'ouvrage à
me qui couvrait le pont d'Hii-*
igue, et ils ne pouvaient se pro-
ttre de le conserver Ipng-tems , sa
iition étant natiu'ellement tresse--
orable. D'ailleurs , l'Archiduc qui
lait de faire de si grands , efforts
ir nous reprendre Kehl ^ ne mena-
L rien pour nous enlever ce point
ppui si faible qui nous restait en^
e à la rive droite de ce fleuve. Lors-'
il fit ses dispositions pour attaquer
( ii6 )
KeHIy il avait laissé devant HuDingue
vn corps de troupes de treize batail-^.
ions et de douée escadrons , ans or<*
dreS'du prince de Furstembei^ ^ pow
voscpier la tête du pont et en> psaépa>i»
rer les attaques.
Appès la retraite de Farméé f le
commandement en fut confié au ^«
néral Abatucci, qtii défendit cette
l^e de pont 'avec un courage vrai*
Itoeut héF6Sque.(i)^et qui &t blessé
dangéreûseipent dans une' sortie 9
diahs laquelle il tua et blessa mille
huit cents hommes à l'ennemi , et fil
cent prisonniers (2).
■-■ ■■ — ■ , ■ ' •• ■ < ' ' ' " ' ' ' "^
( I ) Là pface d'Huningue est ' bâtie sur la me
^ pinehcda IMiln> qoi en baigne- les muvsv La:tôtt dé
Bout f «t dam une islQ> via^âtyia de U V^9iÇ/^t p% n'est
séparée de la rive duoite que par un bras de dix toiseï
jde largeur. '
(s) Ce îevAe génélrâl y mourut de aa. blessnse ao
boi»tda ^iKslques joui^. : il empoita au tombeau. Vesn,
time dea ennemis et les regrets de toute la nation :
• ■ ( '1 ■ ^ " . * ■ - • • ' •
T^JiAÏéTSOaCesLù 4e PEXÀée dùl^hln et MosélBe^. .
( ^^7 >
Malgré tous nos efforts , les ou-
vrages des ennemis avançaient d^
jour en j|Oyx^ ils avaient construit
de xiçuveU^ batteries pour recevoir
la gçQ^si^ artillerie qui • arriva de der
yaAt; Kehl; tout démpuixa bien?
tôt (ju'iL était impossible de sau-
ver cqttQ' forteresse, et en. s'obsti*
nant à prolonger sa défen.se on
qe pouyait difïérer sa perte que de
trèsrp^ d^ tems. On se.détermin^à
proposer à l'ennemi une capitulation
qui fut accepté et arrêté le i3 pluviôse
après-midi. Lqs conditions en furent
très-honorable pour la garnison , qui
eut la facilité de tout enlever jus-
qu'au ij , époque où l'ennemi devait
en prendre possession. Elle profita
très-habilement de ce délai ; car quoi
qu'elle n'eut que quelques bateaux
pour toute communication, elle ne
lui laissa , comme à Kehl , que dc^s
terres amoncelées.
( ii8 )
Cet éyénement termina entîëre-
tnent cette campagne aussi glorieuse
qu'intéressante.Car, malgré que cette
armée fut revenue au même point
d^où elle était partie , son influence
procura une foule davantages inap-
jpréciables j tels que d'avoir favorisé
les nombreuses victoires de l'armée
d'Italie et la prise de Mantoue , d'à*
Voir épuisé les ressources de l'ennemi^
et ménagé les nôtres > en yivant à ses
dépens.
( X19 )
CHAPITRE XVII.
Campagne de Van S. — Nouveaux
préparatifs pour passer le Rhin.
' — Ouverture de la campagne , et
second passage de èe fleuve à
' Diersheim , lé premier floréal.
jfxFKàs révacuation de la tête du
pont de Huningue , rarmée fut ré-
ipiartie dans ses cantonnemens pour
s'y réposer des fatigues de la pré-
cédente campagne, et se préparer à
cueillir de nouveaux lauriers j elle
n'attendait que le icommençement de
la saison pour se mettre en marche.
Le général S^oreau se rendit à
Par£s pour concerter le plan de cette
nouvelle campagne* Un second pas-
sage du Rhin. fut résolu; en consé-
quence tous les ordres furent don-
( 120 )
nés } on fit de nouveaxix préparatifs
pour passer le Rhin, à Diersheim.
La nouTelle des progrès dé Fanhée
d'Italie, qui avait commencé la cam-
pagiie de bonne l^eti^e^ eaftxva, à Stras-
bourg dans le» premters jours^-de
germinal. Cela fit sentir da¥im^g^
combien, il était i^po^pfiaiOj} d-flgir
ofïensivement du côté du Rhin ^ pour
faire , en faVeui* de Bonaparle>^ vsie
âîyersion qui lui^ était nécessaise;
6n n'eut pas rempli ce buft ^ en: J|
contentant d'attsaquer l'ennemi devins
le Palatinat? ; et l'armée de SasacAs»
et Meuse étant prête à se portcl? anr
la rive droite , il faMait^que cellêf de
Rhin et Moselle , destinée à servir
de liaison aux* detrs a^es df lu^tre
système i6^taii^e> ptâssât le BMn
sans "diSférer^^ et ^Ju-^Uese^ postât sur
là' méoie l}g^^é[U6 les<* deux autrea.
I^^alfiift'd^l^im^d^ItdJie^ Vintérât
de
(1")
de la patrie exigeaient impérieuse^
ment que l'ouverture de la campagne
ne fut pas retardée , et que le pas-»
aage du Rhin s'effectuât prompte-
ment.
l^e 29 germinal , au point du jour,
des détachemens de l'armée se trou-
vèrent, sous divers prétextes, dans
tous les ports de la rivière d'Ill.
Le 3o , tous les bateaux qui de-
vaient servir .au passage, furent di-
rigés sur Strasbourg, où ils arrivé*
rent à midi; on s'y arrêta pour en
séparer ceux qui étaient destinés aux
fausses attaques , et organiser les
différentes colonnes de débarquer
ment rd'un autre côté, les mouve-
mens des troupes furent parfaitement
combinés.
Les corps qui composaient le cen-
tre , destinés à passer les premiers ,
furent dirigés, sous divers prétextes,
L
( ^22 )
de manière à se trouver, le 3o ger-
minal au soir , au point du passage.
Une partie' de Taîle droite et la
réserve de cavalerie arrivèrent le
même jour dans des cantonnemens
voisins, de manière à pouvoir passer
le Rhin le i^r et le a floréal.
L'aîle gauche, qui s*étendait dans
le Palatinat et le pays des Deux-
Ponts , ne dut commencer son mou-
vement qu'un peu plus tard , de fa-
çon à arriver successivement au point
du passage.
Le 3o , à deux heures , la flotille
commença à se^ettre en marche de
Strasbourg. Les eaux étant extrême-*
ment basses , la navigation fut très-
lente ; un des bateaux de la flotille,
qui portait des rames , plus chargé
que les autres , s'engrava tellement
SUT la petite rivière dlU , qu'il ne
fut plus possible de le remettre à
(1^3)
ot. Alors on Vit le général en chef,
)essaix^ et plusieurs officiers supé«
leurs , se jeter dans Teau jusqu'à
i ceinture pour travailler à dégager
e bateau. On doit être peu surpris
lors de ce que peut faire le soldat
rançais , lorsqu'on voit ses généraux
ni donner ainsi l'exemple , et ne
as dédaigner de partager avec lui
38 travaux les plus pénibles.
Les troupes destinées à l'expédition
taient rassemblées derrière la digiie
n avant de Kilstett.
Le canon des fausses attaques su-
érieures et inférieures, et siir-tout
elui de Kehl , se faisait entendre
epuis long-temsj il était près de
ix heures, et il faisait grand jour
orsqu'on se mit en marche. Arrivées
u point du passage, nos troupes
e formèrent sur un gravier qui était
éparé du continent par deux petits
, ( iM )
tras , à mesure qu'elles débarqn
rent , et marchèrent aussitôt yers
village de Diersheim , dont ell
6'emparèrent ainsi que du grand bo
qui Ta voisine. Elles furent d*aboi
repoussées de ce village ; mais
l'aide des renforts successifs qui a
rivèrent , elles réussirent à s'y rét
blif : elles avancèrent assez sut '.
gauche.pour forcer Tensiemi d'abai
donner une batterie , dont il retl
les pièces.
Des renforts étant survenus ai
Autrichiens sur les huit heures, i
firent une attaque vigoureuse sur
village de Diersheim , et en cha
: sèrent nos troupes j mais ils furei
. aussitôt repoussés.
Notre dtoite s'étendait alors ve
Honau; le centre occupait le vi
lage, et notre gauche s'appuyait ai
digues du Khin,
(125)
À ojize heures , J'enneriîî , qui
avait reçu de nouveaux renforts ^ fit
une nouvelle attaque sur notre cen-
tre , pendant qu'une colonne , qui
8'était dirigée par Honau ', suivit le
bord. du Rhin , et chercha à nous
tourner. L'ennemi fut repoussé vi-
vement sur le centre j mais sur notre
droite , il parvint à nous faire aban-
donner un retour de la digue qui
appuyait notre flanc. Les généraux
Dessaix et Davoust firent les plus
grands efforts pour le repousser; et
malgré les difficultés que présentaient
un terrain coupé et marécageux et
un feu très- violent de mousqueterie ,
ils parvinrent à s'établir de nouveau
sur cette digue dont ils nous avaient
délogés; ils culbutèrent l'ennemi ^ le
rejetèrent en désordre dans le village
d'Honau , en lui faisant deux cents
prisonniers. Dans cette charge^ le
(ia6)
général Dessaix fut blessé à la cuisse
d*un coup de feu.
Les nombreux renforts de troupes
fraîches qui arrivaient continuelle-
ment à l'ennemi , sa cavalerie et son
artillerie lui donnaient un grand
avantage suf nous, qui n-a viens
encore pu passer que quelques pièce»
de bataillons , dont une partie était
déjà démontée. Aussi , vers trois
heures après midi , il fit au village
de Diersheîm , sur notre centre , une
attaque très-vigoureuse j son artillerie
réussit à démonter la nôtre : cette'
canonnade incendia vingt- une mai"
sons du village. Diersheim , enve-
loppé d'un tourbillon épais de flamme
et de fumée, offrît alors un spec-
tacle terrible j ses colonnes péné-
trèrent dans le village , où il s'en-
gagea un combat d'infanterie très-
violent. La lïÔtre , accablée par la
( ^^7 )
supériorité de Tartillerie ennemie ^
et incommodée par l'incendie du
village , Taban^donna , et laissa les,
Autrichiens s'avancer jusqu'au de-là
de l'église. Mais le général- Davoust,
qui pendant ce combat s*était porté .
yers Honau avec deux bataillons ,
attaqua ce village , tandis qu'on
faisait charger le flanc droit de l'en-
nemi par notre petite cavalerie : cette
charge ranima notre infanterie , qui
rentra dans Diersheim f et l'ennemi
attaqué à-la-fois sur ses deux aîles ,
fut culbuté et repoussé en désordre
dans la plaine ^ où il ne se rallia
qu'avec beaucoup de difficultés , et
laissa le - champ de bataille jonché
de cadavres. Notre faiblesse en ca-
valerie, et la fatigue de notre in-
fanterie , ne nous permirent pas
de pousser plus loin cet avantage :
on conserva seulement le village
C 128 )
d'Honau, qui appuya notre droite-
L'ennemi fit aussi un effort sur
notre gauche ; mais il y fut repoussé.
Il était cinq heures du soir , et le
pont n'était pas commencé , on ne
communiquait que par le pont vo-
lant j à six heures on se mit à y
travailler ; et , malgré Tincommo.dité
du terrain , Tobscurité et le feu de
l'ennemi, il" fut achevé avec une
promptitude extraordinaire.
Le pont fini , Moreau ordonna
qu'on y fit passer toutes les troupes
qui étaient arrivées , et qu'on leur fit
prendre leur ordre de bat^Ue à me-
sure qu'elles seraient passées à la rive
droite : elles commencèrent à défiler
sur le pont , le a floréal , à deux '
heures du matin.
L'ennemi rassembla pendant la
n^it tous ses corps , afin de nous
att^iquér dès le matin , espérant que
( 1^9 )
notre pont ne serait pas encore fini
5t qu'il pourrait nous rejeter dan»
le Rhin.
A six heures du matin , avant
ju*on eut terminé toutes les dispo-
sitions , il nous attaqua ; son premier
effort se dirigea sur les Tillages de
i*Honau et de Diersheîm , où il
obtint d'abord quelques succès ; mais
U fut repoussé. Celui qu'il fit sur le
centre, fut bien plus terrible encore}
le principal débouché du village de
Dîersheim était investi par trois bat-
teries considérables qui le battaient
en tête et par les deux flancs , à
portée de mitraille , et qui démon-
tèrent de nouveau la plus grande
partie de notre canon. Après un
violent feu d'artillerie , ses colonne9
se portèrent avec la plus grande ra-
pidité sur le village. Pendant qu'une
partie de nos troupes soutenait ses
C i3o )
efforts , tine autre sortît par la droite
de Diersheim , et vint l'attaquer sur
son flanc gauche ; ce dernier corps
fut chargé par une nombreuse cava-
lerie y et celle-ci le fut à son tour
par la nôtre , qui , quoique très-
inférieure à la leur , n'hésita pas
de courir au secours de notre infan*
terie. Cette mêlée ^ une des plus
terribles qu^on puisse voir , dura
long-tems , et la victoire resta quel-
que tems incertaine : notre cavalerie
fut ramenée à diverses reprises jus*
que^ dans les jardins de Diersheim.
Le général en chef et le général
Vandamme eurent leurs chevaux
blessés ; mais le succès fat enfin dé-
cidé par une charge heureuse d'un
régiment de hussards , soutenu de
quelques pelotons de cavalerie et de
dragons qui s'étaient ralliés , et l'en-
nemi'fut forcé de se retirer dans sa'
( i3i :)
position du matin. Notre grande
infériorité en cavaletie ^ ne nous
permit pas encore de profiter de notre .
succès. Deux généraux autrichiens
forent blessés dans cette bataille.
L'ennemi , qui avait perdu beau-
coup de monde , et se voyant dans
l'impossibilité de nous repousser^ se
décida à la retraite.
A deux heures après*midi , l'armée
commença à se mettre en mouve-
ment pour prendre l'offensive. Les
Ât|triçhiens qui étaient déjà en re-
traite , ne firent aucune résistance^
il^ se sauvèrent avec la plus grande
promptitude et dans le plus grand
désordre.
Des dragons qui servaient d'éclai-
réurs à une de nos colonnes , s'appro-
chèrent de Kehl , et firent capituler
cinquante hommes qui occupaient,
le fort, et qui se rendirent prisonniers.
( i30
Il est. vrai que ce fort n'était plus en
état de défense ; mais il n'est pas
moins nécessaire de faire observer .
qu'il n'y avait que trente-sii heures
que la campagne était ouverte , et ^
que nous étions déjà en possession
de ce fort qui avait coûté à l'ennemi -
deux mois de siège , et dix mille
hommes de ses meilleures troupes.
On fît dans cette mémorable jour-
née quatre mille prisonniers , un gé«'
néral, un officier d'état-major et beau*
^ coup d'officiers. Plusieurs dçapeaux ,
vingt pièces de canon , tous les équî-'
pages, la chancellerie de l'état-major,
avec une quantité considérable de
chevaux et de caissons tombèrent en ^
notre pouvoir.
Les deux passages du Rhin à Kehl
et à Diersheim , seront à jamais célè-
bres dans l'histoire. Quoiqu'ils diffè-
rent essentiellçnsisnt entre eu:s: , et
(i33)
mw^chacun soit caractérisé par des
^Bfe particuliers. L'un prévu de lon-
gue main , et préparé à loisir fut mar-
. que , au coin de la prudence : l'autre,
pour ainsi dire brusqué, le fut à celui
de laudace et du génie.
Le lendemain , le général en chef
rétablît Tordre de bataille qui avait
été dérangé. A deux heures après
midi, le général Lecourbe força le
passage de la Renchen , qui était
défendu par un corpsde troupes enne-
" tnis assez considérable. Après un lé-
- ger combat , il repoussa ce corps ju*
qu'à Licbtenau , et lui fit une cen*
taine de prisonniers.
Le 4 floréal , l'armée allait pour-
suivre sa marche victorieuse ; mais
elle fut suspendue par l'arrivée d'un
parlementaire , accompagné d'un
Courier venant de l'armée d'Italie , qui
apporta au général Moreau la nou-
( i34 ) -
velle de la signature des prélimÛMÉàes
de paix à Léoben. Les hostilîté^ps-
sèrent aussi-tôt , etrarmée garda la
position qu'elle avait à Tarrivée du
Courier.
Ainsi se termina cette campagne j
dont le brillant début promettait les
suites les plus heureuses , et qui, mal-
gré sa courte durée , n'en fut pas
moins fertile en exploits , puisqu'on
y compta , dans un intervalle de trois
jours y le passage du Rhin le plus au-
dacieux de tous ceux dont les annales
militaires , nous aient laissé l'exem-
ple , une bataille et huit combats. '
C i35 )
CHAPITRE XVIII.
Le général Moreau mandé à Paris
après le \% fructidor. — Son ar*
rivée. — // est perdu pour son
armée.
A. 7 R È 6 deux campagnes si glo-
rieuses j on n'aurait pas dû s'attendre
'que le général Moreau perdrait le
commandement de Tàrmée avec la-
quelle il avait, pour ainsi dire, opéré
des prodiges. Le directoire , qui gou-
vernait alors la France , était capable
de tout sacrifier, pour conserver le
. pouvoir qui tendait sans cesse à s'é-
chapper de ses mains. La journée du
1 8 fructidor fut résolue, et ce même
jour elle manda à Paris Moreau, qui
obéit sur - le - champ , et dont l'ar-
rivée fut précédée des triois pièces
suivantes :
( i35 )
▲ EMÈE DE RHTN ET MOSELLB.
Le général en chef au Directom
exécutif.
Au quartier général de Strasbourg!
le 24 fruaidorj an 5.
Citoyens Directeurs ,
Je n'ai reçu que le 22 ^ très-tard et à dis
. lieue» de Strasbourg y votre ordre de me reii«
dre à Paris.
Il m'a fallu quelques heures pour préparer
mon départ ^ assurer la tranquillité de Tar-
mée, et faire arrêter quelques hommes corn-
' promis dans une correspondance intéressante^
que je vous remettrai moi-même.
Je vous envoie ci- jointe une proclamation
que j'ai faite ^ et dont l'effet a été de conver-
tir beaucoup d'ipcrédules \ et je vous avoue
qu'il était difficile de croire que l'homme qoi
av^it rendu de grands services à spn pays ^ et
qui n'avait nul intérêt à le trahir^ pu se por-
ter à une telle infamie.
On me croyait l'ami de Pichegrn , et dès
long-tems |e ne Pestime plus : vous verres
( i37 )
que personiie n^a étd plus compromii ^ue.
mol, que tous les projets étaient fondes sur
les reyers de Parmëe que je commandais ; som
courage a sauvé la République.
Signé MoRBAîT*
FROCLAMATIOir.
1
Le général en chef de V armée de>
Rhin et Moselle.
Au quartier général de Strasbourg l
le a3 fructidor, an 5»
• * '.
Je reçois à Pinstant la proclamation du DI*
rectoire exécutif , du 18 de' ce mois, qui ap^
prend à la France que Pichegru s'est rendu
indigne de la confiance quUl a long-tems ins-
pirée à la République, et sur-tout aux armées*
On m^a également instruit que plusieurs
militaires, trop confians dans le patriotisme de
ce représentant, d'après les services qu'il a
rendus , doutaient de cette assertion. .
Je dois à mes frères d'armes ^ à mes conci-»;
toyens , de les instruire de la vérité.
Il n'est que trop vrai que Pichegru a trahi
la confiance de U FriMice ; j^ai instruit un des
M
(i38)
membrèi du Directoire esëcutif | le 17 de ce
moii I qu^il m'était tombé entre les làains une
correapondance avec Condé et d'autres agent
du Prétendant y qui ne me laissait aucum
doute 4iir oetce trahison.
Le Directoire vient de m'appeler à Paris,
et désire sûrement des renseignemens plus
4lendus sur cette correspondnce*
Soldats y soyei calmes et sans inquiétude
sur les éyènemens intérieurs; croyez que le
gouvernement I en comprimant' les royalistes |
veillera au maintien de la Constitution répu-
blicaine que vous avez juré de défendre.
Signé Mo&EAi7^
Général en chef,
JVb/a. Il se répand à Strasbourg quelques
libelles sans signature > sous le titre d'adresses
de l'armée de Rhin et Moselle.
Le général en chef dédaignera de les désa-
vouer 5 ils ne peuvent être l'ouvrage que de
quelque factieux.
La conduite de l'armée répond à toutes cel
calomnies.
Signé lioMLAV.
k.
(x39)^
î^e général en chef de V armée â^
Rhin et Moselle ,
Au citoyen Bjrtxblèmt , membre
' du T)ifectoif*e éùcécutif de la Ké^
puhliqué française.
A» quftYtier généru^- deStraftbourg ,
U 29 fructidor^ an 5,
CitiYEN Dftl^CtETJR' , i . .
Vous VQU3 rappelez,8Ûremeii|; c^u^àmop der-.
nier Yf>y^e à B^jie | je vous instruisis qu'au
passage du RLin , nous avions pris un four-
gon au général KingUn | contenant deux pu
trois çeqts lettres de sa correspondance. Celles
de Wirtterbach^ en faisaient partie f mais c'é^
taient les moins i importantes. Beaucoup 4^v
lettres sont en chiffr^ , mais nous en avons
trouvé la clef; Pon s'occupe à tout déchiffrer^
ce qui sera bien long.
Personne n'y porte son vrai nom , de sorte
qp€( ^beauQpup, de fr^çais qui correspondent
avec KittgUni ÇondéyVickam 9 d'Enghien^
^ 9ii\i\r99 1 tout 4f^JLl^8 à découvrir j cep^n^
( Mo )
yU&t nous aTons de telles indications y qoa^
plusieurs sont déjà connus.
J'étais décidé à ne donner aucune publicité
à cette correspondance ^ pui8q[ue la paix étant
présumable | il n'y avait plus de danger pour
la République , d'autant plus que tout cek
Déferait preuve que contre peu de mondé |
puisque personne n'est nommé.
Mais ) voyant à la tète des partis qui font
actuellement tant de m^l à nôtre. pays , et
jouissant) dans une place éminente , de la
plus grande confiance , un homme très*coin-
promis dans cette correspondance , et destiné
à jouer un grand râle dans le rappel du Pré*
tendant^ qu'elle avait pour but; }'ai cnr
devoir vous en struir e j pour que vous ne
soyez pas dupe de son feint républicanisme ;
que vous puissiez faire éclairer ses démat-
thés, et vous opposer aux coups funestes
quil peut porter à notre pays, puisque la
guerre civile ne peut c[u'étre le bue de ses
projets.
Je vou s avoue , Citoyen Directeui: ^ qu'i!
m'en coûte infiniment de vbus instruire' d'uiicr
telle- trahison ^ d'autant plus que celui qii^
( i40
je vous fais cotinaitre a ëtë mon ami , et lé-
serait sûrement encore s^ll ne m^élait connu ;
je veux parler du représentant da peuple
Pichegru. Il a été assez prudent pour ne
rien éerire ^ il ne communiquait que verba-
lement û^ec ceux qui étaient chargés de la
correspondance , qui faisaient part de ses
projets et recevaient ses réponses. Il est dé-
signé sous plusieurs noms , et entre autre sous
celui de Baptiste. Un chef de brigade j
nonuné Badouville , lui était attaché et dési-«
gaé sous le qom de Coco : il était un des cou-
riers dont' il se servait ^ ainsi que les autres^
correspondans. Vous devez l'avoir vue assez
fréquemment à Bâle.
Le grand mouvement devait s'opérer aU'
Gomoiftâoement de la campagne de Pau 4 : on
comptait des revers à mon arrivée à Parme e ^
qui) mécontente d'être^ bat tue | devait rede-
mander son ancien chef ^ qui alors aurait agi
d'après les instructions qu'il aurait reçues.
Il a du recevoir 900 louis pour le voyage
qu'il fit à Paris à l'époque de sa démission; de-
là vient son refus de l'ambassade de Suède. Je
( i4a )
soupçonne la famille Lajoloir d'être <ian«
cette intrlgn^. .
Il n'y a que la grande confiancTe que )*ai em
Yotre patriotisme et i^otre* sagesse qni m'a dé-
terminé a. vous donner cet ayi^^ lte& "prciuTef
en sont pU^s claires. que le jour V mais je dpule^
qu elles puissent êtres judiciaires.
Je vous prie, Citoyen Directeur | de vôu*.
loir bien m'éclairer de vos avisy sur une af^i
faire aussi épineuse» Vous me connoissez as-
sez pour trbire combien a du ma cbùter cette
confidence j il n'a piaa fallu^moin» que leS' dan^
gers que court mon pays , pour v6uS la'iaEirewt
Ce secret est entre cinq personnes^ les géné^
raux Dessaix , Régnier j un de mes aides^d^'
camp , et un officier chargé de là partie se-*
qrette de l'ar<née 9 qui suit continu ellemeafr
les renseignemens que donnent -les lettvee
qu'on déchiffre* ^ . - : i
Recevez l'assurance y etc.
Signé Moii£4v .
( 143 ) .
Malgré les preuves de son patrio-
tisme et les services rendus à son.
pays y le général Moreau fut perdu
pour rarmée de Rhin et Moselle j le
Directoire , dont Tineptie était le
moindre vrce , le disgracia , et remit
le commandement de cette armée à
un autre général.
Avant de terminer ce cTiapitre ,
nous observerons que lorsque cette
correspondance du général Moreau
parut , elle fut révoquée.^n doute par
plusieurs personnes qui osèrent avan-
cer qu'elle était supposée. Nous ne
discuterons point si leur opinion était
fondée j tout ce qu'on peut dire , c'est
qu^elle n'a jamais été désavouée. Au
reste , le tems dévoilera ce qu'il
y a de vrai dans cette correspon-
dance y et Ton sera à même de porter
un jugement sain sur les évènemena
( ui)
da'i8 fructidor , lorsque Tesprit ie
parti n'aveuglera plus personne.
Après cette journée ^ le général
Moreau , disgracié par le Directoire i
s*éclipsa pour un moment d'an
théâtre où il avait joué un si beau
rôle y et rentra dans^robscurité de. la
vie privée.
Dans sa retraite > ses loisirs ne &'
rent point perdus. Il les employa à
rétude 9 et à faire des vœux pour sâ
patrie. Nouveau Catinat , il attendit
rinstant où il pourrait être encore
utile à son pays , et lui donner des
marques de son zèle et de son attache-
ment. Quoique le gouvernement le
payât de la plus noire ingratitude, il
no crut pas devoir lui refuser ses ser-
vices , lorsqu'il les lui demanda.
Nous allons bientôt le voir prendre
le commandement d'une armée tra-
hie et à moitié vendue ^ dans le déla-
brement
( i45 ))
brement le plus affreux , en sauver
les débris , par des retraites savantes ,
et lutter enfin contre tous les obs-
tacles , avec ce courage stoïque qui
caractérise le véritable héros. Mais
jp'anticipons pas les évèneiae,ns ,. et
jetons un, coup-d'œil sur la situation
de nos armées en Italie , lorsque le
commandement lui en fut déféré.
ii • . i ^ #: • )i\ îi'
•••""-■■•■ ■;-
. "^ '/
K
( «46 )
> J ■ ^ ' ■ ■ J ■ ■ '■ I. * ■ ■ I l
CSA PI TR Ê XIX
Mareàu envoyé à Varmée d'Italie
' ^ cbmnie général divisionnaire som
* SôTiérer. — Servibês rendus i
' ç'àhé 'armée par ce général. *
Da N s Tan VII , le directoire exé*
cutif fit déclarer la guerre au roi de
Bohême et de Hongrie , et au grand
duc de Toscane. Il envoya Schérer,
alors ministre de la guerre, pour
commander les armées de Naples et
d'Italie, fortes de 5o,opo hommes, in-
fanterie et cavalerie , tirés des bâtait*
Ions de guerre et des régimens de
cavalerie française ; plus ii,ooohom«
mes 4e troupes étrangères , piétaon-
taises , polonaises , helvétiques et ci^
s^lpinest J^e géoéra.1 ItXoreau y fut
< V47 )
fibatgé ;du rc(^mQlAodement de troi»
diT(Uironi9 f 9t 4e :ipa$qiie¥ Vëroana
«n échec les secours qui f de ce$
placés f potivaient arriver à Pastriiigo
par 1a nive droite ^e V^^dige. Le gé^
aérai ^ob^fer>mfircha le 6 gennioal
ave^ k$! , trois aulr^ div^^iaas-syr lo
tai£ij>ri^tïlHi^é dçf P^OQ^im , qui fut
enip^^é à 1« baïonBette. -..
...T^tldis (^^M ^uche dç nptrear-
:p[|éftfrbtefl,£^it oj^t a.y§atagfr, JM9pça,u ,
^ la. têt^l^^;. trois »2^tire» div^iliaEis ,
^iimh%^94\ lipBiBemi^vti de Y.érQuaç
^t d« LegQagp^et g'^emparait dfs Til*
^l^ges^deSftioti-Maessinioetd^ Saiate*
^2|U€Âe^lo4J|liemi fiti alors s^^rlip 2^9^000
trwïW<ke^dp^Yért>>iii«:pottr Jcfiriseprea-.
diff^i'Le ^^UJagejd^ j^afiit-A^^ssùno fat
paris^etretiti^ 3!9pt fwf i jawii^yà la fin ,
lioild restâmes .maîtres du- champ de
J%«^A»Ue A U:^t4tit cpuyj^rtfde.morU et
( 148 )
ée blesdés auttidhiiens. ^Le 'géjqéffal
M^eaii^ fit; ! dans dette oûcasion,'
14a i,5oo pritfOtlBlirsvetprita pi^e$
decanon. > • .1
^- L'ennemi , ayant reçu des tenïotU
de ses derrières , vint > l6 ^4^|iniinat j
dans raprës-inidi , faire une tebdn^
jàaissance en fori^ sur les^ divisioiu
commandées ]^àT^le gënéi^àl Moif^atf i
il fut repousse; Ce général , sup^«
bant k Teiinemi ^le dessein' (lé lUttiaV
q^er trèé-prochàiâéHlént^y'dffiBhaiidaV
dans la nuit dii 14 au i5^, ^es ordifei
àugéû^édï en obef ptiwi^tkieéfùirUi
bataiUè 'dans: sa positibn^ou peiiv
aller au-dèvant de lui. L'enitiemr; «f-^
feetîvelnëiitv^ se porta en fbrëë&sàr le
i^riip^^u'â ébctipait lé matin dti 16.
Ce général en étàS^ sorti pi^tit se pdiv*
<6i en a^p«<| les àutricfalens'^viji-f
rent atl'aîquer' ses derrières, et le
front de la division E)elmàs qui ar-^
C t^9)
rivait à la tête duîYillftge dit Butttis-
Pfëda* Moreau, san^ s'iftbtfiliet de
la^ïenoont re de l*êniicmî , fit faire
un à droite à ses troupes y kissa' à
gauche Sonnaet Somma Gampagna,
et força l'ennemi à reprendre le che-
ttûti de Téronne, *Mài» la retraite
de'tieux de: nos divisions^ qiiide*
raiëntde soutenir ,!s'ëtaDt opérée d^
Force i* le général Moreau se replia
pendant là nuit à Vigasip , et effec-
tua sa' retraite sans être inquiété par
Tennemi.
\ Après tme - suite de combiats ] où
DOS:; armées furent cbntinu^llemétit
battues par les forces réunies deà
autrichiens , et plus encore par
-Tineptie du général ^n chef ,* lé com-
mandement der Parinéè de' Napïes
et dUtaliefutdëféréaa' général Mo-
reau , qui prit à MBur de réparer les
torts de son prédécesseur.
Son prbmier . H>ia fm^t d^ f «îri^ t&*
lirer $uv les frontîèr.eiifi^Ffanpe to«}$
les magasiw «t éqjuipag.e$ qui^ dan»
Içure positions av^^jobcées^ couraient
le^ risques de dev^enir la proie dr
reonemi^
L? i$ floréal 9 les autricliiiejtispas'^
sèfebt UAddî^ siiir deiïx poâitsj et
aoitt foreèDrat à la- cetmLte. JL'aiâr^
ma se rëpsudît d^tti^ flilatii ; nor
troupes évacuèrent cettit vlliè^ oit
if s autrifîki^as entrècent k 7 à
midi. .; :
Pejodânit pe lems-là^ Su9vairdw^
à la tlC#. ût 80 miUfi rusMs , maT'*
çfaa ^9 grandie bâtô wrs l'Italie pduJr
r^nforf^ir ks a^utricbieps,
, iiqtf& Moié^ éprouva alors dér
f^itof çur dofaiit^i ,. rmlgtfél^û rfforts
d» hmy.^ MQwm-y elle fut icbnsfarii'-
|Kif at battue; Un dénuement afl'reux
livra le soldat au désespoir > les- plar
( iSi)
eei fortes furent I9 proiQdeTwm^
mi j et çptt^ x|.rmée ^ triQii>pI^9>n(:(6 de^-
pi4s<leuj||:;fLi98, &e retira ^ïxAhorif^
$ur les fFontières id^ Fr^inç^. L9
irépubliqu^ isiss^lpâne fut 4is«oute^
^ t^Ue 4^ GéuejS craignit la même
fort ; ( I ) ks^ ^tatB da roi de Napla^
furçM Uivitésaux horretujrB delagueri^
civile^ etc. Toutes ce^ Gaï^vaïU^fii^
rrot attribuées à Schérer , en horreuv
à Milan , à Turin et àCbambéry , et
(gu'ioa cCçcusa d'avoir vendor et \}tyvé
l'armée française ^ fifeç^naennis.
Au milieu djeoe&rer^rô multiplia ,
et malgré \e délaibrement de l^r-
m^e , MoKau rcsolut de tester tm
Bou vel effort r il rassembla en conséi
" ' — "^ r-: — ' — ! — ^— r'
. (1) JLes grandes jppis^ançe» qui i^ous avoieineat^
dit-elle, ont tiré sur noii^ nne lettre de cha|lge^ eu'
fbnpe d'extrait mortuaire ; et nous vivrons jasga'acr
jjDur où- elle devra hit^ acquittée.
(I52)
qtiêUce un corpd de troupes \ alla à
la' rencontre des russes Ténus du fond
du nord pour mettre les français à
la raison. Après un eombat terrible,
où nos troupes firent des prodiges de
valeur et de bravoure ^ il défit les
rus^s le 23 sur le Pô : partie fut
noyée, partie tuée j le reste fut fait
prisônnifet. L'artillerie , les bagages ,
îës canons, etc., restèrent au pouvoir
des français. Ci)
Malgré ces succès pendant tout le
Bioisdê prairial , les différentes^ di-
visionsiide nos troupes furent suc-
jpçsf ivement battues. Moreau , Mac-,
49aald et YictOr., attaqués par de(
fprcps, isupériçurçs ;, furent partout
forcés à la retraite pendant le cou-
Tant de messidor." - - --
>N>'. : ^ '■ •■'■ ■ ■ -. •", , '■■'- *-'* '"■ ■
(x) Ce succès confirma la réponse des soldats fran-
çais à des hommes qui leur représentaient ParrWée
d* 45,000 russes : Il faut les vaincre , dirent-ilt ,
9t non pas les compter.
C i53 )
La garnîison Française dans Alexatï-'
drîe , forte de 2,200 hommes , fut
forcée de capituler le 4 thermidor.
Deux jours après , les autrichiens
commencèrent le bombardement de"
M^ntoue , ;£f;près avoir détruit tous
les ouvrages extérieurs. Cette place
nevtint que quatre jours.: Latouirt
Foia^aç,' commandant, (i) la tendit
(i) Le nom français ne fut point déshonoré pa?
la Tedditfon.de cette place : . Latonr-Fpissac ^ avec
des moyens pour tenir encore , fut lui seul asseï
côa^iâ>lê pour que la honte qui en pouvait résulter
né rej^llit pas soT^cfaiiàtes. Oft le soupçonna d'àvoit
été séduit par^'or 4e VAngleterre ^ a?eç Uqoel If^
russes et les impériaux s'emparaient des places. Apre»
avoir resté dans les éfb[tsjhéréditaire8 de l'einpéi:eur
pendant trois mois ^ il rentra, en France ^ sur la pro;-
messe de ne pas servir contre les armées impériales
avant son échange. Mais îes consuls de la république
lui firent VsiSiaAt cpi'U méritait , en loi faisant bi-«
gnifier qu'il cesse' d'être au servÎM de la France î
«a lui faisant défense de porter l'habit militaire, dér
<Iârant qae le mépris public vengerait plus efficace-
Jnent la république que I4 sentence des tribunaux^
( «54 )
au gënëral Kray , dont le ooirp$ d'ar^
mëe se réunit alors à Taripëe d^ Suvra^*
royrqui s'était emparé de TortQue,
d'Alexandrie et de Tuyin , et quim?^
naçait Coai et Gèjaes^
Cependant , Maedonald aurait , ptf
une retraite brillante , opéré sa jone^
tion en Italie avec le général Mû^
ïeau. Dan^ cet înterralle , le dipec-
toire, a« Hett d'envoyer de notjvcllft
troupes en Italie pour s^opposeraux
efforts réunis des russes et des im-^
périaux , y nomme et &iit passer m
BLUtte ;géoéral t ce f ut Jbe général J <Mir
bèrt qui remplaça Moréàu.
Joubert arrivé à l'armée d^Italie y
Moreauiui remit le comniandement^
et se prépara à ristourner à Paris|oiaiS)|
sur riavitatiçn d€ Joubert , il resu
encore quelques^ jours à Parmée , et se^
trouva à la célèbre batculle c}e NovI^a
;•
N
C i55 )
gagp^e par Suwarow le 28 thermî»
Qçtte b^ttaiU^ coûlta la We au gé-^
név»\ Joubert : une balle Tatteignit
au moment où , à }a tête des soldats ,
jils les faisait marcher la baïomi^tte
ciji avaat. Sa perte et ses dernières pa*
rôles ( I ) augmentèrent l'ardeur det
troupes et de leurs généraux : Saint«
Cyr, Pérignon, Suchet, Grouchy
et Dessojles redoublèrent de courage ^
plusieurs^ furent blessés ; Moreau (2)
«ut 3 chenaux tués tous lui. Un corps
de russes fut tailTé en pièces. Le gé»
(i) Joubert ea tombant B^écria i. Marchez, mar-
chez ; ai^ancez toujours et combaUez pour la ré*
publique.
(2) Le général Jtoubert ayant été^ tué au commen-
cement de l'action, les généraux de division défé-
lèrent d'eux-mêmes le commandement en chef au.
général Moreau ,. et prirent sps ordres ;; tant est
impérieux l'ascendant d*an mérite réel joint à luie-
|;^rande modestie !:
( »56)
néralKray perdit beaucoup de iiiofl'>
de. Mais les français , maigre la tàc-*
tique et la bravoure de leurs' chefs 9
furent obligés de céder au nombril]
après avoir perdu 10 mille homméiï
et repoussé trois fois l'ennemi. Ilâ
conservèifent cependant leur p6tt^
lion. *
< î57 )
c H A p I T R E x: x:
tforeau quitta V armée d^Italie. —
' Son arrivée à Paris. — Journée
•' dés i8 et 19 brumaire.
]\lo R E A u , après avoir rametië Par-
^e daps &es ancipimes po^itioas, la
quitta et revint à Paris.
Ç*est daps cette ville quUi vit pour
|a première fois Bonapartç y c'est là
quf ces, d^Ujf. grands hommes se re^
gfird^reat avcoune adniiirf^tlon bieii
sentie ^ et e3(.empte de cette basse
jalousie qui towr mente les petites
âmes ; car chai^im ^'^\Xt^ pouv^tit
s'écrier; .
.. . « De qui daqs l'unîv^rs puisté-j« être jalons ? ■» .
La première parole que Bonaparte
adressa à Moreau fut celle-ci : J*ai
eu plusieurs de pos lieutenans dans
C «58 ).
mes campa£;nes d'Italie ; je ^
vous assurer que ce sont d'exceL
officiers. *•
L'amitié et la confiance s'état
rent bientôt entre ces deux homm
d'un mérite rare , et d'un génie pe
commun. Le vainqueur d'Italie fi
présent au Xénophon frttuçaiA à^
mpe:rbe sabré ttifc , g«iii de diân
mans.
Le t5 bititoaiw An Vm , un ban-
quet j préparé datrt ïe temple db' la
Vicloifé, (r>futoU*ef<atti ^té^
ttivx BotiafpArte êtf^STcA^aitt^b
*cyrps l^islatîf . Là» franchisée ne pire-
éîda poitet à cette téùtiitm : te« ton*
tives pàrëfefalr ttttft*îf et riTericféWXi
Lamusiqueseulefitles frais défit féfle^
à peiné qudquwtottst^ y forenr^di^
tés^ Boaapavtes^vada aVtéoiMopcAu ,
A.» ,M^m.^^^à^^,^^^,^...^*é.
it)\^tkiu,ma^i6ë^^
( «59)
et chacun s*observasan8 oser se com-
muniquer. Plusieurs membres du
corps législatif savaient que de grands
cliàngemens allaient s^opérer ; un pe-
tit nombre devait y participer.
Le lâf , Bonaparte, nominégénérB}
des ttdupés stationnées à Paris , ap-
pela à Hnstant pour* le seconder les
généraux Lefèvre, Moreaù, Andréos-
sie , Murât , Marmont , Lannes , Mac-
dcmald et une grande pa^rtie des c^ffi*
ciers g^émux qui se trouvaient- à
Pari^.
Les détailisrdés jdUfnéesdes tS-et tg
brumaire sontassez connus po tur no-ut
dispenser d^ioa parler* Il nous suffît
d'aiinonc€V que Morceau y coopéra
cammé le^ autre» g/énéifauk qui se
br^iivèrent à Paris ^ et .c'est un nou-
reair droit qulla à la reconnaitfsanc^
de la patrie.
-I i ^3 :r ii XXX
fji%bc tt do Blsin • qui fnrcot séonici
^A tfoe teule, sous le single titre
& armée du Bhin. Ce général amva
di^AA les premiers jotirs de nivôse à
itâli9, où il établit son quartier--gé«
L'hiver fut cmpbyé à Torganisâ-
tioh des différens corps d'arqiée, et
auat'jopërations relatives aux àpprô«
▼isioDuémens ^e tous genres et aux
«er^icès administratifs. L'armée, con«
èidërablement renforcée , présentait
un front formidable , tant par le
nombre que par la qualité des trou^-
pes qui la composaient. On né pou*
vait dÔQter dès lors , et par les efforts
que fit le gouvernement pour la bien
organiser, et pour subvenir aux près*
«ans besoins du soldat loiig - tems
abandonné au plus absolu dénué-»
m^t'y et surtout par le choix du
chef qu'on lui donna , qu'elle ne
fût destinée à remplir une grande
tâtihe dans le plan général de la cam^
paghe qui allait s'ouvrir»
.''Le) dépcÉrt des russes avait réduit
l'armée autrichienne à ses propres
troupes f et ramena àpeu près Téqui-
O
( l62 >
libre dans ht force numériqiie dès^
deuxjpfixtis. L^e rappela diirprinrâ-
Charks , le eeut gëfiéraL^ peù^^être ^.
qui fût dfgae d'être opposé k Mo^-
KSLUj et le conxmatideinenl: de Par^
mëe aUtricbienne confié au générât
Kray^ tout présagea da nouTeaus..
succès et de nou'ffeaux; trionipfae&:t'
Voici qufelteiéCait la siiuation ées
deux aribées airaot; la scpriàe des^
Èostilîtës*
L'aile droite ^.sou6 le commande^
tuent de Lecoiii^be , était paftagé^ea.
trois divisions avec iwe rëfi^rv^ ; elle
fié montait à dj^ooa coœbatdaiiB vmm:
compris quelques bataillons destinés*
à former, sous les ordres du géaé^
tal Moncey^ Taile^gaucbe dé Vb^v:^
mëe de Rëservîe qiti detait pënétrexr
en Italie par le miint Saint^Gotliaird^
Elle occupait toute la frontière Qiwtir
taie et sept^ti^îoi^l^ de i!Heliiéti^ i.
( i6^ )
et bordait le cours du Rhin depuii
sed sources jusqu'à sa jonction avec
l'AsLT : elle avait en opposition toutes*
ït$ troupes autrichiennes postées
dans les Grisons et dans le Yoral^
berg, sous les ordres du prince de
Ileuss y et en outre la; ps^rtie de l'aile
droite de Kray répandu^^ur le Rbiu
entre le l>c et-la Wiitach,
Le général MpreaU s'était réservé
le coQ^mandenient du corps d'armée
dû centre y qui était composé de
trpis divisions rassemblées à Baie et
dans les environs : il était fort de
3Q|000 boxtfmes , et avait eu oppo-*
$îtion le centre du général Kray, pla-
cé à Donetchingen.'
Le troJisième corps d'armée , au,x
ordres du général Saipt-^Çyr , ras-
$^mblé vws Neuf-Birisaçh ,. éta^t fort
^ |ï6 à ao mille hommes ^ et était
opjgp^i au^^ troupes du corps de
Fribourg, d*où il chassa Tetiiietmi. I4
ttoisième division du corps -de ré«
lerve y aux ordres du géaévsàBiche*
pansé, dëboucba par Baie , marcb»
en descendant le Rhin , et s'avMÇ^ i
jusqu*à Schliengen.
Le9 , à l'exception de Viàh dtoiiey
Farmée entière se tiroura sur lariv^
droite du Rhin , Mareau ayant'pasté
ee fleuve à Baie avec ses* deuiL- ditii
sions.
Le même jour , la division Drlmat
força le pont de la rivière d'Alb aitft^
forges )d' AI b-Bruck, où l'ennemi k^^-
tait fortement retranché .^pendut
que celle de Richepan&e arrivait i
Saint-Biaise, et culbutait quatre b**
taillons qui Toccupaient'
Le lo floFëal, une grande partie df
l^armëe se trouva réunie en Mtièti
de la WiUach^ (i) et presque toiattf
(»y Rifière de la forêt Noire*
C i^ )
^5i dîvmons eurent à portëe de se
f^pmmiwîquer» Cette joursëe fut
jD^ise à ^Q^t, pour ji^eçq^n^îtee pluii
|)f)rfaitempnt 1^$ détftiU duterrein,
^ Je 10 au soir , vers la brune , Iç
convoi se mit en marche de Grys-
Jie»g ^ pQwr Ip p€|iat<iu : pa^^ge.
. : tîB I r^ Krers quatre Heures du matio^
P^^Depii , ayaotd^comv^er t les barques
rangées à terre à notre bord'^oomo^e^r
«a sur elles un feu de mousqueterie
qui, dans un instant , s^étendit surtou*
^larPky^.» A)U bpji^ de qpelqpe tems,,
1^ ffiu^ 4p;|^tre artillerie, qui cani:*
jB^Qça 'h: jpuer ,; écarta, l'ennemi du ^
jiyA^Py et quatre compagnies sautè-^
rent dans les barques , et furent bien*
tôt à l'autre bord.Les troupes âppro-
dliànt ensuite engraiod nombre pour
s-^eznbarqper, le succès du premiier
passage iiuit, compJètemejDt assuré. ; .
Qit s'occupa ensuite de la. cens-
( ïé8 )
tmctîon du pont qui fiit bientôt te**
înîaë/ Lés trotrpès' s'y précî^tèrcnt
avec tine atdeùr sàiis' exemple , et
ce passage s^effectiià. si lestement)
qu'avant 9 heures du matin tout le
corps d'arinëe , composé de trois dî*
visions et d'ttnié'tésenrte de câVàleïie,
iè trouva de' Tàùtre aôlé du Rhb;
ïe forma dans la' plaînfe'^ et s'avaBçi
en bon ordre. : , ; ^ »
Le pasisagé secondaire du Para^
dis (i) ne s'effectua pas avec autant
dé fàcilitié : l'enneini se trottvaùt en
forcés iâiti village de Btts^ingléa et
iàt l^s hauteurs couvertes de ^vîgùcs
qtii lé dominent; nos tjou^ès fuMù't
.1 "■■•,■' ■ ' :.-:»'••'
' (1) Parfldi^ est aa couvent de.fillei^ aitiié.iii^é'
dîatement au bord du Rhia • à ane demi-lietfr
aa*des8iis de SchafiThoase , eh face et ' un péil ' Aa-
desâous du village de Bassîngen/qi'S Iiii'est>op{^ôsi
à la rive droite. Oh traverse les.CQur^'du couvent
pour parvenir au rivage.
C 169 )
trop faibles pour emporter' ces po-
sitions , qu'elles attaquèrent nëan-
ndins ^ plusieurs reprises et avec
vigueur. Mais une de no&^colonnes ,
qui avait passé à Reichlingen , et
qui s'était dirigée vers Schaffhouse ,
mit J'ennemi entre deux feux , le
força d'abandonner précipitamment
le village de Bussingen , et nous en-
trâmes le même jour dans Schaf*-
fhouse.
Le commandant wurtembergeois
du fort d'Hohentwiel (*) s'empres-
sa de capituler, malgré qu'on fût
loin de songer à l'attaquer de vive
force. La prise de ce fort fut un
(1) Le fort d'Hohentwiel est placé au sommet
d'une montagne en pain de sucre , très-élevée et
escarpée de tous côtés, éloignée du Rhin de trois
lieues du pays au moins y et qui domine le village
de Singen, sur la route de ScbafiFliouse à Stockac*
ta position de ce fort le rend presque imprenable*
P
( 170 )
d^ premiers fruits de ce passage , qui
nous valut en outre trois pièces d^
pauon enlevées à rennemi , et 7 à 809
prisonniers, dont un major et plut
$ieur3 officiers.
( »70
CHAPITRE XXI T.
Bataille d*Engen.
Ares le passage du Rhin à Rei-
clilîtigen,à rexceptîon du corps de
Sainte-Suzanne, qui était alors en
tnarcfae de Fribourg sur Offingen ,
toute l'armée se trouva réunie et en
ligne.
L'ennemi, qui avait été trompé
iur nos mouvemens, marcha en
grande hâte afin de gagner la posi-
tion de Stockak , et de pouvoir y
réunir la majeure partie de ses for-
ces, avant que nous fussions en me-
sure de Tattaquer. Moreau , de son
côté, ne perdit pas un jour pour mar-
cher à lui , et tâcher de le surprendre
C«70
dans son mouvement. Le ? 3 floi
il fit porter toute l'armée en av
afin de se saisir deja ligne de S\
)Lak â Engen.
Ce fut en avant de ce dernier t
droit que le gépéral Kray réunit
majeure partie de ses forces. La d
vision Delppias rencontra son avant
garde en-deçà du village de Woltar-
dingén 3 il la fit replier jusqu'au-rdelà
de ce village, où ell^ se reformasuf UA
terrein élevé , souslaprotectiaq d'opo
nombreuseairtillerieetd*ungroscorpi
de cavalerie. J^p cojnbat s'enga^
avec chaleur sur ce point, ainsi que sur
la gauche avecla divii^ionRioliepanse
entre Wolterdingen jet Leibp^rdip*'
gen. Les positions du bpis de Welt*
chengen, de I^ulhausen, d'^d^jingen
et de Hohepheben , quoique défen-'
dqes avec ^cjiarn.ement , f ureat suc-*
(Ï73)
èeÎBsitrdmént emportées par nos trou-
pe$, malgré notre grande infériorité
en artillerie , et nous en demeurâmes
maîtres à lantiit.
Notre aile droite , qui avait mar-
ché ver^ Stockafc, i*encontra l'en-^
iiemi, qui fut d'abdrd rejeté jusque
devant cette ville,' où îl nous atten-
dit avec des forces nombreuses eu
infanterie et en cavalerie , soutenues
d'une artillerie formidable. Malgré
tous ses efforfè, il fut culbuté en ar-
fière <}e $«ip||^^ ui)A.«cèaidô
perte. Nos trouj^ ëtifrèrcnt pêle-
]ii#le avec lui dans cette ville, où
l'on trouva d'immenses magasin*
d'avoine et de farine, avec un établis-
sement de boulangerie très-considé-
rable. Notre cavalerie gagna à là
course les hauteurs qui sont au-delà.
Le corps de Saint -Cyr eut plu-
( 174 ) ]
sieurs engagemens avec l'ennemi. La .
brigade du général Roussel attaqua |
vivement les troupes autrichietuies
de Nauendorf , qui occupaient un pla-
teau qui domine Engen. Cette posi-
tion, opiniâtrement défendue , prise
et reprise plusieurs fois, resta enfin
en notfe pouvoir vers dix heures du *
soir.
L'ennemi se retira dans la nuit sur
Mœskriçh et Grombach y laissant
4,000 morts sur le champ de bat^ill^
qu'il nous abandonna , et nous de«
meurâmes maîtres, suivant le but
que s'était proposé le général en chef ^
de la position deStockak à Ëngen^
Cette journée coûta à l'ennemi 90
pièces de canon , 3 drapeaux , et
plus de 7,000 prisonniers.
(175)
CHAPITRE XXIII.
Bataille de Mœskirch, —^ Combai
de Biberachi ..^■'-
liE Succès de là bataille d^Eûgen fut
lé prélude des triomphes de l'armée
française dans cette cartipagne. Après
la perte de cette bataille , l'ennemi
fit une retraite précipitée ^ eu sôrt^
qti'on ne put l'atteindre que le i5.
Lui-même parut se disposer à accep-
ter le combat sur un plateau en avant
de Moèskirch , où il avait réuni des
forces Considérables, et qu'il avait
garni d'une nombreuse artillerie.
Moreau fit avancer l^armée dès le
point du jour.
Le général Lecpurbe , à la tête de
( 176)
l'aile droite , se porta de Stockak à
Mωkrich, laissant sur sa droite une
brigade pour éclairer le lac de Cons-
tance y et une autre sur Closterwald
pour intercepter les routes de Pful-
lendorf et de Mengen.
Le corps de Saiut-Cjr avança sa
droite sur Liebtingen*
Le corps de réserve marcha en se-
conde ligne de l'aile droite.
La division Montrichard , se di*
rigeant sur Mœskirch par Gromb^icbi
déboucha rapideme{it,avec la cara^
lerie et l'artillerie. Mais l'enneoâ ,
par sa grande supériorité ^ démonta
la majeure partie de nos pièces, et il
fallut toute l'énergie desi chefs. y tovt
\e 4^rouement deç troupes pour
maintenir ce cojabat sur ce point.
Mais uue partie de la division
Vandame étant arrivée à Closter-
wald , seconda le général Mçatri*-
( 177 )
tfhard; et le mit en mesure d'emporter
Mieskirch , et bientôt le général Mo->
lîtor , chargé d'attaquer cette ville ,
j pénétra au pas de chaire à la tète
de deux demi-brigades.
.Le général Kray , n'ayant pu arrêter
nos progrès sur sa gauche , rassem*
bla à sa droite une masse de 30,000
hommes , à la tête de laquelle il fit
des efforts înouis pour forcer noire
gauche et la tourner : mais , quoique
nos troupes eussent infiniment à 80uf«
frir du feu de Pimmense artillerie de
^ennemi, et quoiqu'elles eussent été
obligées de changer de front trois foie
sous le feu le plus meurtrier , elles
manœuvrèrent avec tant de bravo une
et de sang froid^ qu'elles repoussè-
rent ses attaques , et qu*il ne put les
entamer. La division Ricbepanse,
qui n'avait pas encore donné , étant
survenue, nos troupes , ijanimées par
C 17» >
ee fenfort , ^attaquèrent avec( une
nouvelle vigueur , qui acheva dd
décider la victoire. Le succès fut
long-tenïs incertain y malgré le cou-
rage et l'intrépidité de nos troupes y
qui seules n'auraient pas suffi pour
l'obtenir, sans le sang froid extraor-
dinaire et les talens supérieurs du
général en chef. L'ennetni commen-^
ça à s'ébranler, à la nuit , de toutes
parts y et à nou^ céder le champ de
bataiïïe. Il se retira sur Segmarîn-
gen , où il repassa lé Danube. Sa
perte, dans cette journée , monta à
près de 4,000 hommes tués ou blessés ^
3,000 prisonniers , 5 pièces de canon
et plusieurs caissons. ^
^ Le lendemain , la division Ney
le poursuivit vivement , le mit en
déroute , et lui fit encore i,5oo pri-
sonniers»
L'armée prit alors position j- sa
C '79 )
droite au lac de Constance , sa gauche
au Danube près de Mengen.
Pendant les journées des 17 et 18,
l'armée s'avança jusques sur la
Scbaussen.
Le 19, elle continua à se porter en
avant.
Le général Saînt-Cyr , s'avançant
vers Biberach à la tête de deux
divisions, rencontra Tennemi prè»
d'Oberndorf , et repoussa ses avant-
postes jusqu*à sa principale position^
où il était avantageusement placé sur
des hauteurs en-deca du vallon de
cette rivière. II, les occupait avec
10 bataillons , un gros corps de ca-
valerie, et 1 5 pièces de canon : néao^
moins le général Saint-Cyr se dis«
posa à l'attaquer , et il le fit avec
tant d'impétuosité , que ce corps fut
mis eu déroute et culbuté dans U
( i8o )
farinde laRiâs. Nos troupes le poii
suivirent et entrèrent dans Blb4
rach.
Après ce premier succès , Saint
Cyr fit attaquer un nouveau corps
ennemi placé dans une excellente
position sur un plateau élevé , au«
quel on ne pouvait parvenir que par
un seul débouché. Sês^ dispositions
furent si bien prises , et son attaque
fut si vive, que ce corps fut mis eu
fuite j et céda le champ de bataille^
De son côté , la division Richepetastf
rencontra Tennemi biem en avant de
Biberach^et le fît replier jusque sur
cette ville^en vue de laquelle ellearri''
vaiau moment où les troupes du corps
de St.-Gyry entraient^Alorslegëoé-
rai Richepanse attaquables hauteurs
qui sont aUi-delà de la rivière ^ et
qui étaient occupées par un corps
très-nombreux y soutenu d'une farte
artillerie. Il fît son attaque avec tant
d'inqipétuosîté, qu'il se rendit maître
de la po8itioii.de Pennemi , qui dous
abaadonna, en laissant le terrein jon-
ché de morts et de blessés.
On fit dans cette journée 2,000
prisonniers aux autrichiens, qui per-
dirent encore à peu près un égal
nombre d'hommes tués et blessés.
On trouva à Biberach des magasins
considérables.
L*ennemi se retira au - delà d^
ITiQr, dont il rompit Içs ponts.
Le 30 floréal , Taile droite , qui
n'avait pas pris part à cette affaire ,
quitta sa position sur l'Aitrach pour
passer l'Iser sur Memmîngen. Les
divisions Montrichard etLorges pas-*^
$èrent cette rivière, et attaquèrent
aussitôt l'ennemi. Le combat fut
très - opiniâtre , et dura jusqu'à la
C i8a )
suit que le champ de bataille nous
resta.
Le 2f , ces mêmes troupes recom-
mencèrent leur attaque, et entrèrent
dans Memmingen , où elles ne trou--
vèrent qu'une faible avant -garde
qui fut repoussée assez loin au-delà
de la, ville. Les bavarois fufent très-
maltraités à ce combat; on fit 1^800
prisonniers*
Le corps d'armée du général Sainte-
Suzanne, qui, depuis le 9 floréal , avait
marché isolément pour se porter du
y ieux-Brisach sur la droite du Da«
nube , en passant par Fribourg , le .
val d'Enfer, Offingen, Doneschin*
gen , arriva le 20 à hauteur de no-
tre gauche , se lia par sa droite au
centra de Tarmée , et prit de ce jour
la dénomination d'aile gauche. Cette
aile resta en position sur la droite
du fleuve.
(i83)
ÇHAPITRP XXI y,
Prise de Icf. flottille de Williams sur
le lac de Constance f — Occupation
par nos troupes de Wangen ^
Jjindau et Bre^entz^
XjE général en chef ayant senti qu'il
était de la plus grande importance
pour appuyer la droite et assurer ses
communications , qu'il fût jraaître de
Bregentz et de Lindau , détacha la
première brigade de droite , soqs les
ordres du génial Laval, pour s'empa»
rer de ces places. Nos chaloupes ca-^
nonnières, chargées de la surveillance
du lac , et de s'opposer aux mouve*
Jïiens de la flottille autrichie4ne ^
/[:o^co^rure^t à cette attaque.
( i84 )
Le 19, elles se portèrent sur Len-
gen-Argen , y abordèrent , et envoyè-
rent à la découverte. Mais WUljaïps
ayant abandonné sa flottille , se porta
à terre avec deux pièces de canon et
un corps de chasseurs tyroliens^ con-
tre le faible détachement qui: était
débarqué, et qu'il força de rentrer
dans ses chaloupes*
Le 20 , une partie des troupes qui
occupaient Rhineck, s'étant aperçu
que Tennemi avait retiré ses postes
des bords du Rhin , passa ce fleuve,
et détruisit les batteries qu'il y avait
construites pour gêner nos comnpiuu^
cations.
Le 31 , nos chaloupes çanoQ.ziiè^es
se portèrent sur Lindau , qu'iU trou-
vèrent évacué. Une partie sç djxigf*
alors sur Brégentz : ce fut dans çç pqrt
qu'on prit 17 chaloupes, faisant partie
de la flottille autrichie;priç q^e Wil-
( 193 )
un triomphe , grâce à la bravoure de
deux de nos divisions , qui vinrent à
bout de repousser des forces inf^ii^
ment supérieures."
Pendant l'exécution de ce mouve-
ment, l'ennemi, qui avait rétini de
grandes forces , attaqua j avec 40,000
hommes,la division po^téeà la gauche
de l'Iser , sou6 les ordres du général
.Bichepanse. Cette division fut cou-
pée en trois parties , et la brigade de
droite fut assaillie avec acharnement.
La division Ney s'avakiça* prompte-
m^nt par le poiït de Kilmintz , et re-
poussa l'ennemi jusqu'à Dittehheimj
mais une forte colonne débouchant
sur Kerchberg , occupé par deux ba-
taillons, ils ne purent s'y soutenir.
Lès autrichiens , par cette manœuvre,
se trouvèrent en^vant du pont de
Kilmintz. Le ^Wéral Ney fit une
contre -marche pour reprendre ce
R
( Ï94)
pDste important, y une demi ^ brîgada
li'ayao^aupa^dect^ç sous 1© feu
le fAm vy?ï «aas'y i^^Pjpûdfe pajr nfl
seul coup de fusil : l'eauemjl futcul^
buté et rejeté dans une route resserrée
isntre des ^ois^ 9Ù il abandonna son
artiUeriis ^( sjEfs caissons , a^ec 1,309
prisonniers^ Le j^énpral Richepanse,
qui avait été *i«pousâré, niais qui s*§t
tait défendu arec la pius grande opî'^
«liâtreté, reprit alors roflfensive: il
£brça rcttoefEii k la ^traite ^ ejt lui .fit|
de son côté ^ Soo pmonniers ^/parmi
lesquels se tnfôJUva. le générai rcoante
deSpork.
Cette journée nous valut a^Qcopri^ j
^onniei», et huit pièces de canf>oiL?e<^ I
.leurs icaisftons.
Les autrichiens se retirèrent précis
pitamn^ent dans la nuit auhdielài du
Danube , et]rcan^Adt|oti$ les ponti
qu'ils aFaiepit sup qe éteuvet
{ içS )
Après cette affaire , Moreau réso-
lut de porter de nouveau l'aile droite
SUT Ip Ixck. Le général Lecourbe
effectua le passage de cette rivière
sur deux points différjens , battit
l'ennemi , et lui prit deux pièces de
canon.
Le ii3, l'armée se rapprocha du
Danube pour Sôutefiit la division
Lecôurbe dans les diffêrens ïnôuvé-
inens' qu'elle opéra. L'ennemi voulut
'l^tfetqufer , niais iî fat répoussé pâr-^
"tbtlt r iï permit dàti*6ette journée 400
bôhiihes tués bu blessés, et 606 prî-
^«tmiiiers.
*" Lé même joTuir, le prince deBeuss
'S^étâ'nt avancé pour attaquer nos flan-
' quetirs de droite , le général Molîtor,
''qnr lés côinmandàit , marcha à sa
Wnéontrte ,1e ren véfsâ , le mit eh fuite
etluî'fit iSopfièonniers.
( 196)
C H A P I T R E X X VII
Passage du Danube^ — Bataille
d'Hochtett.
liE général Kray s*obstinaiit à gai(-
der sa position devant Ulm , M.oreau,
qui qe pouvait avancer en Bavière
sans la lui faire abandpnaer y sp dé-
termina, pour, l'y forcpr, à vme.ma*
tioeuvre d'une grande audace.. Sa^s
équipages de pont , sans bateaux , il
entreprit de passer le Danubp «au-
dessous d*Ulm. Le but de çptte ,t;ei)ita<*
tive était de séparer l'enneipi,^dp,sies
magasins établis à Hatisbonuq^ !à
Ingolstadt et à Çonawert^ et l*obU-
ger ainsi à se retirert)u à combattare.
I^e général Leçourbe, informé que
(»97)
les ponté deBlîntheim et de Gtem*
heim étaient les plus aisés à réparer ^
se décida à passer sur ce point , et le
29 prairial il fit une fausse attaque suif
DilHngen et Lauingen , pour retenir
dans cette partie le corps de Starray^
chargé de défendre le bas Danube.
Le 3o au matin y la division Gudin
commença l'attaque versBlintheim/
par une canonnade qui força l'enne-
mi d'abandonner le rivage : aussitôt
8a' nageurs passèrent, suivis de deux
petite^ nacelles qui portaient leurs
atmes : ils abordèrent à la rive op-
posée ; et , sans se donner le tems de
s^habiller , prenant seulement leurs
fusils et leurs gibernes , ils se mirent
tout mis à la poursuite de l'ennemi ,
et s'emparèrent de deux pièces de
canon/ Des canonniers passèrent aus-
sitôt sur des échelles que l'on jeta en
travers des palées du pont, pour aller»
Ce premier succès feoilita le rétai-
bllssame^t des ponU % qui fureiit
promptement réparés par les poatoix--
niers^t les sapeurs réunis, Dçux h^^
taiîlom passèrent d'abord )l^ s'esppa^,
rèrent des villages de BU^theim etlde
Gremheim j le surplus dea divisiox^
Montrîcbard et Gudij;i paa^sa succen^
sîveme^t.
L'ennemi , réunls^^nt ses forcoft ^
marcha contre ijQus^/d^.D^nawoi*
d'un cèté, de DilUoige^ d4 Va«tM^.
Pour eflopêcHei; ces deux c?oi^: dft w?
ïéunir>,L^ourbe^J&t altaq;aw le viK
lagede Schawem^^gf^m, qviifutpri^et;
repris plusieurs f ois siiwlgré k^upé--
riorité des fcMPciesde reaftemijUfutî
mis en déroute par une charge vigou^
reuse , exécutée par deux cscadroni^
de carabiniers, un pelatoc dttSV»» dc^
< »99 )
fiQgftatds^ et l' escorte dQ général Lè^
courbe. Cette charge , faite par une
poignëe de braves , le tram^na jusqu'à
Donawert. On lui fit 2, 5oo prison-*
ûiers j on lui prit dix pièces de canon ,
quatre drapeaux' et troi« cents obe^
vaux*
Lecourbe, à la tête de plbsieuri
f^gimens de cavalerie , se porte sur le
flanc gauche des autrichiens , qui
était • couvert par une nombreuse
cavalerie; il h. déborda et la fit
charger vigoureusement sur la routé
d'Hochstett à Dillîn^en î elle fut re-
poussée , et abandonna Hnf antcrîe ,
dont une partie fut prise et coupée,
et le reste poursuivi vivement jtïsqtt*^
Grundelfingen.
Le général Kray fit marcher contre
nous toute sa cavalerie, qui fit rétros
grader la nôtre pendant quelque
fems : ses renforts arrivait succès-
( ipo )
sivement, il prit position en avant de
la Brenz , avec un corps de 8,000
hommes. Heureusement une partie
du corps de réserve avait passé le
Danube sur les ponts de Dillingen et
de Laujngen, qui se trouvaient réta-
blis : la division Decaen se joignit au
général Lecourbe, L'ennemi fut char-
gé avet impétuosité par notre cava-
lerie, et finit par être entièrement
renversé. Le combat dura Jijsqu'à
onze heures du soir, que Tennemi,
rejeté au:delà de la B renz , nous aban-
donna ses positions»
Dans cette journée , on fit 5,ooo
prisonniers 3 on prit '5 drapeaux , 20
pièces de canon avec tous leurs
caissons j le lendemain on s'empara
de 3op voitures et de i,*2oo chevaux ,
ainsi que des grands magasins établis
à Donawert.
( 201 )
CHAPITRE. XXVIII.
Affaire de Nordlingen. — Combat
de Neubourg. * — Erftrée des
troupes françaises à Munich.
Apres la bataîïle d^Hochstett , Yen*
nemi,qui se trouvait réduitàralternar
tive de livrer encore une bataille, ou
d'abandonner la position d'Ulm pour
gagner Ingolstad t , effectua sa retraite*
L'armée se mit à sa poursuite; mais 9*
comme il se retirait rapidement , il
n'y eut que son arrière-garde qui fut
atteinte par le général Lecourbe , qui
lai enleva /i5o prisonniers. Il parut
vouloir résister sur la^ hauteur de
Nordlingen , où il déploya une forte
artillerie ; mais il ne put empêcher
( iài )
âne partie de TaYmée de débouchef
des bois qui resserrent la route, et de
prendre position vers Rifflinging.
Devant Ulm, l'ennemi ayajit retiré
ses postes de la droite du Danube, le*
général Richepanse pas»a ce fleuve à
Guntzbourg, dont il rétablit le pont^
et forma Pinvestissemcnt de la place
sur les deux rives.
A cette époque y le général Kraj^
en donnant avis à Moreau de Par-^
mistice conclu en Italie le 97 prairial #
entre Mêlas et le général B^rthieTi en
proposa im. Le général ASorea<ii , m
youlant pas lui laisser gagner dq
tems, dont il eût profité pour «'éta-
blir en Bavière et nous en disputer
l'entrée 9 le refVisa; mais , s'attendast
que bientôt il serait dans le cm dfl
suspendre sa marche , il changea lo
but de ses desseins^ et fit partir lur»
lé-champ pour Munich ttn.détacheM-
C 2p3 )
ment aube ordres du général D^caei»/
qui s^y rendit à marches forcées.
Le i-et le 6 messidor, on suivit
Pennemi qui se retirait derrière le
Wernitz ; il pel'dit une de ses colon-
ntê d'^ëquipage j le obâteau d^Har-
bourg capitula) et Ton fit i5o pri«
sonniers.
Le 8 , l'aile droite de tiotre armée
marehl^ sur Neubourg : la division du
^êùêpaà Montridiard , qui se portai
Ntf cette ville , eut à soutenir le choc
dè^'la plus gt^àde partie de rarmée*
atitridhiienne :' on rencontra ses pre-i
miers pbstes en avant dii village de
SfràW^ et on les poussa jusque sur les^
ïràlltfe«t*sd'Unt6r-Hausen,qu€i Tenue*
liai occupait en forces» Il fut, de nou*
teau,attaqué vivement defront: lapo»
sition fut enlevée ^ et nous parvîijimes
wir le revers des hauteurs à la vue de^
Neubourg. Mois les troupes autri*
( 2Ô4 )
cliienneê i recevant continuellement
de nouveaux renforts , elles revinfént
à la charge , et nous reprirent les hau«
teurs. La division Montrichard fut
forcée de faire retraite : elle l'opérait
en bon q^dre', lorsque la division
Grandjean , qui avait passé le Lech,
arriva à son secours. L'ennemi fut
arrêté ; nos troupes se dirigèrent ^ sur
trois colonnes , à l'attaque de sa posi-
tion , et ces colonnes mirent tanj de
vigueui^ et de concert : dans leurs
^eflPorts , qu'ellies réussirent à s'fen em-
parer et à l'en chasser définitivement.
Ce fut dans cette mêlée que fut
tué le brave Latour-d' Auvergne, (i)
^premier grenadier de l'armée fran-
çaise , qui combattait daos les VBSiff
(i) n est h .remarquer que ce brave greàadîert
issu du sang de Turenne , mourut dans la-mèiii»'
duché que son aïeul j et presque dans le mâiu^
mois. Turenne mourut le 27 juillet 167^
C2o5)
de la quarante-sixième demi-^bri-
gade.
On combattit de part et d'autre
avec acharnement , et ce ne fut qu'à
onze heures du soir que, nos troupes
.parvinrent à prendre position sur les^
jbayteurs d'Unter-Hausen.
L'ennemi évacua Neubourg dans
•la nuit : il en brûla le pont , et se re-
: tifa, sur Ingolstadt, parles deux rives
du fleuve , en nous laissant 800 pri-
sonniers! de quinze régimens diffé-
^rens. ,
Le même jour , le détachement aux
ordres du général Decaen, qui se por-
tait .sur Munich à marches forcées, se
. trouvait à Dachau , et le lendemain
il arriva à sa destination , et s'em-
para de la capitale de la Bavière ,
après avoir fait vingt-quatre lieues
de pays (i) en trois jours de mar-
■■■ ■ I ' \ ' ■ ■> " »
(i) Douze xDyriamètres.
(m6)
^lies et soutenu en route trois àom-
bats.
Combat èe t^anà^ut.
Mor^u , après plmietïr^ rnowe-
mens, prit le parti de tenit- sa gauche
devant Ingolstadt , et d*airM[€«r »
droite de manière à pouToir «obte-
nir la division Decaett, que i'ë^flemi
eût attaquée di eon diesseib eût ^^té
de «e porter sur PIser.
Du 9 au l4 messidor y^Pwmée fit
différentes marches entre le Leteà et
Viser , sur la Pàari , l'Inh et C Amàier.
L'armée autribhietine n^ayant pas
gardé la position dlugolsfadt, et
n'y ayant laissé qu'une gkmféon ,
Moreau fut tranqtnlle >stir sft gëbilcfa^ ,
où: il suffisait d*obserxrer ce*te Ville.
Il détacha Lecoûrbe avec 'sa pre-
mière division j avec des corps de
flanqueurs , contre le corps du prince
( 207 )
de Reuss ; il dut se diriger d*un*
part sur Bregentz et Feldkirch , de
l'autre sur Fuessen et R^uti , sur le
baut Lech , pour menacer de le tour-
ner par la haute vallée de Plno. Pour
déi^ber ce mouvement à Pennemi , ii
fallut en faire un qui parût menacer
Batisbonne.
* Le i5 , la première division de
J'aile droite se mit en mart^he pour
cette expédition ; le surplus de Tar*
Siée commença à manœuvrer , et
Italie gauche poussa une division jus*
^H'à^eustadt)8urk Danube.;
Le i8 messidor , après divers mou^
yeo3Lens , nos troupe$ attaquèrent le
poste de Landsbut sur trois co-
lonnes,
L'eonenii défendait cette position
avec 4,000 hommes : il fut vivemeni:
attaqué par nos troupes , qui for-
cèrent le premier pont j et enfoncèrent
( 2o8 )
la porte à coups de hache , sous un
feu violent de mousqueterie,. Elles
traversèrent ensuite, en courant, la
partie de la ville située dans l'île , et
arrivèrent à un second pont , que
Tennemi voulait défendre ; mais la
vivacité et l'intrépidité françaises ne
lui en laissèrent pas le teins , et ,
après avoir eûfoncé encore une autre
porte de la même rnanière, où le pour-
suivit au-delà de la ville; il se rallia
à quelque distance, et revint à la
charge à deux reprises j mais , mal-
gré ses efforts J il fut vivement re-
poussé.
Six cents prisQnniers , i colonel ,
3 pièces de canon et i5o chevaux
tombèrent en notre pouvoir. L'en-
nemi y perdit en outre 400 hommes
tués ou blessés.
Pendant tous ces mouvemiens, la
division Richepanse était restée de-
( 209 )
vant Ulm, Dans la nuit du 1 8 au 19 ,
la garnison àb cette place fit une Sor-
tie : elle remonta le Danube et la
Blav<^,'et fit d*àbord quelques pro-
grès : mais elle finit par être repous-
sée ettforcée^de rentrer précipîtam-
inent ,• avec perte de ï5o prisonniers
et de beaucoup de tués ou d« blessés.
f 3Kr ) .
.1 1 \
■ H ■ I ^1 I . ! ■ f H H 1 I I J i f\ ' -Î
C H AP I T R B J^JLi:^^
Passaga 4u iRAv^ jW -^ 4 - w
tice.
li'ARMÉE française, guidée par le
gënie de son chef, marchait de
triomphes eu triomphes : un succès
n'était que le prékide d'un autre j
tout cédait à la force de nos armes ^
tout ployait devant une armée qui
joignait le plus grand sang froid à
une bravoure extraordinaire , et qui
ne comptait pour rien les obstacles.
On va la voir de nouveau parcourir
une nouvelle carrière de combats et
de dangers, et en sortir glorieuse et
triomphaote»
(au)
Tandis qu'une partie de l'aile
droite , jointe aux corps dç$ flaivr
^peurs des généraux: Molitoret Nan*
souty I se portait contre le corps dif^
prince de Reuss , le gros de Parmée
continua à manœuvrer pour se rëuf
nir et se concentrer sur Viser.
La division! Ney , chargée du blo-'
eus d'Zngolstadt, poussa des recon*^
naissances jusqu'à Nuremberg, pour
attirer l'attention du général Kray
sur notre gauche. Mais pour soutenir
lemouvementsur Fuessen > dont Vat*
ifaqiie devait s'effectuer le î23 , et
pour tenir en échec les renforts qiâ
•auraient pu venir du Tyrol , la di-
yisiof^vMontriçhard s'avança le mêm^
jour jusqu'à Bepedicf>*Beuren.
Le ;2 3 y le général Gu^in attaqua
les. positions de l'ennemi en ^vamt
»de Fuessen , renforcées de redoutes
et'de retpancheHiens ga^is d'artiU
(212 ) '
lerîe : il les enleva les unes après les
ctutre», et fit replier les autrichiens
Jusqu'à Fuessen , où nos troupes en-
îrèrent pêle-mêle avec eux , après
avoir franchi tous les obstacles. Ce
àuccès nous valut 3 pièces de canoa
et 900 prisonniers.
" Le général Laval , chargé de s'em-
parer d'Immenstadt , trouva cette
ville évacuée : il dirigea alors un
bataillon sur Bregentz pour renforcer
le général Molitor.
Ce général , chargé de la partie
principale de l'expédition, partagea
en trois corps les forces mises à sa
disposition , et parvint à surmonter
tous les obstacles que lejmauvais état
dés chemins montueux opposait à
son arrivée. Le passage du Rhin à
Lucisteig s'effectua heureusement
dans la journée du 24 messidor : un«^
colonne fut promptement transportée
( "3 }
à la rire droite , meigvé Teitrême
faiblesse de nos moyens, et l'impé-
tuosité du courant. L'ennemi , sur-
pris par notre grande célérité, ne s'y
trouva pas en mesure , et il ne nous
opposa qu'une résistance médiocre.
Après ce succès, le général Jardon
détacha quelques troupes sur Coire ,
et marcha avec le surplus vers Feld-
kirch , où il ne put arriver le même
jour à cause de l'éloignement.
La colonne de l'adjudant Dor-
menans entra le même jour à Coire,
ou elle fut jointe par une partie de
celle qui avait passé près de Lucis^-
teîg.
Le généfel Molitor , qui marchait
.le même jour sur Feldkirch , ren-
contra en avant de Hohen-Nubs un
corps ennemi considérable, qu'il at-
taqua, malgré son infériorité, et le
repoussa jusqu'à Goezi , où il avait
C2T4)
des r^trahchemcms.qulL emporta <&
vive force..
La vigueur qu^èn avait montrée
à ces diverses attaques fit croire â
Jallachich , qui commandait à Feld-
kirch , que Ton avait reçu des ren-
forts 3 il se détermina à évacuer cette
-place , où nos troupes entrèrent le'
lendemain matin, 25 messidor.
Cette expédition y qui nous valut
là prise de Feldkircb y de Fuessen et
d'Imiiienstadt , l'occupation du pays^
,des Grimons, et le passage (Je Lucis^-
iéig, avec K)3^o«prisonnier$ et qujçl"
ques pièces de canon , fut la dernière
opération diç la çajup^guc.
- Le 23 messidor'v le géi^rai Kra^iç,
iayant fait de nouvelles propositions
-d'armistice , Hs négociations 8*ou>
vrirent pour en régler les conditions,
et le 26 du même mois £ut Gonc^lue
f 21:5 y
ma^ t^cHiriantîïanr qui smpeuûH toutep
hostiiièës; i , .
: Cfpeàdauti dan» la quit du 27 au
98 y. la- garmsoa d'ingolgtadt fit um
tartiè vigourieuse sur La gauche dir
DàjpuJDe y. qui fit d'abord replier sas
{^d^tes rxniaiaie général Ney ,. chargé
4u blocus. d« cette place ^ la rejeta
dans ses murs, avec perte de ôof^
frHspnniers*
'. £>art8 Je courant du même mois^
y^wé^ gallb batave ne s'étant pat
)i»c©r^ portée sur le Bas-Rhin, et
lies! partiis s^étant introduits sur le$
^wri^Ses de ^armée , le général en
ehef avia.it jugé utile de détacher le
général Sainte -Suzanne pour aU«
Wôéènibler vers Mayence un corps
d- armée ;destiné à pénétrer dans la
Eranconie : il était parti de Tarnaéc
Trers la mi-prairiaL
lie 14 messidor y^ ce corps avait:
(2i6)
commence son mouvemisntit, et pass^
la Nidda. Le 28, il fut^ attaqué
dans liiie position qu'il avait prise
entre Neu-Weissembourg et Hanau ;
mais il battit l'ennemi , et lui prit
200 hommes. Il allait pousser plus
avant ses succès , lorsque l'armistice
luiouvrittout le pays jusqu'à la Reid-
uitz.
La ligne de démarcation , fixée
par l'armistice, s'étendit de la rive
droite du Rhin , dans les Grisons f
jusqu'à l'embouchure du Mein, dans
le même fleuve. Cette ligne se liait
à droite avec l'armée d*Italié pat
Coire , la vallée de Tusis, le Splu-
gen et Chîavenne. Sur la rivedroitc
du Rhin , entre le Mein et Dus-
seldorf, nos troupes devaient gar-
der les positions qu'elles se trou-
veraient avoir à l'instant de la con-
vention ; mais , devant Mayeuce,* la
( 217)
ligne d.e démarcation ne pouvait
dépasser la Nîdda. 11 fut convenu
aussi que les places occupées par
l'ennemi , et situées en-dedans de
cette ligne, resteraient, à tous égards ,
dans l'état où il serait constaté qu'elle
se trouveraient au moment de la sus*
pension d^armes.
Ainsi se termina cette glorieuse
campagne. L'armistice , qui en fut
îe résultat, dut être regardé géné-
ralement comme le prélude de la
paix : le 9 thermidor, les prélimi-
naires en furent signés par le pre-
mier consul et le comte Saint-Ju*
lien , stipulant pour l'empereur. Ce
dernier refusa de ratifier le traité.
Ces tergiversations de l'empereur
paraissant n'être employées que pour
temporiser , l'armée , qui avait mis
à profit l'intervalle du repos dont
elle avait joui pour se mettre en
T
(218)
état de rentrer en campagne , reçut
ordre de reprendre les hostilités.
I.e général Moreàu écrivit à Tar-
chiduc Jean, (i) alors commandant
en dief les troupes autrichiennes,
le premier jour complémentaire ,
qu'attendu le refus de l'empereur
de ratifier les préliminaires de paix
arrêtés par son plénipotentiaire , il
avait reçu ordre de son gouverne'»
ment de recommencer les hostilités
à TiDstant , à moins que l'empereur
ne consentît à traiter avec lui d*ua
nouvel armistice d'un mois, et à li-
vrer de suite aux français les places
de Philisbourg , Ulm et Ingolstadt,
pour garantie de ses intentions de
conclure une paix définitive.
L'empereur , éclairé sur les posi-
tions avantageuses des français , par
(i) Le général Kray avait été disgracié^
( 219 )
la démarche qu'il fit de se rendre à
son armée , craigoit. pour ses états :
il autorisa le comte de Lerbach et lef
baron'' de Lauer , à traiter avec le
général Lahbrie muni des pouvoirs
du général en chef Moreau. Les places
fortes demandées furent accordées ,
et on convînt d'un armistice de qua-
rante-cinq^ jours , qui fut signé le
troisième jour complémentaire.
( 220 )
ÇHAPITRi; XXX
Dénonciation de la reprise des
ho&tilit^s. — Proclamation du
général Moreau.
JjE çi^bipiet de Vieçnçi, wflqencé
par Por dç PApgleteryç . profita de
la proloAgation de Vwflli^UçQ qi*î]ui
avait été accordé pour faire de nou-
velles levées d'hommes , et pour réor?
ganiser ses troupes.
Le général Moreau partit de Paris
le 26 brumaire, et arriva à Munich
le 6 frimaire suivant , d'où il adressa
à l'armée du Rhin , qui s'était déjà
ébranlée sur plusieurs points , la prp"
clamation suivante:
Au quartier-général de Munich , le 6 frimaire.
IjC général en chef à l'armée*
ce Soldats ! le peuple français était
C 3^î )
loiû de ci?oire que tous àei'îei fenfcôrê
forcéi de reprendre le^ eumèi dàtist
les saisons les plus rigoureuse^ pdiir
lui donner une paiji: qu'il ^êHiê
avec bonne foi ^ et que ses enneinfii
cherchent à éloigner par les ruses
que la diplomatie n'emploie que trop'
frëquefmment^
En effet , ouue pouvait giière s'at-
tendre à voir un négociateur se pré-
eentefr sans pouvoir de négocier.
Le gouvernement français , aussi
franc que doit l'être celui d'un état
libre , s'est empressé de faire , à l'am-
bassadeur de la maison d'Autriche,
les ouvertures les plus avantageuses,
ne doutait nullement de mettre uni
terme à vos travaux , et de rendre le
repos et le bonheur à la république.
Le comte de Cobeûtatel déclare
qu'il ne peut traiter de la paix qu'en
présence des commissaires anglais*
( 222 )
En vain lui ob serve- t-on qu'un
peuple qui solde tous ceux de l'Eu-
rope qui veulent s'armer contre nous
ne ccfnsentira point à voir cesser une
guerr^e que sonjgouverjaement trouve
avantageuse, et cherche à prolonger
même par des moyens. odieux. ^
La raison se tait \ devant des
ppuvoirs impératifs , et de. nou-
veaux succès paraissent seuls de-
voir, faire changer des dispositions
aussi tranges.
C'est par d'aussi misérables chi- /
canes que nos ennemis ont cru gagner
une saison qui ne nous permettrait
pas de faire cette campagne- avec,
succès. . '...-.
.Ils devraient mieux vous connaî*
tre, et croire que les soldatS; français,
aussi peu sensibles aux rigueurs de
la saison qu'ils l'ont été en conqué-
rant la Hollande et en défendrait le
( 223 )
fort de Kell , sauront surmonter le%
mêmes obstacles, pour rendre à leur
patrie une paix qui mettra le combU
a leur gloire et à sa prospérité , etc.
Dans la nuit du 7 au 8 , le centre
de l'armée se por{a sur les bords de
rinn , en occupant les pays que les
autrichiens avaient quittés.
Une colonne française attaque les
redoutes en avant de Wasserbourg,
et même la ville , près de laquelle est
un pont sur l'Inn , les emporta d'as-
saut : les autrichiens furent partout
culbutés. On s'empara de l'artillerie
autrichienne qui garnissait ces ou-
vrages. Ce succès fut l'avant-coureur
de la célèbre bataille de Hôhen-
linden.
.. i
C 2^24)
CHAPITRE XXX L
Bataille d'Hohenlinâen , gagnée
par V armée française.
JjE II, le corps du géaércil Grenier
s'était rassemblé entre Hohenlindeii
et Hartofen. Ladivision Grouchy ap-
puyait sa gauche à ce premier vil-
lage. Le général en chef, quis'atten-.
daitàètre attaqué, avait donné ordre
aux généraux Richepanse et Dccaen
de débcuc^ier par Saint- Christophe
sur Matempœt, et de tomber avec vi-
gueur sur les derrières de cette atta-
que. Ce mouvement s^exécuta avec
autant d'audace que d'intelligence.
L*enoemi commença son attaque
ikur Hohenlinden ^ le i3 , à sept heures
( 225 )
et demie du Inatin, on se borna à \e
contenir ju6qu*à Tinstant où un ino«
ment d'hésitation fit juger que l'at-
taque du général Richepanse com-
mençait. Alors Mofeau ordonna au
général Grenier de commencer la
sienne. Le général Ney se porta avec
rigueur dans le défilé^ et rencontra^
à moitié chemin de Matempœt , le
général Richepanse. Tout ce qui était
engouffré dans lelsois, étendu d'eit'-
viron une lieue et demie , fut tué ,
pris ou dispersé. Pendant ce tems f
le général Grouchy culbuta la ré-
serve de& grenadiers enneihis qui
avaient cherché à débdrder sa droite*
Les mouvemens des généiaxix Ri-
chepanse et Decaen éprouvèrent les
plus grands obstacles : obligés de
marcher par des routes étroites et
entièrement entourés d'ennemis , le
général Richepanse se trouva séparé
( 224
CHAPITRI
Bataille d'Hohenîir.
par V armée fi
JuE 1 1 , le corps du
s'ctaît rassemblé en^
et Plartofen. Ladivi
puyait sa gauche
lage. Le général e*
daitàètreattaqu'
aux généraux F *"^'j.* ],^},^j^' •
de débouc|;ie^ / , /,r.i \i :-•
sur Matemr , ,>..v-^'/* ' '' ^^ "* ^ ""
gueor sur /-. !rr: îllcrcpoussi c^
que. C *'r.< vw/v.
^jj|.r / ://À///v paraissait cû
' • • •. '.* V .V //vj/s? Jieures ,
••• . '•• •*. vvw ennemi déb
/ ••
^ ( !236 )
dès antres troupes avec cinq à sïx
bataillons et un régiment de chas-
seurs j mais , sans regarder derrière
lui y il marcha au milieu de Tarmée
ennemie, sans s'inquiéter du peu de
troupes qu'il avait , et joignit la tête
de la division Ney , conduite avec
une égale intrépidité par l'adjudant
Ruifiu. Le général De caen parvint à
faire pénétrer la légion polonaise au
$(>utien*tlu général Richepànsè.
Pendant que le succès se détermi-
nait au centre , un corps ennemi ,
marchant deWasserbourg sur Ebers-
berg , força le général Decaen à
phanger de front à droite pour l'ar-
rêter : il le repoussa dans le plus grand
désordre.
L'affaire paraissait complètement
décidée à trois heures , lorsqu'un
aulre corps ennemi déboucha par
Burkrain sur flohenlindén : comme
( 227 }
le général en chef s'attendait à un ef-
fort sur la gauche , il avait laissé en
position deux divisions et la réserve
de cavalerie , qui , au moment ou
ellesprenaient l'offensive, furent elles-
mêmes attaquées. Quelques troupes
de la division Ney et des autres di-^
visions qui se trouvaient ^ portée ,
étant survenues, ces deux divisions
repoussèrent ces attaques , et abor-
dèrent l'ennemi avec une grtinde vi-
gueur 3 et, après plusieurs efforts , le
culbutèrent avec perte d'une partie
de son artillerie.
Cette bataille fut tellement' géné-
rale , qu'il n'y eut pas un corps dans
l'arm ^française qui n'eût combattu.
La neige tombait à grands flots pen-
dant toute l'action.
Le résultat de cette célèbre journée
fut la prise de 80 bouches à feu >
90O caissons ) lo^ooo prisonbiérs, et
trois gt?néraux.
On poursuivît l'ennemi jusqu^à la
la nuit 'y il était alors dans une dé-
route complète^
Le corps du général Lecourbe , qui
s'était emparé^ le lo, de Roienlieim ^
fut chargé de couvrir Tlnn et tous les
débouchés du Tyrol.
( 229 )
CHAPITRE XX X IL^
Passage de VInn par l^armée du
Rhin. — Entrée de nos troupes
à Satzbourg.
ApnÈs la bataille mémorable de
lîohenlinden , les autrichiens furent
en pleine retraite, *
Le 1 8 , l'armée passa l'Inn à Neu-
peurn , entre Ruseinheim et Kuf tein,^
Dès le soir de la journée du ir, le
gj.'néralLecourbe, commandant l'aile
droite , fit ses préparatifs de passage
eq faisant une reconnaissance sur
î'Inn pour désigner le point le plus
avantageux à Rétablissement d'un
pont. Le i8 , au matin , les trois di-
visions du centre étaient sur la croi-
sée des chemins de Roseinheim et
( 23o)
Kuftein , et le général Lecourbe sur
Neupeurn , point désigné pour le
passage.
A six heures précises du matin ,
le général Lecourbe fit jeter son pont
sous le &u de 3o pièces d'artillerie :
Tennenii fut forcé d'abandonner les
bords de la rivière, et le pont fut
achevé dans l'espace de quatre heures.
A dix heures du matin , une grande
partie des troupes fut sur la rive
droite.
Après avoir effectué son passage ,
ce général se mit à la poursuite de
l'ennemi , qui ne fit aucune résis-
tance jusqu'à la position de Ste-
phankirck, où il voulut soutenir un
effort ; mais il fut bientôt forcé à
se replier, et à opérer sa retraite,
en laissant 600 prisonniers dans nos
mains.
Le 19 , la division RichepansCj
(231)
après avoir passé rinn sur un pont
de bateaux établis pendant la nuit,
marcha sur Vasserbourg, tandis que
le général Lecourbe se porta sur
Secbruck , à^ la tête du Chiemsec.
L'ennemi continua sa retraite, et
tout fit présumer au général en chef
qu'il allait se reformer derrière la
Salzach.
Le passage de Tlnn effectué à
Neupeurn , l'armée française s'a^
vanca entre Tlnn et la Salzach
pour forcer l'ennemi à évacuer le
pays. La plus, grande partie de ses
forces se concentra entre Lauffen
et Salzbourg.
Le 21 frimaire , le général Le-
courbe trouva une avant-garde en
avant de la Saal : il la culbuta si
brusquement , qu'elle lui abandonna
4 pièces de canon et 400 prisonniers.
Le général en chef, qui avait fait
(a3a )
«es dispositions pour passer le Sal
zach entre Lauffen et Salsbourg^
fit porter la général Lecourbe sur
la rive droite de cette rivière. Le 22 ,
ce généra) la passa malgré Tennemi
qui roulait la défendre , et s'empara
du village de Wael.
. Le général Decaen arriva sur Lauf-
fen y trouva le pont rompu , et l*en«-
nemi garnissant les hauteurs qui
le dominant. Trois chasseurs se fe^
tèrent à la nage, malgré un froid
extrêmement rigoureux , pour aller
chercher quelques barques sur le
bord opposé, tandis que quelques
autres s'avançaient en fusillant sur
lesdébris du pont. Environ 80 hom-
mes , passés sur des barques qu'on
avait ramenées , suffirent pour cul-
buter l'ennemi , et lui faire 200 pri-
sonniers.
Moreau fîtdiriger quatre divisions
C?S3 >
aVec l'équipage de pont sur Laudfen ;
pour jeter un pont nouveau , tandis
qu'od réparaît cdlui que l'enneini
araif rompu. Ces travaux s*opérèrent
pendant la nuit : àé]k Sac hommes
étaient passé» sur la rire' àroitè j
lorsqu'à huit heures du matin, le !i3^
il s'engagea une affaire trës-vivesnr
le front de l'aile droite. Le général
Lecourbe la Soutînt avee vigueur
jusqn^à deux heures après-midi , lors-
cjne le général Decaen, qui avait
passé la rivière en entier avec sa di-
vision , commença à marcher ea
avant, faisant un grand feu d'dr-
tillerie sur ce qu'il avait devant luî#
Ge mouvetrtent, en contribuant à dé-
gager te général Lecourbe , favorisai
en même tenrt ïe passage de la di-
vision Richepanse , qui commençait
à Se foi^mei* sur la rive droite.
• Daii^ la liuif du ^% «a i4 > l'en-*
nemi opéra sa retraite aVec précl^
pilation , et nos troupes entrèrent à
Salzbourg à huit heures du matin.
L'ennemi eut dans cette affaire
800 blessés, dont une partie resta
a Salzbourg y et abandonna 400 pri*
sonniers et une pièce de canon.
L'armée française, après avoir fran-
chi le passage de la Sâliâch à Lauf-
fen , poursuivit avec vigueur l'enne-
mi dans sa retraite. L-a,ilé droite
se porta sur Ginaxiden > le centre
suivit la grande route de Sakbourg,
à Lintz.
Le général Bichepanse , à la tête
de l'avant-garde , ne cessa de har-
celer l*ennemi. Il culbuta -son ar-
rière-garde en avant de Neutnarfc ^
lui prit 4 pièces de canon et plus de
600 hommes»^
Le 27 , il le rencontra encore dans
le forte position auprès de Vo-
tiaklapuok. Nôsïrôttpes le chargèrent
avec tant de vigueur , que plus de
ijooo prisonnièt^', [^âtpmi lesquels au
moins 600 cavaliers, tombècent dans
nos mains , ainsi que le général Lo-
pez qui les commandait.
Le 28 , l'ennemi voulut défendre
les positions en avant de Lambach.
Le général Richepànse et ses, braves
troupes redoublèrent de vigueur et
d audace : les bulans et les manteaux
roliges , poursuivis par notre cavale-
rie , furent devancés dans le défilé de
Lambach par notre infanterie 3 on ea
fit un carnage effroyable : le colonel
des hussards resta blessé en notre pou-
voir. Le prince de Lichenstein, co-
lonel des hulans, fut obligé de se
rendre avec l'élite de ses officiers. Le
résultat de ce combat fut 800 prisou- '
niers et 3pièces de çajtiou. I/eunenil^
.C.î3^ )
en outre , fit une perte énorme en
morts et blessés*
Le 39 frimaire , J'armée , poursui*-
vant ses succès ^ n'était plus qu'à
quelques marches de Vienne ,. et les
autrichiens (i) en déroute , n'ayant
plus que de faibles obstacles à nou9
opposer , il eût été très^aisé d'y pé-
nétrer et d'y Tenir dicter des lois ;
mais le général en chef crut (fue^
s'arrêter au milieu des victoires les-
plus brillantes était conforme au ca*
ractère de modération par lequel le
premier consul s' était fait connaître
à toute V Europe, et dès qu'on l'eut
assuré que le désir de Pen^pereuv était
M I. ■ ■ I I I ■•
(1) Depuift Touyerture d(e cette campagne d'hi^
Ter par la bataille àe Hobenlindeo et par lee
combats qui en furent la suite , l'ennemi perdit
tout le pays compris entre Pfser et la rivière d*£r-
lapb, xa à 15,000 hommes morts oa blessé? , :i5,o0O
prîfioniiîers, aveo 140 pitoee d* cmott'^tdtt nUki^
'Qs immenses»
( 23; )
de faire la paix, quelles que fussenfles^
intentions de ses alliés, il accueillit
favorablement les propositions que
lui fit l'arcbidnc Charles pour la
conclusion d*uû troisième armis-
tice*
Les négociations qui furent enta^
mées se terminèrent par une con*
vention qui' fut signée à Steyer le 4
nivôse ; elle nous rendit maîtres de^
forts de Huffstéin et de Saînt-Scha^
rintz dans le Tyrol, et des places de
Wnrtaboui^ et de Braunau , ainsi
que de tous les pays compris en-deçà
d'une ligne de démarcation qui por^
taitnoB avcint-postes «i trois ou quatre
marches de Vienne , sur la rivière
d'ErlaphrCes? conditioûs très-mode*-
' rées nous assuraient néanmoins de
grands avâintage^ pour reprendre
l'offensive , dans le cas où on nous y
eût eircore une fois focc^.
( 238 )
Le 6 nivôse , le général Môifeati
adressa à Tarmée la proclamatioa
suivante :
« Soldats ! après vingt jours dont
aucun n'a été perdu pour la gloire ^
vous avez traversé PInn • une des
dernières barrières de l'Autriche.
L'armée ennemie fuyait en désordre
vers sa capitale , qu'elle n'aurait pu
défendre , lorsque le prince Charles ^
m'annonçant que l'empereur était
décidé à signer la paix, m'a de*
mandé un armistice. A ce mot de
paix , objet de vos travaux , but de
toutes vos victoires , j'ai cru devoir
arrêter votre marche, et donner à
l'Europe une nouvelle preuve de la
modération de la république franr
çaîse.
Soldats ! nous ne devons pas craii^;;
dre que cet armistice .trompe nos es-
pérances ;. le prince Charles reprend
aujourd'hui le commandement de
l'armée autrichienne : guerrier re-
commandable , il doit voir avec hor-
reur le sang des braves vendus à Vov
des insulaires.
Si, cependant, contre toute vrai-
semblance, l'Angleterre parvenait
encore ^ étouffera Vienne la voix de
la prudence et de la saine politique ,
vous ressaisiriez vos armes j et dé-
sormais , sourds à toute voie de con-
ciliation , vous porteriez des coups
mortels à des ennemis que la des-
tructlpb seule pouvait désarmer. Les
avaûtages. que vous retireriez alors
des ^conditions de l'armistice fe-
raient plus que compenser la perte
de quelques jours de repos.
. Soldats ! vos généraux vont vous
cantonner dans le pays conquis par
votre courage : commandez-y l'a-
mour et l'estime par votre discir
( M* ;
pliné, et Votre respect pour les pro-»
priëtës : ainsi , couverts de tous le^
genres de gloire , vous rentrerez aiï
9«iû de la Franee, dont vous au-'
rez contribué à assurer la paix et
le bonheur.
Signé MoRBAu. »
La paix vînt enfin couronner la
constance et la valeur de nos ar-
mées 3 elle fut signée à Lunévilkf
le Qo pluviôse an IX.
O France ! ô ma patrie ! lu peux
t*enorgueillir avec raison de la bra-
voure de tes armées , du génie et
ier l'habileté de tes chefs. Et si ja»
mais des puissances jalouses^ osaient
encore attenter à tes droitâ^^ lé§
grands souvenirs enfanteraiieiit alcM
les grandes actions y et les Aoms de
Marlngo et de HefaenHndem prodol'
raient uae source de triomplres Mdf
FIN.
T AELE
DE S MATIÈRES.
Préface. . . . .
NOiPIGE SUH MOREMlU.
CHAP.ier.
CHAP. H;
CHA£:U!.
. . V
• •' Xlij
Mareau , nommé général
de l'armée' ik Rhin^et^
Moselle. •>— Passage du
Rhin , effectué à force
ouverte *par cette ar^^
mée. . • • • E
Affaires qui sui\;irent le
' passage du • Rhin. •— ^
Bataille de Renchen. — •
Bataille de Rastûdt. — •
Bataille d'EtUngen» 9
Marche de l'armée jus^'
qu'au Necker, — Entrée
des français à Stutt-*
gard,- — Combat d'Et'^
^Mngen et de Constatt» 24
£46
CIIAP.
IV.
CHAP.
CHAP.
V.
VI.
CHAP. VU,
CHAP. vm.
CHAP. IX,
CJKAP.
TABLE.
Opérations et marches de
P armée française ensuù
ifant l'ennemi à travers
les montagnes d*Alb. — *
Bataille de Neresheimi
• ...-.. 3i
Combat de Kamlach. Zj
Passage du Danube par
l'armée. ... 41
Marche de Vannée en Ba-
vièren — Combat de
Çeisenfeld. . . 5o
Cppimencement de laglch-
rieuse retraite de l'ar^
mée de Rhin-çt-Moselle,
iT- Combat de Neur^
bourg. ... '57
Sortie des garnisons de
lUanheim et de Philis-^
bourg. — Attaque de
Kell de vivejbrce par
l'ennemi. , , . 65
X et XL «$u^e de la' retraite de l'or»
jnée de RhUiret^ltoselle.
GHAP.XII.
GHAP.XIII.
CHAP.XIV.
CHAP.XV.
CHAP.XVI.
CHÂP.XVII.
t d B i ë1 • t4y
— Bataille de Bibe*
rach yS
Affaire de RotfTiel et de
Villingen.'^Passage du
val d'Enfer. . . 86
Retraite de l'armée sur
Huningue» • • g5
Bataille défensive de Sch**
lingen, ... 97
Siège du fort de KelL — •
Ouverture de la traw-
chée. — Sortie consU»
dérable. — - Evacuation
de Kell par Us fran^
çais. • • • • 100
Siège de la tête du pont de
Huningue par Parmée
autrichienne, — AssauÈ
donné à ce fort, — Ou^ '
verture de la tranchée»
»« Evacuation de la tête
du pont par capitula^
tien 114
Campagne de l'an V. — •
CHAR XVIII.
«48 t ji B t E.
Nouveaux préparatifs
pour psser le Rhin. —
— Ouverture de la cam'
pqgne , et second pas-
sage de ce Jleuve h
Dier;she.im,,. le premier
floréal. . ; . 119
Moreau mandé à Paris
après le i ^fructidor. — *
Son arrivé^. — U est
perdu pour son ar»
.• ni^e i35
Moreau envoyé à V armée
d'Italie comme général
divisionnaire sous Sché
rer. — Services rendus
à cette armée par ce gé
néraL . . . i^g
CliAP. XX. More^iu quitter armée d'I-
talie. — Son arrivée a
Puvis, — Journée des
l%etig brumaire. 167
CîilAP* JCXI« Mçreau nommé général en
ch^de V armée, du Rhin>
CHAP.XIX.
CHAP. xxn.
CHAP. XXIII,
GHAP.XXIV.
CHAP, XXV-
CHAP.XXVL
CHAP. XXVII.
CHAP. XXVIIL
' À M t Eéi 24gf
•— Préparatifs pour le
passage de ce fleuve à
Reichlingen. , i6a
Bataille d'Engen. . 171
Bataille de Mœsldrch* »— »
Combat de Biberach.
• • • . • • 175
Prise de la Flottille de
Williams sur le lac de
Constance, — Occupa-
tion par nos troupes de
ff^angen , Lindau et
Bregentz. . • i83
-Comfipfs d'Erbach ^t de
Delmesingen, . 187
Entrée des français à
Augsbourg, — Bataille
à 'la rive gauche de l'I*
ser, — Passage du Lech»
....... 191
Passage du Danube, —
Bûtaifle d'Hoschtett.
19^
Affaire de Nordlingen. —7
a5o
CHAP.XXIX.
ghXp.xxx.
CHAP. XXXI.
CHAP. XXXII.
r À B l En .
CombatdeNeubourg. -*
Entrée des trowpesjran^
çaises à Munich, 201
Passage du Rhin vis-àv-îs
Lucisteig. — Entrée de
nos troupes à Feldkirch.
Armistice» . • 210
Dénonciation de la reprise
des hostilités, — Pro'
clamation du général
Moreau, . . • 220
Bataille de Hohenlinden.
..•.•• 224
Passage de finn par Par-»
mée du Rhin, — Entrée
de nos troupes Jl Sàlz^
bourg. -^ Nouvel armis^
tice, — * Conclusion de la
paix 22^
VIIY DK LA TABL£«